Les X font leur cinéma
Composée de polytechniciens de promotions allant de 2010 à 2014, l’association Persistance a été fondée dans un seul but : faire du grand spectacle dans le cinéma français. Histoire d’un groupe qui veut développer une passion née à l’X.
Deux mois après nous avoir présenté “ Sur le champ ” Quentin nous décrit l’association Persistance composée de jeunes polytechniciens qui veulent faire du grand spectacle dans le cinéma français. Bientôt au Box Office ?
Il y a maintenant quelques mois que nous avons fondé l’association Persistance dans le but de faire du cinéma à un niveau professionnel. Si nous ne sommes pas exclusivement polytechniciens, nous en formons la majorité.
Allant de la promotion 2010 à la promotion 2014, chacun de nos membres cherche à s’engager sur cette voie qu’est le cinéma et Persistance est rapidement devenue le moyen de mettre en commun nos efforts et notre énergie pour atteindre ce but.
PREMIERS PAS AU JTX
Ce qui nous a permis de rassembler tant d’X passionnés par ce monde, c’est indéniablement le binet JTX par lequel nous sommes tous passés. La mission de ce binet était double entre la production de trois projections par an de clips et courts-métrages et la couverture vidéo des événements du plateau.
“ Cette expérience commune d’un engagement fort nous a liés ”
Si certains connaissaient déjà leur passion pour le cinéma à leur arrivée sur le campus, d’autres l’ont découverte à travers les activités de ce binet.
Durant plus d’une année, nous avons tous eu accès aux moyens du JTX, combinant débrouillardise, dépense d’énergie et apprentissage accéléré pour produire nos trois projections de près de deux heures chacune. Mais surtout, nous avions un public, de plus en plus assidu au fil des années, ce qui nous a permis de goûter à la puissance des images et du cinéma.
SCINÉMA : UNE CHAÎNE YOUTUBE DE VULGARISATION SCIENTIFIQUE À TRAVERS LE CINÉMA
Le cinéma est non seulement un art technique mais c’est également un art qui propose une image de la technique et de la science. Par exemple, les différentes solutions proposées par la trilogie du Seigneur des anneaux pour donner l’illusion de différence de taille entre les hommes, les nains et les hobbits sont toutes des moyens de parler des concepts scientifiques sous-jacents. C’est ce que cette chaîne se propose de faire en profitant de la puissance du cinéma pour intéresser un maximum de personnes.
UN BINET ET UN PUBLIC EXIGEANTS
À travers la montée en puissance du JTX auprès des différentes promotions, ces « projs » sont devenus des moments institutionnels forts, rassemblant deux promotions au « Point K » pour rire des derniers événements avec un humour bon enfant ou pour profiter d’histoires aux thèmes forcément influencés par les questionnements des X en tant qu’habitants du plateau.
Dans cet écosystème miniature qu’est le plateau, nous avons connu les discussions enflammées sur la projection de la veille, les opinions divergentes, les critiques mais aussi l’attente qui grandissait au fur et à mesure que la date de la prochaine se rapprochait.
Bien entendu, nos créations étaient amateurs, loin des canons du cinéma professionnel. Mais nous y avons énormément appris sur les différentes contraintes qu’imposent l’image, le son, le scénario, et l’attente d’un public qui baigne dans l’image depuis sa naissance.
C’est cette expérience commune d’un engagement fort pour un binet demandeur qui nous a liés et qui nous a permis non seulement de découvrir que cet univers nous attirait mais également que nous pouvions aller plus loin encore.
LOIN DU PLATEAU, PLUS PRÈS DES PLANCHES
Chacun de nous a dû quitter le plateau et penser à la suite des études. Mais nous n’avons pas pour autant abandonné cet esprit que le JTX nous avait transmis. Deux d’entre nous ont continué dans le domaine de la vidéo en fondant deux chaînes Youtube dont une ayant pour thème la relation entre sciences et cinéma.
LE CINÉMA, ART ET TECHNIQUE
La relation entre art et science est toujours au centre de l’apparition de nouveaux mouvements artistiques. Dans ce domaine, le cinéma est particulièrement concerné.
Entre l’optique, le son, les caméras ou encore les effets spéciaux, toute innovation technique est immédiatement récupérée par l’industrie du cinéma, très demandeuse de nouveaux moyens de construire une image ou un mouvement.
Ce n’est pas un hasard si Hollywood entretient des rapports étroits avec l’université de Los Angeles ou que James Cameron est diplômé de physique !
