Les négociations du Viêtnam pour l’adhésion à l’OMC : opportunités et défis
Depuis quinze ans, la mise en application de la politique de renouvellement a aidé le Viêtnam à atteindre un grand nombre de réalisations importantes. Entre 1991 et 2000, le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par deux (le revenu par habitant est passé de 200 dollars en 1991 à 400 dollars en 2000). La part de la population sous le seuil de pauvreté a réduit de moitié pendant la période allant de 1990 à 2000 (selon les normes des Nations unies pour la pauvreté, il a été abaissé à 28 % en 2001, contre 58 % en 1990). Le niveau de vie du peuple a été clairement amélioré, ainsi que la stabilité politico-économique et les relations internationales. Depuis 2000, le taux de croissance économique du pays reste à plus de 7 % ; en particulier ceux de l’industrie, du service et de l’agriculture sont de l’ordre de 13–14 %, 6–7 % et 4−4,5 % respectivement. La valeur totale des exportations et des importations a constamment augmenté et a atteint 57,5 milliards de dollars en 2004, ce qui représente une croissance de 26,7 % par rapport à l’année précédente. Le volume des exportations a atteint 26 milliards de dollars et celui des importations 31,82 milliards, augmentant de 28,9 % et de 25 % respectivement. Cependant, le Viêtnam est toujours un pays en développement qui fait face à beaucoup de difficultés.
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En entrant dans une nouvelle étape du développement, ayant pour objectif d’aider le pays à sortir de son état de pays en développement, d’améliorer la vie des Vietnamiens et de créer une base stable pour devenir un pays industrialisé d’ici 2020, le gouvernement vietnamien se rend compte qu’il faut avant tout utiliser au plus haut degré toutes les ressources locales. Simultanément, le pays devrait tirer le meilleur parti des ressources extérieures par le processus d’intégration internationale, y compris par les négociations pour l’adhésion à l’OMC. Réalisant l’importance de l’intégration internationale, le Politburo du Viêtnam a promulgué la Résolution 07, datée du 27 novembre 2001, sur l’intégration active dans l’économie internationale.
Pour l’instant, le Viêtnam entretient des relations commerciales avec plus de 165 pays dans le monde et a signé des accords commerciaux bilatéraux avec environ 80 pays. Le pays est devenu membre de l’ASEAN en 1995, de l’ASEM en 1996 et de l’APEC en 1998, et au début de l’année 1995 le gouvernement vietnamien a fait une demande pour adhérer à l’OMC. Jusqu’ici, le Viêtnam s’est préparé activement en organisant des discussions avec d’autres pays dans de nombreux domaines et en mettant en œuvre des réformes nationales pour faciliter le processus d’adhésion à l’OMC.
En ce qui concerne le processus de négociation, le Viêtnam a connu certains succès : neuf négociations multilatérales ont été réussies, ainsi que des négociations bilatérales avec des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, Cuba, l’Union européenne et Singapour. À présent, le Viêtnam tient des discussions bilatérales avec environ vingt autres pays, et certaines d’entre elles atteignent la phase finale. Le Viêtnam se prépare également pour la dixième négociation multilatérale afin de construire des documents de base pour l’adhésion du pays à l’OMC.
Concernant les réformes nationales, il a été promulgué et mis en œuvre certaines politiques visant à la transition vers l’économie de marché, par exemple des améliorations dans le secteur des affaires et de l’environnement législatif de façon ouverte. Le Viêtnam a fait des efforts pour encourager tous les secteurs à participer au développement économique, pour attirer les investisseurs étrangers, pour faire des réformes dans les procédures administratives et pour renforcer la compétitivité des produits et des services nationaux.
Au cours du processus d’adhésion à l’OMC, le Viêtnam rencontre beaucoup d’opportunités et autant de défis, qui peuvent avoir des impacts à court et long terme.
Opportunités
Hô Chi Minh-Ville. PHOTO DAVID GOURAND
Selon l’objectif de la stratégie de développement économique du pays, le PIB sera doublé d’ici 2010, atteignant 800 USD par habitant en 2010 contre 400 USD en 2000, et le Viêtnam deviendra un pays industrialisé d’ici 2020. Pour parvenir à cet objectif, le Viêtnam doit fortement augmenter ses exportations vers le marché mondial. En entrant dans l’OMC, la plus grande organisation commerciale avec 148 membres, représentant respectivement 92 %, 90 % et 85 % de la population mondiale, des échanges de services et des échanges de marchandises, le Viêtnam bénéficierait du statut de MFN (Most Favoured Nation) qui fournit des conditions favorables pour pénétrer dans ce marché.
L’OMC est la seule organisation globale qui établit des règles et des lois pour régir les relations commerciales entre les pays (www.wto.org : » L’organisation de commerce mondial (OMC) est la seule organisation internationale globale traitant les règles du commerce entre les nations »). L’OMC est également un forum pour les négociations commerciales et le règlement des conflits entre ses membres. En participant à cette organisation, le Viêtnam aurait plus de possibilités d’exercer ses droits légitimes contre des activités commerciales injustes.
