Les ports de Paris

Dossier : Les portsMagazine N°601 Janvier 2005

Le Port auto­nome de Paris, créé en 1970, a pour zone d’ac­tion la région Île-de-France et anime à ce titre 70 ports publics – dont une dizaine de plates-formes mul­ti­mo­dales : prin­ci­pa­le­ment les ports de Gen­ne­vil­liers, de Bon­neuil et de Limay – et quelque 60 ports urbains.
Puisque sa mis­sion consiste à déve­lop­per le tra­fic flu­vial de mar­chan­dises et de pas­sa­gers, il assure non seule­ment l’ex­ploi­ta­tion com­mer­ciale et l’en­tre­tien des ports et de 200 ins­tal­la­tions por­tuaires indus­trielles et pri­vées mais favo­rise aus­si, sur ses 1 000 hec­tares de patri­moine fon­cier sur berges, l’im­plan­ta­tion d’en­tre­prises, d’en­tre­pôts et de centres logistiques.

Outre nos mis­sions d’a­mé­lio­ra­tion de l’at­trac­ti­vi­té por­tuaire, sou­ligne Yves Morin, direc­teur des affaires stra­té­giques et finan­cières du Port auto­nome de Paris nous devons conci­lier amé­na­ge­ment por­tuaire et envi­ron­ne­ment ; nos actions visent notam­ment à valo­ri­ser ou requa­li­fier les espaces por­tuaires, en concer­ta­tion avec les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales ce qui n’est pas chose aisée au sein d’une agglo­mé­ra­tion où la pres­sion fon­cière est forte.

Temps forts de 2003–2004

Si l’ac­ti­vi­té trans­port de conte­neurs – en constante évo­lu­tion, avec une marge de pro­gres­sion impor­tante (actuel­le­ment 2 % du tra­fic mar­chan­dises) – a été par­ti­cu­liè­re­ment flo­ris­sante (+ 38 %), l’exer­cice s’est sol­dé au total par une baisse de tra­fic de 2,8 %, le chiffre d’af­faires ayant tout de même pro­gres­sé de 1,4 %. Ce résul­tat a per­mis d’ac­croître de 6 % l’in­ves­tis­se­ment du Port auto­nome de Paris qui se monte à 160 mil­lions d’eu­ros pour la période 2003–2007.

En revanche, sur les six pre­miers mois de 2004, note Yves Morin, le tra­fic flu­vial enre­gistre une crois­sance de 4,2 %, due sur­tout aux maté­riaux de construc­tion (+ 5,3 %) et au boom des conte­neurs (+ 29,3 %), carac­té­ri­sée par l’ar­ri­vée de clients de la grande dis­tri­bu­tion. Les acti­vi­tés de pro­me­nade, croi­sières, etc., ont à nou­veau pro­gres­sé (+ 5 %), grâce à un effort sou­te­nu d’é­qui­pe­ment de la part du Port auto­nome de Paris et de l’ap­pui des col­lec­ti­vi­tés régio­nales et locales, de plus en plus sen­sibles à l’ap­port éco­no­mique de ces acti­vi­tés et à leur contri­bu­tion à l’a­ni­ma­tion des espaces au bord de l’eau.

Diversification des trafics

Porte-conteneurs sur la Seine
Porte-conte­neurs. © VNF/P. CHEUVA

En 2003, le tra­fic mari­time, mino­ri­taire, a pro­gres­sé de 6,9 % pour atteindre 0,453 mil­lion de tonnes (Mt). Il s’a­git de trans­ports effec­tués direc­te­ment par cabo­tage mari­time entre les sites du Port auto­nome de Paris vers (ou en pro­ve­nance) de ports anglais, espa­gnols ou por­tu­gais, ce qui consti­tue un mode d’a­che­mi­ne­ment par­ti­cu­liè­re­ment éco­no­mique. Pour le trans­port flu­vial, le tra­fic du Port auto­nome de Paris concerne à 57 % des maté­riaux de construc­tion, sui­vi par les tra­fics liés à l’en­vi­ron­ne­ment, les déblais et déchets (18 %), puis les pro­duits agri­coles (8 %) et les com­bus­tibles et miné­raux solides pour 6,9 %, les autres tra­fics se répar­tis­sant entre les machines et véhi­cules (2,9 %), les pro­duits métal­lur­giques, les pro­duits pétro­liers, les den­rées ali­men­taires (en pro­gres­sion de près de 24 %).

