Patrick Simon (88), l’humain d’abord
S’ils étaient nombreux comme lui, la planète serait en de bonnes mains ! De plus, il est d’une personnalité attachante. Lorsqu’il vous gratifie de sa confiance, il s’ouvre complètement à son interlocuteur.
Attentif au choix des mots, il est parfois un peu répétitif, voire prolixe ; ce qui participe de son caractère très chaleureux.
Séduit par l’élégance des maths
Ses parents étaient l’un et l’autre fonctionnaires des impôts. Après un secondaire à Camille-Sée, le lycée des Parisiens du 15e arrondissement, il entra en prépa à Saint-Louis.
Il conserve un souvenir ébloui de son enseignant de maths, Monsieur Abelan, « un personnage très singulier, qui affectionnait des solutions limpides et élégantes aux problèmes, et dont les cours étaient d’une grande clarté ».
À l’École, il fit partie de la section de voile. Il conserve beaucoup d’amis parmi ses camarades de la 88. Il reste imprégné du stage de trois mois qui le conduisit, en seconde année, dans le laboratoire de chimie de Maitland Jones, à Princeton.
De la Loire au Brésil
Dessin : Laurent SIMON
Entré à l’EDF, après quinze ans dans des postes de gestion opérationnelle — dont la centrale de Cordemais, en Loire-Atlantique, dont il fut le directeur adjoint —, il reçut une affectation extrêmement motivante, au Brésil de 2008 à 2014, comme PDG de Norte Fluminense.
Il conçut d’emblée son rôle comme étant d’apporter une bouffée d’air frais à EDF Brésil. Il y géra cette centrale thermique brésilienne, proche de Rio de Janeiro, alimentée au gaz naturel : elle fournit non seulement 20 % de la consommation de cet État, mais est aussi la centrale la plus performante d’Amérique latine.
Patrick Simon a toujours tenu à rendre exemplaire le fonctionnement des centrales de production d’énergie électrique. Attentif aux règles de bonne gestion environnementale, comme à la responsabilité sociale des entreprises, son action s’inscrit dans la durée, dans le long terme : le développement durable, « c’est le moteur principal de ce que je fais ».
Diriger avec l’humain
Il avait sous ses ordres à Norte Fluminense 100 personnes, dont deux expatriés. Il mit son point d’honneur à resserrer les liens entre la direction et le personnel. À son sens, c’est seulement ainsi qu’on peut construire un projet de long terme. Il tint à faire comprendre et respecter par les Européens les éminentes qualités des Brésiliens.
“Le développement durable, c’est le moteur principal de ce que je fais”
Patrick Simon conçoit en effet son rôle de patron comme, prioritairement, être humain. Il n’avait pas seulement l’obsession de la performance et du résultat. Il tint à associer ses collaborateurs à la réussite des projets. Il eut grand souci de la valorisation des personnes. Les problèmes humains rencontrèrent sa générosité foncière et, à plusieurs reprises, il vint au secours de membres de son personnel, en détresse pour diverses raisons.
C’était déjà le cas lors de sa première expérience de commandement, lorsqu’il a encadré une section de soldats professionnels pendant son année militaire.
La réussite du segment brésilien de sa carrière est quantifiable : une enquête mondiale auprès des 130 000 employés de la multinationale française mit Norte Fluminense au premier rang, pour la satisfaction de ses travailleurs, avec 97 % d’opinions favorables !
Le Brésil et les Brésiliens ? Il y trouva une culture très différente, qu’il réussit à vivre de l’intérieur. Comme d’autres, il fut séduit par la vitalité des Brésiliens et leur joie de vivre. Il s’intéressa beaucoup à l’histoire de ce pays — il est épris d’histoire — tant ancienne que contemporaine.
Ce fut pour lui un double enrichissement : vivre au Brésil lui fit prendre conscience de la chance d’être né français, celle de vivre dans un pays aussi développé, aussi avancé.
Vers les renouvelables
Depuis janvier 2017, il est le directeur général d’EDP Renewables, qui gère 470 MW d’actifs éoliens répartis sur 44 parcs en France et en Belgique.
Cette société développe également un portefeuille de projets de plusieurs centaines de mégawatts. Ici aussi, son principal défi porte sur l’humain : construire une équipe motivée, soudée, dont il aime qu’elle progresse chaque jour en apprenant de nouvelles compétences.
Patrick Simon coïncide avec son temps : il affectionne, dans ses écrits et ses propos, la notion d’accélération. Est-elle compatible avec le développement durable, autre axe de ses ambitions professionnelles ? On peut tabler sur lui pour naviguer au mieux entre ces deux sources de tension.