L’adhésion à l’OMC signifie également l’amélioration de l’environnement législatif selon les principes de la transparence, sous le contrôle des règlements internationaux. Pousser les établissements économiques vers l’économie de marché et garantir un environnement économique favorable et égal pour tous les secteurs économiques consoliderait la confiance des investisseurs domestiques et étrangers, ce qui peut mener à de nombreux investissements au Viêtnam. C’est un facteur important pour que le pays favorise fortement son processus de transition économique et pour attirer des investissements. Malgré le fait que les entreprises vietnamiennes seraient en forte concurrence avec les sociétés étrangères, c’est également un facteur qui forcerait les entreprises nationales à se développer dans le cadre de la compétition internationale, ce qui leur permettrait de tirer des leçons de management à partir de leurs expériences et de faire des bénéfices grâce au commerce.
Parallèlement au développement formidable des technologies scientifiques, la mondialisation et le libéralisme s’étendent rapidement et profondément. Certains pays resteraient en arrière s’ils se repliaient sur eux-mêmes et s’isolaient de cette tendance. Le Viêtnam est récemment passé d’une économie planifiée centralement à une économie de marché avec un faible niveau de développement. Par conséquent, participer à l’intégration internationale en vue d’améliorer la capacité d’exportation, d’accroître les capitaux d’investissement étrangers et d’accéder à la technologie scientifique internationale avancée sont des facteurs permettant de réduire les risques de rester en arrière et également d’augmenter la capacité de sélection pour la production et la consommation d’entrée.
Défis
Malgré les grandes possibilités de développement apportées par l’intégration internationale, il n’est en fait pas facile pour le Viêtnam de transformer ces opportunités en atouts de développement économique, car c’est encore un pays pauvre avec beaucoup de limites dans son niveau et sa capacité de développement.
Il faut se rendre compte que le processus d’adhésion à l’OMC provoquera des défis exceptionnels. Premièrement, quant au commerce, les pressions de la concurrence deviendront plus fortes lorsque le niveau de protection pour la production nationale sera graduellement éliminé, au cours de la mise en application de l’intégration internationale, alors que la compétitivité des produits, des services et des entreprises du Viêtnam est encore limitée. Cette situation exige des entreprises vietnamiennes qu’elles ajustent ou réorganisent leur production pour renforcer la compétitivité.
Beaucoup de règles concernant les échanges de services, les droits de propriété intellectuelle et le mécanisme de règlement des conflits sont nouvelles pour le Viêtnam. La mise en place des engagements dans ces domaines nécessitera un certain temps afin d’améliorer la connaissance des fonctionnaires vis-à-vis de ces règles. En même temps, le Viêtnam doit mettre en place et compléter son système législatif pour qu’il réponde aux exigences de la réforme administrative et de l’entrée dans l’OMC.
À cause d’une économie faible avec une majorité de population pauvre vivant dans les zones rurales, particulièrement dans les zones montagneuses et au sein des minorités ethniques, le procédé d’intégration aura un impact négatif sur ces groupes vulnérables. Si aucune politique appropriée n’est appliquée pour supporter le développement économique dans ces régions, les impacts sociaux seront très sérieux.
Afin d’atteindre ses objectifs dans le processus d’adhésion à l’OMC, le Viêtnam doit simultanément aborder les questions suivantes : rénover les entreprises publiques, ou plus précisément se concentrer sur l’amélioration des entreprises publiques, gérer le budget des dépenses publiques de façon efficace, améliorer l’efficacité opérationnelle du système bancaire et accorder la priorité aux marchés financiers et au marché du travail. Ces problématiques doivent être incluses dans les programmes principaux pour accélérer le processus de réforme, afin d’aider tous les établissements économiques du marché à fonctionner correctement, de façon synchrone et moderne. C’est une étape importante pour changer le mécanisme et donner l’orientation pour l’allocation des ressources, particulièrement les capitaux d’investissement d’État, afin d’utiliser entièrement les avantages concurrentiels du Viêtnam.
En ce qui concerne les entreprises, elles devraient, plus que jamais, établir et renforcer leur compétitivité pour répondre aux exigences de la concurrence dans l’intégration internationale. Le temps disponible pour aborder ces questions s’est graduellement raccourci. La diffusion de l’information sur l’intégration internationale est nécessaire pour aider les gens à prévoir leur propre période de préparation à ce processus.
Récemment, le Viêtnam a accompli beaucoup de résultats exceptionnels en matière de développement social et économique. Nous croyons vraiment que, grâce à la diligence et l’esprit créateur du peuple et à une gestion efficace de la part du gouvernement, le Viêtnam surmontera les difficultés et les défis pour s’engager avec succès sur le chemin de la modernisation et de l’industrialisation, apportant la prospérité et le bonheur à son peuple.