Lettres à mon mari disparu (1915−1917)
« Je vais peut-être faire quelque chose de très bête… Chaque soir, je veux copier dans ce cahier une de tes lettres… »
Après la mort de Paul, son mari tué en septembre 1914, Marguerite commence un journal personnel qu’elle mêle avec leurs lettres d’avant-guerre. Celles-ci sont tendres, parfois sensuelles. L’écriture de la jeune épouse est charmante, primesautière. Les lettres du mari sont plus graves.
La partie « journal » est bouleversante. La veuve de 27 ans, mère de trois enfants, se débat dans l’épreuve : « La réalité est si horrible qu’elle m’écrase. »
Elle assure le disparu que leur relation reste vivante : « Tout le temps, je te parle intérieurement… » et fait preuve d’une impressionnante lucidité existentielle : « La mort est apparue et nous avons compris qu’elle est souvent moins redoutable que la vie… »
Historiquement, ce livre évoque la vie des veuves de guerre confrontées à de grandes difficultés personnelles, sociales et économiques.
Psychologiquement, il témoigne du vécu de toutes les personnes confrontées au deuil d’un être cher, surtout un conjoint : révolte, détresse, difficultés de se détacher du passé.
Existentiellement, il pose la question de la « présence » du disparu souvent ressentie par le survivant. Comme si l’amour vécu autrefois demeurait vivant dans l’épreuve.
Le livre comprend une préface historique de Paul Reuss Jr, un petit-fils de Marguerite, et des lettres écrites du front par le mari au début de la Grande Guerre.