L’espace à la conquête des femmes !
Encore largement méconnu des jeunes diplômées, le secteur du spatial peut offrir aux ingénieures des carrières passionnantes ancrées dans les enjeux d’aujourd’hui et de demain. Caroline Laurent (X82), directrice des systèmes orbitaux et des applications, revient sur son parcours dans ce domaine et nous en dit plus sur ses métiers.
De la fonction publique au CNES, comment cette transition professionnelle s’est-elle opérée ?
J’ai débuté ma carrière au ministère des Armées en 1987 à la direction des missiles et de l’espace. J’ai successivement occupé des postes de management de projets techniques, de recherche dans le domaine satellitaire, océanographique et de la reconnaissance spatiale. J’ai aussi eu l’opportunité de travailler sur la politique spatiale française au sein du ministère de l’Industrie.
J’ai ensuite occupé diverses fonctions au sein de la DGA dans le domaine du spatial, des télécommunications, de l’aéronautique : directrice du programme spatial de télécommunications militaires, puis de l’ensemble des réseaux opératifs et tactiques. J’ai aussi dirigé les programmes aéronautiques puis l’ensemble des programmes espaces et systèmes d’information et télécommunications. En décembre 2014, j’ai été nommée directrice de la stratégie de la DGA et à ce titre en charge de la mise en place des coopérations européennes, de la représentation à l’OTAN, de la préparation de l’avenir (Lire : L’Espace, enjeu de souveraineté pour la France et pour l’Europe).
Cinq ans plus tard, soit en 2019, j’ai fait le choix de quitter l’administration pour rejoindre le CNES en tant que directrice des systèmes orbitaux et des applications.
Quelles sont vos missions au sein CNES ?
Mon poste est très opérationnel. Je dirige les projets de développement et d’exploitation des infrastructures spatiales, de valorisation des données pour des applications allant de la défense à l’exploration de l’univers en passant par les sciences de la terre, le climat…
Mon poste couvre également une très forte composante humaine : management des équipes, développement des compétences… La dimension technique est aussi omniprésente avec des projets complexes et soumis à de nombreux aléas et la nécessité de combiner délais, performance et coûts ! La composante internationale est également importante avec des coopérations avec la NASA, la JAXA ou la CNSA ou l’ESA. Nous accompagnons aussi les nouveaux entrants, notamment les start-up et les PME, afin de travailler sur des sujets à forte valeur ajoutée et promouvoir l’innovation, la valorisation de la donnée, les nouveaux usages du spatial, susciter ou accompagner de nouveaux marchés.
En parallèle, je siège au sein de plusieurs conseils d’administration dont l’ONERA, Aerospace Valley, l’Agence Nationale des Fréquences que je préside depuis mai. Je suis aussi membre de l’Académie des Technologies.
Le monde spatial reste assez masculin. Quel regard portez-vous sur la mixité dans votre secteur ?
Tout comme les écoles d’ingénieurs, nos métiers, qui ont une connotation technologique forte, peinent à attirer les jeunes filles. Il est dommage que le secteur de l’espace ne compte pas plus de femmes alors qu’il traite de sujets d’actualité et à fort impact sociétal comme l’amélioration de la connaissance du réchauffement climatique, l’impact de la transition énergétique, la gestion des crises géopolitiques, météorologiques, encore géologiques… autant de domaines qui peuvent offrir de très belles perspectives de carrières et d’épanouissement personnel.
Justement, quelles sont les opportunités de carrières proposées par le CNES ?
Le spatial fait appel à l’imaginaire. C’est un univers passionnant qui fascine les hommes et les femmes depuis des décennies. Au-delà des projets purement spatiaux, les jeunes talents peuvent être amenés à travailler sur des projets de valorisation de la donnée, des projets en collaboration avec des laboratoires et des chercheurs scientifiques comme les spécialistes du GIEC…
En parallèle au CNES, nous avons un rôle important à jouer dans l’amélioration de la connaissance du climat et de la place de notre terre au sein de l’univers ! Au-delà de la diversité des métiers, le CNES offre une certaine mobilité géographique et intellectuelle : on peut ainsi évoluer d’un poste d’expert technique à Toulouse ou Paris à celui de chef d’opérations en Guyane, de chef d’un grand projet scientifique en charge de représenter le CNES à Washington, Tokyo ou dans une structure de l’Union européene, en encore de basculer dans les RH ou la communication selon ses appétences…
Et pour conclure ?
J’invite les lectrices à se renseigner sur le monde du spatial. C’est un univers où elles pourront s’épanouir et surtout laisser libre court à leur imagination et faire preuve d’audace tout en ayant un impact fort sur notre société !