L’histoire d’une fête joyeuse
L’élève Émile Lemoine (1860) eut l’idée de compenser les paroles soporifiques du maître par une fête joyeuse en l’honneur du point gamma. Il s’agissait de s’en rapporter à cette tradition antique du culte astral, de faire comme » ces prêtres de la vieille Égypte qui s’inspiraient du mouvement des astres dans le règlement de leurs cérémonies mystiques1 « .
Le Point Gamma est à sa création une mascarade d’inspiration païenne qui succède au Bal burlesque des « fruits secs », qui se déroula de 1831 à 1848, et célébrant le réveil de la nature.
À partir de 1875, la fête se fait somptueuse par les déguisements, les décorations, les spectacles. Les frais occasionnés sont tels que le Point Gamma est supprimé en 1880 par le ministre de la Guerre, probablement aussi alarmé de voir les élèves vaquer pendant près de deux semaines à des occupations si peu scolaires.
La renaissance
Le Point Gamma renaît en 1919. Mais la fête se veut bénéficiaire : les gains réalisés sont reversés à l’Action sociale de la Kès ou à des organismes de bienfaisance externes comme la Croix-Rouge.
Les élèves sont impliqués immédiatement car il relève de leur responsabilité de monter les divers restaurants et bars, marques tangibles de leur esprit d’entreprise. En effet, » l’intérêt du Point Gamma est multiple : il permet à tous de bricoler à l’École, de faire preuve d’initiative, d’humour, de punch ; il rassemble des gens qui sinon ne se seraient pas ou peu connus ; puis, durant le Point Gamma lui-même, il règne une joyeuse atmosphère dans cette vieille boutique, et ça n’est pas si désagréable.
ref, cela consiste à redécouvrir la notion de fête, notion qui se perd et à laquelle beaucoup de monde s’intéresse actuellement2 « .
Cuisine et spectacle
En juin, cette fête donne à l’École une organisation nouvelle de son espace. En 1946, la Brasserie alsacienne occupe le sommet de la tour Umbdenstock ; à la piscine, on peut assister à des » attractions exceptionnelles » ; dans la cour de l’infi, on pourra prendre une place au » Salon de verdure « .
Sur le site actuel, on maintient cette utilisation festive des locaux. Le programme du Point Gamma de 1980 annonce que, dans le Grand Hall, on pourra manger libanais, dans le Salon d’honneur, vietnamien. Les élèves comptent ainsi attirer la clientèle par la variété des traditions culinaires. Les amphis accueillent, quant à eux, divers spectacles. Le clou de la soirée, c’est la soirée Styx, que martèleront les rythmes divers de rock’n roll, de reggae, de new wave ou de disco.
Par le passé, on nommait Styx les parties souterraines de l’École où la Khômiss organisait ses réunions secrètes ; aujourd’hui, les Styx sont les soirées dansantes des élèves. Autant dire que le Styx du Point Gamma est un méga-Styx, venant couronner l’une des plus importantes fêtes étudiantes. Sinon la plus importante ? »
Sans honte, nous pouvons nous affirmer comme la plus grande fête étudiante et comme la moins chère3 « .
Extrait du Carva Déchaîné, mai 1994.
1. Le Monde illustré, 12 avril 1879.
2. Journal des élèves, 11 février 1975.
3. Organisateurs du Point Gamma, 18 juin 1983.