Les pôles de compétitivité : Rôle du groupe de travail X‑Clusters
En rappelant les fondements de la compétence de la communauté polytechnicienne et en soulignant sa responsabilité dans le développement des pôles de compétitivité, l’auteur précise le triple rôle de X‑Cluster : que ses membres se connaissent, qu’ils échangent entre eux et qu’ils apportent des solutions-propositions concrètes sur les sujets souvent complexes qui se présentent.
Des centaines de polytechniciens ont été impliqués dans la genèse des « pôles de compétitivité », et des milliers de polytechniciens (cadres et dirigeants d’entreprises, entrepreneurs, chercheurs et professeurs, hauts fonctionnaires, acteurs de la « société civile », etc.) s’impliquent aujourd’hui jour et nuit dans la mise en place et le développement des 66 pôles, à commencer bien sûr par les 6 pôles mondiaux1
- en Île-de-France, le pôle SYSTEM@TIC Paris Région (www.systematic-paris-region.org), où évidemment l’École joue et jouera un rôle important ;
- dans la région PACA, le pôle Solutions communicantes sécurisées (www.pole-scs.org), où évidemment Sophia-Antipolis (1er cluster « à la française » porté à bout de bras par notre camarade Pierre Laffitte il y a trente ans) joue et jouera un rôle moteur ;
- à Grenoble, le pôle MINALOGIC (www.minalogic.org) ;
- dans le Sud-Ouest, le seul pôle birégional (Midi-Pyrénées/Aquitaine) Aerospace Valley (www.aerospace-valley.com
- à Lyon, le pôle LYONBIOPOLE (www.lyonbiopole.org) ;
- en Île-de-France, le pôle MédiTech Santé Paris Région (meditech.paris-region.com).
Le chantier des pôles de compétitivité est un chantier immense, stratégique pour remettre à niveau le « territoire France » dans la compétition internationale, non seulement au plan industriel mais aussi au plan culturel, car ces réformes de structure ne réussiront que si l’on adapte également la culture de tous :
- celle des Grandes Écoles (PME ultraréactives, qui ont largement réussi leur « révolution culturelle » depuis dix ans, notamment leur internationalisation ; reste le chantier essentiel de la recherche, industrielle et fondamentale, via notamment ParisTech) et des universités, des entreprises, de la recherche publique et privée ;
- le monde de la finance, car ils financeront les efforts collectifs et individuels : le chantier « réseau fort de Business Angels » reste un des éléments manquants essentiels pour faire croître nos PME, et où les X ont un rôle à jouer pour faire émerger une classe de BA à la culture plus industrielle ;
- l’univers des médias, qui projettera une image positive des talents et réussites, tout en mettant aussi le doigt sur les points noirs ;
- les citoyens français et les nombreux émigrants – notamment nos camarades internationaux (venus notamment d’Asie, d’Europe centrale et orientale, d’Amérique latine et d’Afrique), qui forment aujourd’hui plus de 20 % des promotions des grandes écoles d’ingénieurs. Il y a un énorme travail pour mettre ces camarades transmigrants2 à leur juste place dans l’écosystème France, notamment du côté recherche et entrepreneuriat. N’oublions pas que la Silicon Valley, depuis quinze ans, s’est bâtie sur le talent de ces migrants (issus principalement des pays dits émergents), qui forment aujourd’hui plus de 50 % des PhD en science et ingénierie des USA et cofondent plus de 60 % des entreprises high-tech de la Silicon Valley.