Deux autres ont pu, avec l’aide de l’École, organiser une année de césure en master à Louis-Lumière durant laquelle ils ont pu découvrir les métiers du monde du cinéma et goûter au travail professionnel. D’autres ont souhaité explorer le travail de l’acteur au cinéma et suivre un cours de théâtre, d’autres ont tourné un documentaire pendant leur quatrième année à l’étranger sur les conflits identitaires et religieux…
En bref, chacun à notre manière nous avons cultivé cette passion de la vidéo et du cinéma. C’est ainsi qu’en juin 2017 nous sommes venus à la conclusion que notre objectif commun méritait des efforts communs. Persistance en est le fruit.
Si la mise en place a été compliquée par les différences d’emplois du temps et de visions du projet, nous sommes parvenus petit à petit à mettre en avant différents scénarios de notre main et avons décidé d’en développer les projets.
LE MONDE DU CINÉMA EN LIGNE DE MIRE
N’ayant pour l’instant rien à présenter aux producteurs ou aux comités d’attribution des bourses de réalisation telles que celles du CNC, des Sofica (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel) ou des régions, il nous est difficile d’espérer pouvoir débloquer des fonds par ces moyens classiques. C’est pourquoi nous avons monté le projet de BabyKeeper comme un premier court-métrage de démonstration.
“ Nous pensons avoir quelque chose à apporter à cette industrie en tant qu’ingénieurs versés dans la technologie et les sciences ”
Ce court-métrage est ainsi pensé comme un tremplin devant nous permettre de montrer la force de notre groupe initié par une majorité de polytechniciens, et désormais enrichi par un architecte, un monteur vidéo, un musicien et un scénariste. Des passionnés et amis qui nous rejoignent dans cette aventure, convaincus de la singularité de Persistance.
En effet, le cinéma est un art technique et plus que dépendant des avancées technologiques et scientifiques. Fait trop souvent oublié en France, nous pensons sincèrement avoir quelque chose à apporter à cette industrie en tant qu’ingénieurs versés dans la technologie et les sciences.
Notre but n’est donc pas tant de devenir des techniciens du cinéma mais bien plus d’apporter ce qui fait l’identité de notre formation, entre pluridisciplinarité et haut niveau mathématique.
LUMIÈRE ET MÉLIÈS VERSION 4.0
Notre volonté annoncée est de produire et de réaliser des films de genre comme l’horreur, la science-fiction ou encore l’aventure. Cependant, on remarque en France que le public cinéphile consomme autant de films américains que français.
Et quand les films américains les plus consommés sont Titanic ou Avatar, c’est la comédie qui reste le genre dominant de la production française depuis une vingtaine d’années. En sachant que plusieurs grands noms de l’animation sont des Français émigrés aux États-Unis pour la seule raison qu’il n’y a pas de projets pouvant se faire au pays de Méliès, on peut alors penser qu’il y a une place pour un autre cinéma dans notre pays.
Ainsi, de ce double constat que le cinéma est un art technique et technologique et que la France a les moyens d’étendre son cinéma à des genres jusqu’alors exclusivement produits par les États-Unis, nous comptons nous intégrer dans ce monde et enfin porter la force des images dans notre pays au niveau qu’on lui connaît à l’international.
C’est pourquoi, notre vision à long terme part d’une volonté de persister et de « casser la baraque ». Pour apporter à notre passion commune du cinéma ce qui fait notre force : un esprit d’équipe, un esprit de corps.
Commentaire
Ajouter un commentaire
Sous-titrage pour les sourds et les malentendants
Je viens de lire votre article : votre initiative est vraiment très intéressante. Je suis moi-même passionné de cinéma, sourd suite à un grave accident dont j’ai été victime en décembre 2003. Je mène un combat acharné en faveur du sous-titrage des films en français dans les cinémas et viens de produire un clip de 2 minutes 30, avec Paul Vecchiali (X 1953).
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre site Internet ou relire mon interview de Paul dans le numéro d’octobre 2017 de La Jaune et la Rouge.
Une façon de vous faire connaître serait d’inscrire vos courts-métrages à des Festivals. Par exemple au Festival International de Créativité Audiovisuelle (FICA), qui aura lieu début juin à Cannes. Si ça vous intéresse, vous avez jusqu’au 15 mars pour vous inscrire. http://cannes4c.com/?page_id=198