L’histoire de la gravure et les collections de l’École polytechnique
Gravure, ce terme est bien sûr connu de tous : on pense à une image, à une illustration ou à des initiales sur une timbale. Mais il désigne surtout une discipline artistique à part entière, bien spécifique, et le seul ou les seuls procédés qui ont permis à l’humanité de reproduire en grand nombre des illustrations, des images, des figures techniques ou scientifiques pendant des siècles. La gravure est apparue à la fin du XIVe siècle, lorsque s’est généralisé l’usage du papier. Mais c’est un siècle plus tard qu’elle s’est vraiment épanouie, servie par les génies de Mantegna, de Schongauer er surtout de Dürer, à la fois outil et composante du prodigieux foisonnement créatif de la Renaissance.
Mais pourquoi la gravure et l’École polytechnique ? Il est apparu intéressant d’aborder sous cet angle quelque peu inattendu le patrimoine de l’École polytechnique conservé à la Bibliothèque, que la Sabix s’est fixé pour mission d’enrichir et de faire connaître. Le bulletin n° 47 de la Sabix a donc l’ambition de vous faire découvrir l’histoire de la gravure illustrée par les trésors de la Bibliothèque de l’École. Il a certes été nécessaire de les compléter par des emprunts à la Bibliothèque nationale ou à des collections particulières, mais le lecteur aura plaisir à découvrir de superbes incunables (ouvrages imprimés avant l’an 1500) de l’École ou le Traité de la figure humaine d’Albrecht Dürer, publié plus tardivement.
Un autre ouvrage remarquable qui mérite d’être cité est le Bestiaire de Conrad Gessner, naturaliste zurichois du milieu du XIVe siècle, illustré de quelque 1 500 gravures sur bois. La Bibliothèque conserve également deux exemplaires des reproductions des fresques de la villa Farnésine de Raphaël, gravées par N. Dorigny, les gravures de l’un des deux étant aquarellées. Autre merveille, les Batailles d’Alexandre de Le Brun gravées par Audran : ces planches immenses constituent l’un des sommets de la gravure de reproduction. L’École possède aussi d’intéressants recueils d’oeuvres de Jean- Baptiste Piranèse, envoyés de Rome par Monge pour l’éducation des élèves. Cet aperçu nous donne aussi l’occasion de revenir sur les gravures aquarellées de Desprez, qui nous offrent une vision théâtrale de l’Italie de la fin du XVIIIe siècle.
Ce bulletin permet également d’évoquer des professeurs de dessin de l’École qui ont été de remarquables graveurs, comme Charlet, lithographe, grand illustrateur de la légende napoléonienne au XIXe siècle, ou plus près de nous, Jacques Derrey ou Jean Delpech. Quelques élèves se sont également illustrés dans cette discipline.