Les ports de Paris
Le Port autonome de Paris, créé en 1970, a pour zone d’action la région Île-de-France et anime à ce titre 70 ports publics – dont une dizaine de plates-formes multimodales : principalement les ports de Gennevilliers, de Bonneuil et de Limay – et quelque 60 ports urbains.
Puisque sa mission consiste à développer le trafic fluvial de marchandises et de passagers, il assure non seulement l’exploitation commerciale et l’entretien des ports et de 200 installations portuaires industrielles et privées mais favorise aussi, sur ses 1 000 hectares de patrimoine foncier sur berges, l’implantation d’entreprises, d’entrepôts et de centres logistiques.
Outre nos missions d’amélioration de l’attractivité portuaire, souligne Yves Morin, directeur des affaires stratégiques et financières du Port autonome de Paris nous devons concilier aménagement portuaire et environnement ; nos actions visent notamment à valoriser ou requalifier les espaces portuaires, en concertation avec les collectivités territoriales ce qui n’est pas chose aisée au sein d’une agglomération où la pression foncière est forte.
Temps forts de 2003–2004
Si l’activité transport de conteneurs – en constante évolution, avec une marge de progression importante (actuellement 2 % du trafic marchandises) – a été particulièrement florissante (+ 38 %), l’exercice s’est soldé au total par une baisse de trafic de 2,8 %, le chiffre d’affaires ayant tout de même progressé de 1,4 %. Ce résultat a permis d’accroître de 6 % l’investissement du Port autonome de Paris qui se monte à 160 millions d’euros pour la période 2003–2007.
En revanche, sur les six premiers mois de 2004, note Yves Morin, le trafic fluvial enregistre une croissance de 4,2 %, due surtout aux matériaux de construction (+ 5,3 %) et au boom des conteneurs (+ 29,3 %), caractérisée par l’arrivée de clients de la grande distribution. Les activités de promenade, croisières, etc., ont à nouveau progressé (+ 5 %), grâce à un effort soutenu d’équipement de la part du Port autonome de Paris et de l’appui des collectivités régionales et locales, de plus en plus sensibles à l’apport économique de ces activités et à leur contribution à l’animation des espaces au bord de l’eau.
Diversification des trafics
En 2003, le trafic maritime, minoritaire, a progressé de 6,9 % pour atteindre 0,453 million de tonnes (Mt). Il s’agit de transports effectués directement par cabotage maritime entre les sites du Port autonome de Paris vers (ou en provenance) de ports anglais, espagnols ou portugais, ce qui constitue un mode d’acheminement particulièrement économique. Pour le transport fluvial, le trafic du Port autonome de Paris concerne à 57 % des matériaux de construction, suivi par les trafics liés à l’environnement, les déblais et déchets (18 %), puis les produits agricoles (8 %) et les combustibles et minéraux solides pour 6,9 %, les autres trafics se répartissant entre les machines et véhicules (2,9 %), les produits métallurgiques, les produits pétroliers, les denrées alimentaires (en progression de près de 24 %).
C’est le trafic de minerais et déchets qui s’accroît le plus (91 % avec 0,165 Mt !) et qui se transfère de plus en plus sur le mode fluvial. Pour la première fois en 2003, la SNCF a en outre choisi d’utiliser la logistique fluviale pour approvisionner en ciment le chantier de la ligne C du RER, Castor.
Massification du transport de conteneurs
Associé à la Compagne fluviale de transport et les Terminaux de Normandie, le Port autonome de Paris, à travers sa filiale Paris-Terminal SA, est présent dans le GIE Logiseine qui vise à intensifier le service fluvial par barges pour le transport de conteneurs entre Le Havre, Rouen et les ports de Paris.
Yves Morin :
Une prestation logistique complète est proposée aux chargeurs qui séduit de plus en plus la grande distribution qui commence à privilégier la voie d’eau pour des raisons de pertinence, certes écologique mais aussi et surtout économique.
Il s’agit d’un marché potentiel estimé à 230 000 EVP1 à l’horizon 2008, lié aux produits de grand import qui transitent par Le Havre : AuchanDirect ouvre son centre logistique à Gennevilliers, tandis que Monoprix, Carrefour, Toys’R’Us, Pier Import se voient de plus en plus sur la Seine.
Les seuls conteneurs de Carrefour, arrivant par le fleuve par exemple (30 % de son flux textile amont), enlèvent ainsi 2 500 camions des routes, grâce aux nouvelles escales et navettes créées sur les lignes régulières reliant, quatre fois par semaine, les ports de Bonneuil-sur-Marne et de Gennevilliers au Havre. Résultat, une augmentation du trafic total de conteneurs du Port de Paris : la manutention de conteneurs a porté en 2003 sur 151 599 EVP (contre 115 287 en 2002).
Rappelons à ce sujet qu’un seul convoi poussé de 5 000 tonnes permet de supprimer 250 camions de 20 tonnes sur la route.
Le contrat de progrès, signé en novembre 2003 entre VNF et les ports autonomes du Havre, de Rouen et de Paris, conclut Yves Morin, a pour objectif de développer de manière durable le transport fluvial sur le bassin de la Seine comme alternative au tout routier, notamment dans la perspective des nouvelles possibilités offertes par Port 2000 au Havre qui permettra d’accroître encore le trafic de conteneurs et d’inciter à l’implantation de nouveaux terminaux à conteneurs en Île-de-France.
1. EVP : équivalent vingt pieds, mesure utilisée pour le trafic de conteneurs d’origine anglaise, Twenty foot equivalent uni (TEU).
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