Les vins rouges des Côtes de Bourg
Situé sur la rive droite de la Dordogne et de la Gironde, à 35 kilomètres au nord de Bordeaux, le pays de Bourg-sur- Gironde possède une vocation viticole très ancienne, puisque ce sont les Romains qui y plantèrent les premières vignes. L’essor de la vigne fut très rapide, en raison de la situation géographique sur l’axe maritime et fluvial entre les provinces maritimes, la Gaule narbonnaise et Rome.
Après les invasions normandes et barbares, la région connut à nouveau la prospérité avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt. C’est alors par cargaisons entières que les vins s’exportaient à destination de l’Angleterre. Depuis, le vignoble a poursuivi son expansion de manière régulière, mais les vins des Côtes de Bourg sont maintenant surtout consommés en France, où est vendue 85 % de la production.
C’est en 1920 que les appellations “ Côtes de Bourg ”, “ Bourg ” ou “ Bourgeais ” ont été officiellement créées, avant d’être homologuées en 1935 par l’Institut national des appellations d’origine.
Il y a un peu de vin blanc, mais l’immense majorité de la production est constituée de vins rouges d’un excellent rapport qualité – prix (moins de 10 euros), en raison d’un ensemble de terroirs homogènes de grande qualité et d’un microclimat exceptionnel (il pleut moins dans les Côtes de Bourg que dans l’ensemble du Bordelais). L’appellation étage en effet ses trois lignes de coteaux orientés sud-sud-ouest, parallèlement aux bords de la Dordogne et de la Gironde.
Ces énormes masses d’eau, soumises aux effets des marées venues de l’Atlantique, tempèrent le climat de façon spectaculaire. On dit que dans cette région “ il ne gèle ni ne grêle ”. Le fait est qu’en 1991, quand les gelées d’avril ont compromis les récoltes dans la totalité du Bordelais, la récolte moyenne a été à Bordeaux de 20 hectolitres par habitant, alors que dans les Côtes de Bourg, elle a été de 43 hectolitres par habitant.
Les Côtes de Bourg rouges se présentent en général avec une robe d’un beau rouge profond. Au nez, on distingue souvent des notes de fruits rouges, de vanille et d’épices. Ils peuvent se boire assez tôt, mais vieillissent avec bonheur et s’améliorent pendant cinq à dix ans après la mise en bouteille, en fonction de la qualité du millésime et du cru. Ils accompagnent très bien la charcuterie (jambons, pâtés en croûte…), les viandes rouges rôties ou grillées, les volailles et les plats du Sud-Ouest (aloses, magrets, confits…) ainsi que les plats à base de champignons. Ils conviennent aussi parfaitement aux fromages à pâte cuite comme le cantal, le saint-nectaire ou le hollande étuvé.
Parmi les propriétés qui ont le mieux réussi les millésimes que l’on trouve aujourd’hui sur le marché (1999 et 2000), on peut notamment citer :
Le Château La Tuilière, une belle propriété de 20 hectares exposés plein sud. Composé à 60% de merlot, 35 % de cabernet sauvignon et 5 % de malbec, le vignoble profite de cette exposition optimale et de la proximité de l’estuaire, qui régule les températures. Il est produit environ 60 000 bouteilles d’une cuvée tradition et 20 000 bouteilles d’une cuvée de prestige, appelée “ Les Armoiries ”. Un très beau vin à la robe sombre et au nez fin et complexe.
Le Château Macay est un domaine de 42 hectares d’un seul tenant, avec 65 % de merlot, 15 % de cabernet franc, 10 % de cabernet sauvignon et 10 % de malbec. L’âge moyen des vignes est de trente-cinq ans. Le vin est suave, avec des arômes généreux (cassis, fruits rouges, notes de torréfaction), des tannins soyeux et une chair séduisante. La cuvée de prestige “ Original Château Macay ” est un vin plein et structuré, avec de savoureux arômes de fruits noirs. La matière est riche. Belle finale.
Le Château Haut-Mousseau possède un vignoble de 33 hectares, complanté de merlot (60 %) et de cabernet sauvignon (30 %). Vieilles vignes, vendanges manuelles, vinification traditionnelle, élevage sous bois, tout concourt à faire de la cuvée prestige de cette propriété un des meilleurs vins des Côtes de Bourg. La bouche est expressive et gourmande. Un très beau vin.
Le Château Brulesecaille est un des grands classiques de l’appellation. Ses vignes, qui s’étendent sur 28 hectares, ont un âge moyen de trente ans. Un vin très régulier, au boisé élégant, déjà agréable à consommer, mais qui peut se garder sans crainte.
Le Château Nodoz a un vignoble de 22 hectares sur un beau terroir de graves filtrantes. Le vin est fait avec soin et élevé en barriques de chêne. Le nez est très élégant et la bouche agréable : on y retrouve la rondeur du merlot et la structure du cabernet. Un vin qui a du charme et du caractère.