Les Smart City aux service de la transition énergétique
André Santini, ancien ministre, maire d’Issy-les-Moulineaux et vice-président de la Métropole du Grand Paris, revient sur l’importance des Smart City et de l’accélération de la Transition Énergétique. Entretien.
Comment la ville d’Issy-Les-Moulineaux appréhende le sujet des Smart City et de la transition énergétique ?
La ville d’Issy-les-Moulineaux est une ville pionnière dans le domaine du numérique. Nous avons démarré ce qu’on appelle aujourd’hui notre transition numérique il y a vingt-cinq ans.
Les effets de cette stratégie, que j’ai souhaité orienter en priorité vers les usages, sont aujourd’hui visibles : notre attractivité est confirmée par l’augmentation de 35 % de la population (à effectif constant, grâce à l’amélioration de la productivité de nos services municipaux) et l’accueil d’entreprises internationales, souvent leaders dans leur domaine (de Microsoft à Orange, en passant par Capgemini, Cisco, Canal+, Yves Rocher, Coca-Cola, Marie Claire, France 24 et RFI, Arte, etc.).
Aujourd’hui nous comptons plus d’emplois que d’habitants, ce qui nous permet d’afficher un des taux d’impôts locaux les plus faibles de France et un endettement quasi nul.
Concrètement, quels sont les projets qui vous mobilisent en ce sens ?
À partir des années 2010, nous avons expérimenté les technologies numériques dans le domaine de l’énergie, avec Issy Grid, le premier réseau intelligent d’électricité à l’échelle d’un quartier, et des déplacements, avec So Mobility. Ces deux projets de la Smart City ont pour caractéristique d’avoir associé des acteurs publics et privés, mais aussi des grandes écoles, les différents niveaux de collectivités territoriales, mais aussi la population, invitée à tester de nouveaux services.
La Smart City ne doit pas être enfermée dans une logique d’infrastructures, trop technique et trop éloignée des préoccupations de la population. En revanche, la mettre au service de l’adaptation de nos villes au changement climatique lui donne tout son sens. C’est dans cette direction que nous nous concentrons désormais.
Je me suis engagé à accélérer nos efforts pour répondre aux enjeux de l’Accord de Paris sur le climat de décembre 2015 et du « Green Deal » adopté par la Commission européenne. Je suis en effet convaincu que les villes ont un rôle essentiel à jouer car elles sont en première ligne pour mobiliser les acteurs locaux (habitants, entreprises, associations) et sont plus rapides que les États.
Alors que la France s’est fixée l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050, comment contribuez-vous sur votre territoire à cette forte ambition ?
Pour nous accompagner dans ces efforts, nous avons adopté un Budget Climat, inspiré de la ville d’Oslo, en Norvège. On ne calcule pas en euros mais en tonnes de CO2 et nous fixons, chaque année lors d’un débat d’orientation climatique, des objectifs à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. C’est une démarche qui se veut pragmatique, innovante et collaborative, car elle doit impliquer tout le monde.
Quels sont, dans cette démarche, les enjeux qui persistent ?
Pour mesurer nos progrès, nous devons nous baser sur la data. Et c’est là que nous retrouvons l’importance des outils de la Smart City. L’enjeu n’est pas mince, car il nous faut identifier les données les plus pertinentes, les collecter, les analyser et les restituer à la population sous la forme d’un tableau de bord compréhensible pour tous. La multiplicité des acteurs publics comme privés et la qualité assez médiocre des données existantes aujourd’hui, constituent des obstacles importants.
Nous apprenons donc en marchant, mais je reste convaincu qu’une méthode pragmatique, qui s’appuie sur des expérimentations, est la seule qui puisse nous permettre de réellement avancer.