Les start-up d’aujourd’hui, industries de demain ?
Après des décennies de désindustrialisation, les acteurs économiques français, publics et privés, ont pris conscience de la nécessité de retrouver une dynamique industrielle positive. Cette dynamique passe par le soutien aux start-up industrielles, nouveaux acteurs émergents développant des innovations et futures PME compétitives ancrées dans les territoires. Bpifrance joue un rôle très actif dans cette renaissance industrielle, en soutenant fortement l’innovation avec le plan Startups et PME industrielles, dont l’objectif est de créer 100 nouveaux sites industriels issus d’acteurs émergents chaque année, à terme.
L’avenir industriel de la France se dessine-t-il à travers le prisme des start-up industrielles innovantes ? Après des décennies de désindustrialisation et grâce au soutien des acteurs publics et privés, ces jeunes entreprises, souvent audacieuses et agiles, pourraient-elles être une chance de réindustrialisation ? Enjeu de souveraineté, d’emplois et de compétitivité, la place des start-up dans la réindustrialisation est au cœur des réflexions. Plongeons dans ce sujet fascinant et explorons les contours de cette révolution entrepreneuriale dans l’industrie.
Une dynamique d’innovation portée par les start-up
Le paradigme de l’innovation a profondément changé avec l’arrivée du numérique et l’émergence d’un nouveau modèle de financement de l’innovation par le capital-risque. Historiquement l’apanage des grands groupes, qui dans des structures verticales faisaient émerger des innovations sur le temps long, l’innovation peut aujourd’hui émerger au sein de structures beaucoup plus agiles et flexibles qui trouvent le chemin idoine pour l’amener jusqu’au marché. Après une dizaine d’années profondément marquées par le développement de modèles numériques, l’innovation deeptech provenant de la recherche prend de l’ampleur depuis la seconde moitié des années 2010. Cette nouvelle vague d’innovations a de fortes répercussions industrielles car elles impliquent une production, que ce soit en propre ou en sous-traitance.
Les start-up industrielles, la French Fab de demain
Les start-up industrielles représentent un réservoir d’usines sur nos territoires ! On dénombre 2 500 start-up industrielles, fin 2023. Parmi celles qui ont levé des fonds en 2023 et qui ont défini une stratégie industrielle, 85 % décident d’industrialiser en propre et, parmi elles, plus de 95 % prévoient de le faire en France. Cela crée des emplois, renforce la compétitivité et la résilience de notre industrie, tant sur le marché national qu’à l’export. De plus, cela contribue à la décarbonation et à la limitation de l’impact environnemental, grâce à la réduction des transports des produits ainsi qu’à l’utilisation d’une électricité moins carbonée. La flexibilité, la réduction des risques et parfois même les économies de coûts font partie des avantages de cette stratégie.
Un portrait-robot
Le portrait-robot des usines inaugurées par des start-up industrielles est le suivant : les start-up âgées de six ans en moyenne inaugurent des usines de 4 000 m² et 35 emplois créés, ce qui représente un investissement de 12 M€. Lorsqu’elles envisagent un modèle fabless, 62 % comptent produire avec un partenaire présent sur le territoire français. Tout ne peut se faire en France, mais on constate une vraie volonté des entrepreneurs à développer une activité durablement sur le territoire. Ainsi, les start-up industrielles, en déployant de nouvelles unités de production ou en s’appuyant sur des partenaires industriels locaux, contribuent à créer de nouveaux acteurs. Certains seront de futurs champions, des leaders dans leur domaine. C’est par exemple l’espoir que nous avons avec Umiami, dont la réussite de la phase d’industrialisation et d’internationalisation permettra de créer un vrai leader mondial de la production d’alternatives végétales aux filets de viande et de poisson.
Une chance pour les acteurs de la French Fab
Cette vague de start-up industrielles représente par ailleurs une chance pour les PME, ETI ou grands groupes industriels établis, qui peuvent intégrer ces innovations dans leur feuille de route stratégique. En intégrant des innovations plus ou moins avancées portées par ces start-up, les entreprises matures peuvent créer des axes de différenciation et développer leur compétitivité. Par ailleurs, un certain nombre de ces start-up industrielles sont des greentech et représentent une capacité de décarbonation des entreprises matures.
Une politique volontariste qui porte ses fruits
Bpifrance mène une politique volontariste, avec le soutien de l’État pour accompagner cette dynamique. Si nous avons toujours historiquement soutenu l’innovation dans l’industrie, nous avons nettement accéléré ces cinq dernières années. En 2019, le lancement du plan Deeptech avec Bpifrance a catalysé la création et la croissance des start-up deeptech, renforçant ainsi le soutien aux start-up à vocation industrielle (environ la moitié des start-up deeptech sont orientées vers l’industrie). Depuis 2020, à travers France Relance puis France 2030, Bpifrance a intensifié son soutien à l’industrie et aux projets innovants. En 2022 Bpifrance a lancé le plan Startups et PME industrielles, avec un objectif affirmé de créer 100 nouveaux sites industriels par an à l’horizon 2030. Ce plan Startups et PME industrielles s’articule autour de plusieurs dispositifs de financement direct, en dilutif (fonds propres) et non dilutif (aides et prêts), ou indirect (en fonds de fonds), ainsi que des dispositifs d’accompagnement.
Les dispositifs déployés
Les nouveaux dispositifs déployés sont notamment :
- L’appel à projet Première Usine, qui finance sous forme de subventions et avances récupérables des projets innovants d’implantation de sites pilotes-usines sur le territoire.
- Le Prêt Nouvelle Industrie, qui accompagne en prêt sans garantie des projets innovants d’implantation de sites pilotes-usines sur le territoire.
- Le Fonds SPI (Société de projets industriels), rechargé d’1 Md€, qui investit directement en capital dans la création de nouvelles activités industrielles en France.
- Le Fonds BAI (Bpifrance amorçage industriel), doté de 50 M€, pour accompagner en capital les start-up industrielles avec un go to market relativement rapide dans leur phase d’amorçage.
- Le Fonds national de venture industriel, fonds de fonds doté de 350 M€ pour favoriser l’émergence et la structuration du marché des fonds de capital-risque à vocation industrielle.
- Le Diagnostic amorçage industriel, qui met à disposition des entreprises l’expertise d’experts industriels pour un accompagnement personnalisé sur 10 jours, visant à définir la stratégie d’industrialisation.
- L’accélérateur Néo Startups industrielles, qui propose un soutien personnalisé et collectif sur 9 à 15 mois pour aider les entreprises à faire passer leurs innovations industrielles à l’échelle, du point de vue tant de l’industrialisation que de la commercialisation.
Des résultats prometteurs
Avec les deux ans du plan Startups et PME industrielles de Bpifrance, les premiers résultats sont observés, comme le met en lumière l’Observatoire publié. On dénombre plus de 2 500 start-up industrielles à la fin 2023. Ces start-up ont levé des fonds à hauteur de 4,2 Md€, soit la moitié des levées de fonds de la French Tech ! Et elles ont inauguré 60 nouveaux sites de production, dont 38 nouvelles usines (le reste étant des sites pilotes-démonstrateurs ou des nouvelles lignes, des extensions ou des déménagements).
Pour aller plus loin :
- Startups industrielles : un relais de croissance pour l’industrie française.
- Observatoire des Startups et PME industrielles, 1re édition.
- Observatoire des Startups et PME industrielles, 2e édition, avec présentation dynamique des données.