Les treize caissiers de la 2006
Toutes les grandes écoles ont leur Bureau des élèves, plus connu à l’École polytechnique sous le nom de Caisse, ou de Kès. Élus pour ainsi dire à vie, ils resteront les animateurs et correspondants fidèles de leur promotion. Mais, qu’est-ce que la Kès aujourd’hui ? L’IK et les deux Relex de la promo 2006 ont bien voulu éclairer La Jaune et la Rouge.
Ils sont treize, fraîchement élus le 15 décembre dernier. Ayant réussi leur concours en 2006, qui restera le matricule de leur promotion, effectivement entrés à Palaiseau en avril 2007, les voilà donc dans le grand bain des représentants à vie de leur promotion. On les désigne le plus souvent par un sigle ou une abréviation : 1 Binet, 2 Enseignement, 1 IK, 1 International, 1 Mili, 2 Relex, 2 Specto, 1 Sport, 1 SIE et 1 Trésorier. Après une semaine de campagne intense, ils ont été élus face à une liste concurrente, à bulletins secrets, sous le contrôle vigilant des caissiers précédents. Avant, il leur avait fallu se répartir les postes et séduire le sponsor qui a financé les événements de la semaine de campagne, sérieux ou ludiques, destinés à éclairer l’électorat de leurs camarades. Après, trois semaines de transition avec les caissiers de la 2005 ont suffi pour leur donner un an de pleins pouvoirs. Ce qui ne les empêche pas de réfléchir à plus long terme et d’être les partenaires avisés de l’Administration.
Un président masqué
Le dégagement
À peine reçus à l’École, les élèves participent à la traditionnelle initiation à la vie militaire qui se déroule maintenant à Barcelonnette. Marche au pas et chants guerriers, y compris pour les polytechniciennes, constituent donc toujours les premiers rudiments d’une haute formation scientifique. Une des tâches des caissiers est d’organiser pour les jeunes recrues, pendant cette période, un week-end de » dégagement « , qui se tient à Grasse. L’occasion de se reposer et d’apprendre cette fois-ci à ne rien faire du tout.
Association loi de 1901, la Kès dispose naturellement d’un président officiel. Mais les treize caissiers tiennent à préserver son anonymat et à se présenter à l’extérieur sur un plan de stricte égalité. Ils se réunissent entre eux chaque lundi pendant deux ou trois heures, chacun informant les autres des points importants de son activité propre : le Caissier Mili de ses rapports avec l’Administration, le Specto des fêtes qu’il organise, le SIE des problèmes d’intendance et d’entretien, ou encore le Trésorier de la gestion… du trésor. C’est que le budget n’est pas négligeable : environ 800 000 euros pour l’année, alimenté par des entreprises ou par des subventions, mais aussi par une participation volontaire de 68 euros par mois de chaque élève français qui adhère à la Caisse (c’est-à-dire tous, sauf un). Cette participation sert en particulier à aider certains élèves étrangers, à qui leur bourse ne suffit pas. C’est une réminiscence lointaine des origines de la Caisse, dont l’objet historique est une notion de solidarité. La Kès emploie deux salariés, une secrétaire et une comptable, présentes pendant la journée. Le soir, une permanence est assurée par les caissiers jusqu’à une heure avancée.
Deux jumelles
Les étudiants préparant le master et ceux préparant le doctorat sont représentés par deux associations jumelles de la Kès.
L’IK hebdomadaire
Une des fonctions de l’IK (Info caissier) est, comme son nom l’indique, d’informer. Chaque semaine, il a la lourde tâche de composer, imprimer et diffuser un périodique d’une vingtaine de pages (élastiques), naturellement baptisé L’Info Kès. À partir des informations que les élèves veulent bien lui adresser, il constitue un patchwork d’assez bonne facture. Ce sont le plus souvent des annonces ou comptes rendus d’animations fournis par les » binets » spécialisés (challenge d’escrime, nuits sportives, reportages de voyages, etc.), mais aussi des articles de fond, sociaux ou culturels. Environ 700 exemplaires imprimés sont distribués par les caissiers, transformés en préposés, alors que 300 destinataires le consultent uniquement sur Internet. Assez curieusement, ce dernier moyen n’est pas exploité pour une forme moderne de présentation de l’information ; les textes sont rigoureusement les mêmes, le seul avantage de la version Internet étant d’utiliser la couleur.
Énigme mathématique : où est passé le treizième caissier ?
Deux axes pour les Relex
Le parrain
La recherche du » parrain » de la promotion suivante est l’une des activités importantes de la Kès. Il s’agit de trouver une entreprise ou une organisation qui participe généreusement au budget, anime des conférences, organise des visites ou propose des stages. Le parrain de la promo 2006 est EDF, dont le président, Pierre Gadonneix (62), s’investit beaucoup personnellement.
Les Relex sont, bien sûr, chargés d’assurer les relations extérieures, d’une part avec les entreprises, d’autre part avec les autres écoles. L’action auprès des entreprises consiste à les solliciter pour équilibrer le budget auquel il a été fait allusion plus haut et de rechercher le » parrain » de la future promotion (voir encadré). Les rapports avec les bureaux des élèves des autres écoles consistent surtout en échanges d’information pour faire connaître les événements organisés par chacun et relayer ainsi leur promotion. Ils permettent aussi de se concerter sur la façon d’assimiler de nouveaux arrivants sur le campus de Palaiseau. Par rapport aux autres bureaux, la Caisse de l’École polytechnique est l’une des plus structurées, image de l’antériorité et aussi des effectifs respectifs.
L’international
Créé il y a six ans, le poste de Caissier international est à la mesure de l’importance prise par les élèves étrangers (environ 20 % de l’effectif). Pour la promotion 2006, il est assuré par une Kessière internationale. Elle se qualifie elle-même comme l’interface entre la DRE (Directions des relations extérieures) et les élèves internationaux, qu’ils soient EV1, EV2 ou fassent partie d’un programme international. Elle entretient aussi des rapports privilégiés avec l’AX, grâce à qui le parrainage des EV par des anciens X est mis en place. Elle est chargée de l’organisation des activités pendant l’incorporation des élèves étrangers en septembre et octobre (pendant que les élèves français sont à Barcelonnette), avant leur départ en stage de formation humaine au sein d’associations ou d’institutions. » C’est, nous dit-elle, un poste où, en fin de compte, le contact et les relations humaines sont très importants. »
Questions pour des champions
Les Relex assurent également la liaison avec les médias qui le demandent. Par exemple, en ce printemps, il faut choisir qui représentera l’École à la célèbre émission Question pour un champion. L’École détient le titre depuis l’an dernier et il s’agit de le défendre victorieusement. En pratique, la sélection est assurée par les animateurs de l’émission au travers de questions à choix multiples, puis d’une simulation en vraie grandeur.
Quelques motivations affirmées
Nos interlocuteurs, qui tiennent à ne pas se mettre personnellement en avant, nous livrent enfin quelques réflexions enthousiastes : » La Kès, c’est une belle histoire à treize, une équipe, une expérience humaine. » » C’est un enrichissement personnel dans un cadre unique. » » La vocation pour la Kès m’est venue… en stage militaire. Quel bel esprit, quel enthousiasme. »