Les héros discrets de la crise de la Covid
Pendant plusieurs semaines, les Français ont applaudi à 20 heures les acteurs de santé. Alors que le système hospitalier paraissait à bout de souffle, voilà qu’avec la crise de la Covid il mobilise des ressources insoupçonnées, y compris de lui-même, et retrouve à son rôle un sens que les règles bureaucratiques et la pression budgétaire avaient minées. On a aussi loué les caissières, les chauffeurs et certains services publics, agents invisibles avant la crise et sans l’engagement desquels le pays se serait effondré.
Ils n’ont toutefois pas été les seuls à mobiliser des trésors d’imagination et de dévouement pour faire face à la crise et répondre aux attentes dont ils se sentaient l’objet. Il a bien fallu continuer à produire des médicaments, à certifier dans l’urgence les masques produits par des entreprises toujours plus nombreuses, à approvisionner des masques proposés en Chine par des fabricants plus ou moins fiables, à organiser les entreprises avec le télétravail. Il a bien sûr fallu réorganiser les services hospitaliers. Les maires ont, de leur côté, été dans des positions délicates quand ils ont voulu défendre des singularités locales dans un pays où l’on a la manie de tout uniformiser au nom de l’égalité. Ce dossier recueille ainsi des témoignages de héros discrets de la guerre de la Covid.
“Il importerait de développer
chez les décideurs
une vraie culture de l’incertitude.”
On parle aussi beaucoup du monde d’après la Covid. On répète en particulier à l’envi qu’il faudra remédier aux dépendances industrielles qui ont menacé notre souveraineté. Si cette idée fait facilement consensus, on verra que les voies pour y parvenir restent incertaines. Enfin les autorités ont un rôle difficile à jouer dans des crises génératrices d’autant d’incertitudes. Elles doivent énoncer de façon assurée des mesures pour faire face, alors qu’on est loin de tout savoir – ce qui n’empêche pas certains de dire qu’ils avaient annoncé la crise depuis longtemps et d’autres qu’ils savent ce qu’il faut faire.
Avec notre obsession de tout prévoir, et la conviction qu’avec les moyens modernes nous y parvenons de mieux en mieux, nous sommes de plus en plus dépourvus devant l’incertitude. Comme celle-ci survient de plus en plus souvent, il importerait de développer chez les décideurs une vraie culture de l’incertitude. Beau programme pour l’École polytechnique.