Les travaux publics français
Avec un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 160 milliards d’euros, les entreprises françaises de construction réunies sous le vocable « BTP » comptent en leur sein les deux leaders mondiaux Vinci et Bouygues qui dépassent chacun de près d’un tiers le chiffre d’affaires du troisième leader mondial.
Employant en France 1 800 000 personnes environ, soit 10 % des actifs au travail n’appartenant pas à la fonction publique, le BTP bâtit notre cadre de vie et aménage notre environnement à la ville comme à la campagne.
Au sein de cette activité, les Travaux publics (TP) construisent les réseaux de transport et leurs terminaux pour les voyageurs, les marchandises, l’énergie et l’information. Ils se distinguent du bâtiment par l’importance de la partie de leur activité exercée hors de France (un tiers contre 3 %) et leur clientèle aux deux tiers publique.
En 2004 avec 8 000 entreprises et 260 000 salariés, les TP ont réalisé en France métropolitaine 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires hors taxes. L’activité se répartit approximativement par tiers entre entreprises de moins de 51 salariés (90 % des entreprises), entreprises de 51 à 500 salariés (9 % des entreprises, 38 % des salariés) et entreprises de plus de 500 salariés (0,8 % des entreprises, 29 % des salariés). Les ouvriers représentent les deux tiers des effectifs et ils sont de nationalité française pour 81 % d’entre eux.
La proportion des ouvriers dans l’effectif des entreprises diminue avec la taille de ces dernières : alors que pour les entreprises de moins de 51 salariés les ouvriers représentent 75 % de l’effectif, ils ne sont plus que 56 % dans les entreprises de plus de 1 000 personnes.
Il naît en France chaque jour ouvrable 2 ou 3 entreprises de TP et il en meurt presque autant mais la liquidation de biens n’affecte qu’un quart de celles qui cessent leur activité.
Le chiffre d’affaires des entreprises de TP se répartit en France :
• pour un tiers (34 %) en travaux routiers,
• pour un tiers (17,8 % + 14,3 % = 32,1 %) entre canalisation et travaux électriques,
• quant au dernier tiers, les terrassements généraux (17,4 % du total) en représentent la moitié, tandis que les ouvrages d’art et équipements industriels en constituent un quart (8,3 % au total).
Si nous étudions maintenant la clientèle on constate qu’elle appartient pour un tiers (33,2 %) au secteur privé (proportion qui augmentera avec la privatisation des sociétés d’autoroutes) et pour 44 % aux collectivités locales. L’État français lui-même représente désormais moins de 6 % de l’activité des entreprises de travaux publics.
Comparée à la croissance économique française, l’évolution du volume d’activité des entreprises de TP en France a été caractérisée par une forte crise entre 1991 et 1998, le regain d’activité des années récentes n’ayant pas permis de compenser le retard accumulé qui se traduit en 2004 par un volume d’activité encore légèrement inférieur à celui de 1990.
Au sein de l’activité TP la construction d’infrastructures de transport en France a été marquée par des successions de « stop » (qui obligent à gérer les drames sociaux liés à la nécessaire adaptation des effectifs) et de « go » (où l’outil sous-dimensionné tourne en survitesse avec un mauvais rendement).
L’effort d’investissement en infrastructures de transport est insuffisant : il tombe en douze ans de 1,2 % à 0,9 % du PIB et de ce fait va réduire la capacité future de développement économique de la France, d’autant que notre position géographique au cœur de l’Europe va entraîner un développement du trafic entre nos voisins passant sur notre territoire ou y accédant à travers notre façade maritime.
Les articles qui suivent montreront au lecteur comment l’industrie des Travaux publics est actuellement en pleine mutation avec le renouveau des matériaux dont parleront Yves Malier et Paul Acker. Michel Virlojeux (65) et Jean Chapon (48) évoqueront l’évolution des projets et la recherche appliquée en génie civil.
Les nouveaux modes de financement et la nécessaire desserte des zones urbaines pour soutenir la croissance économique sont traités par Claude Martinand (64) et Jean Poulit (57), tandis que Daniel Vincent (53) mettra en évidence le retard préoccupant des réseaux transeuropéens de transport.
Trois grands projets français d’infrastructures, le viaduc de Millau réalisé, la ligne ferroviaire à grande vitesse Perpignan Figueras en construction, et le canal à grand gabarit Seine Nord-Escaut en projet, sont décrits par Marc Legrand (74) et Nicolas Bour (73) assisté de Benoît Deleu (84), tandis que Jean Monville (63) évoque cent cinquante ans de cheminement d’une entreprise qui est passée des lignes ferroviaires aux autoroutes de l’information.
Enfin pour conclure Jean-Pierre Maillant (50) et Roland Girardot (47) indiqueront de façon précise comment en savoir plus sur le Web avec » planète TP » (le musée virtuel des Travaux publics) et en bibliothèque avec la revue Travaux.
Aux côtés des deux grands leaders mondiaux Vinci et Bouygues, faisant œuvre utile au service de leurs contemporains, les Travaux publics français, petites, moyennes et grandes entreprises, offrent des perspectives de vie passionnante aux 100 000 jeunes qu’ils devront recruter dans les dix prochaines années.
L’avenir de ces jeunes, garçons et filles, sera d’ailleurs probablement influencé par le développement des deux pôles de compétitivité concernant les TP (labellisés le 12 juillet 2005) :
• le pôle Ville et Mobilité durable en Île-de-France présidé par Michel Cote (62),
• le pôle Génie civil Ouest présidé par Bernard Théret (69).
Quoi qu’il en soit les anciens de la profession pourraient leur transmettre le message de Georges Clemenceau » Pour connaître sans attendre l’avenir la fortune de vos efforts, retroussez résolument vos manches et faites votre destinée. »