C’est le tra­fic de mine­rais et déchets qui s’ac­croît le plus (91 % avec 0,165 Mt !) et qui se trans­fère de plus en plus sur le mode flu­vial. Pour la pre­mière fois en 2003, la SNCF a en outre choi­si d’u­ti­li­ser la logis­tique flu­viale pour appro­vi­sion­ner en ciment le chan­tier de la ligne C du RER, Castor.

Massification du transport de conteneurs

Asso­cié à la Com­pagne flu­viale de trans­port et les Ter­mi­naux de Nor­man­die, le Port auto­nome de Paris, à tra­vers sa filiale Paris-Ter­mi­nal SA, est pré­sent dans le GIE Logi­seine qui vise à inten­si­fier le ser­vice flu­vial par barges pour le trans­port de conte­neurs entre Le Havre, Rouen et les ports de Paris.

Yves Morin :

Une pres­ta­tion logis­tique com­plète est pro­po­sée aux char­geurs qui séduit de plus en plus la grande dis­tri­bu­tion qui com­mence à pri­vi­lé­gier la voie d’eau pour des rai­sons de per­ti­nence, certes éco­lo­gique mais aus­si et sur­tout économique.

Il s’a­git d’un mar­ché poten­tiel esti­mé à 230 000 EVP1 à l’ho­ri­zon 2008, lié aux pro­duits de grand import qui tran­sitent par Le Havre : Auchan­Di­rect ouvre son centre logis­tique à Gen­ne­vil­liers, tan­dis que Mono­prix, Car­re­four, Toys’R’Us, Pier Import se voient de plus en plus sur la Seine.

Les seuls conte­neurs de Car­re­four, arri­vant par le fleuve par exemple (30 % de son flux tex­tile amont), enlèvent ain­si 2 500 camions des routes, grâce aux nou­velles escales et navettes créées sur les lignes régu­lières reliant, quatre fois par semaine, les ports de Bon­neuil-sur-Marne et de Gen­ne­vil­liers au Havre. Résul­tat, une aug­men­ta­tion du tra­fic total de conte­neurs du Port de Paris : la manu­ten­tion de conte­neurs a por­té en 2003 sur 151 599 EVP (contre 115 287 en 2002).

Rap­pe­lons à ce sujet qu’un seul convoi pous­sé de 5 000 tonnes per­met de sup­pri­mer 250 camions de 20 tonnes sur la route.

Le contrat de pro­grès, signé en novembre 2003 entre VNF et les ports auto­nomes du Havre, de Rouen et de Paris, conclut Yves Morin, a pour objec­tif de déve­lop­per de manière durable le trans­port flu­vial sur le bas­sin de la Seine comme alter­na­tive au tout rou­tier, notam­ment dans la pers­pec­tive des nou­velles pos­si­bi­li­tés offertes par Port 2000 au Havre qui per­met­tra d’ac­croître encore le tra­fic de conte­neurs et d’in­ci­ter à l’im­plan­ta­tion de nou­veaux ter­mi­naux à conte­neurs en Île-de-France.

1. EVP : équi­valent vingt pieds, mesure uti­li­sée pour le tra­fic de conte­neurs d’o­ri­gine anglaise, Twen­ty foot equi­va­lent uni (TEU).

Port de Gennevilliers
© PORT AUTONOME DE PARIS

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