Les pleins effets de ces réformes ne se feront sentir que dans une génération, et les polytechniciens ont une grande responsabilité pour permettre la montée en puissance de ces pôles, comme les anciens du MIT l’ont eue dans le cluster de la Route 128, et ceux de Stanford dans la Silicon Valley. Trois valeurs fondamentales de la communauté polytechnicienne lui donnent une importance particulière :
1) l’intégrité et l’exigence de la raison, qualités qui avaient fait au XIXe siècle de « l’écosystème X » (et de tous ses spin-offs napoléoniens à travers l’Europe) le précurseur des clusters d’innovation scientifique et industrielle, dont le MIT et d’autres se sont ensuite inspirés à la fin du XIXe siècle, et qui l’ont ensuite fait énormément monter en puissance dans les années 1950 et 1960 ;
2) « l’esprit de corps », qualité (et défaut) qui a notamment permis dans les années 1960 et 1970, via les membres des corps d’État et les « grands programmes », de rattraper un lourd retard industriel face à l’Angleterre et à l’Allemagne, et de créer-consolider les géants industriels qui forment aujourd’hui l’ossature de la puissance industrielle française ;
3) la confiance et la méritocratie, qui permettent l’activation de réseaux transversaux de confiance, intergénérationnels et désormais internationaux, véhicule « marchant à l’air frais », essentiel pour faire obstacle à la bureaucratisation-verticalisation inévitable de toute structure formelle, et pour permettre une « économie du presque chaos », où l’on puisse fédérer les énergies et transformer en géants internationaux une nouvelle génération de PME.
Face à cela, quel sera le rôle du petit groupe de travail X-Clusters ? Simplement essayer de faire en sorte que tous les polytechniciens (et « amis ») impliqués dans la dynamique des clusters, et que ceux ayant le projet de s’y impliquer :
- se connaissent – vous pouvez vous inscrire d’ores et déjà sur la liste clusters@x‑sursaut.polytechnique.org via http://www.polytechnique.net/X‑Sursaut/lists ;
- échangent entre eux – vous pouvez via le site d’X-Sursaut http://x‑sursaut.polytechnique.org accéder à la page « clusters-pôles de compétitivité », et y éditer du texte et exporter des documents. Des volontaires sont les bienvenus pour s’occuper (analyse et action) d’une problématique donnée et organiser, à Paris ou en région ou à l’international, des réunions de travail ;
- apportent des solutions-propositions concrètes sur certains sujets – le chantier « pôles de compétitivité » est encore plein de « problèmes à résoudre » (au niveau micro ou macroéconomique ; technique-organisationnel-financier), les X aiment résoudre des problèmes complexes, et il y en a à foison.
Sur ce dernier point, compte tenu du fait que nous sommes tous très occupés et très pris, une vraie plateforme de travail collaboratif en ligne (Xwiki.com, développée par un X 90) est nécessaire, est en cours d’adaptation, devrait être prête sous trois mois, et est déjà utilisée pour répondre à un cas concret : comment raccrocher une jeune start-up (Gostai.com, qui a un middleware robotique révolutionnaire, qui est entre autres le cerveau logiciel du robot Aibo de Sony made-by-X94) au pôle SYSTEM@TIC et au Japon, et lui trouver des financements adéquats sous six mois.
Toutes les énergies sont les bienvenues pour rejoindre le groupe X-Clusters, la seule chose qui soit bannie du groupe est la langue de bois.
Le « squelette » des clusters « à la française » est en cours de mise en place, nous espérons y apporter à un très modeste niveau :
- un peu de « muscle » polytechnicien, via une classe très diversifiée de polytechniciens, de toutes générations, développant aujourd’hui les clusters dans chaque région,
- un peu de « sang » polytechnicien, venu de France mais aussi de l’international, où de nombreux camarades (notamment parmi les jeunes promotions) sont immergés dans d’autres clusters, et espèrent jouer un rôle pour tisser des liens de codéveloppement avec les clusters français, car la croissance de ces clusters devra se faire souvent via le développement dans de grands marchés porteurs, en Europe mais aussi aux États-Unis et en Asie, car un vrai corps polytechnicien, plein de vie, est composé de ces trois éléments (et assumant que le cerveau est opérationnel).
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1. De nombreuses informations sont disponibles sur le portail gouvernemental de promotion des pôles : http://www.competitivite.gouv.fr
2. Désignant par ce terme de « transmigrant » nos camarades français ayant migré dans d’autres pays et souhaitant revenir, ainsi que nos camarades internationaux venus étudier, travailler et s’intégrer à notre pays.