L’hydrogène renouvelable, vecteur de la décarbonation des usages
L’hydrogène renouvelable, ou vert, a vocation à remplacer les énergies fossiles fortement émettrices de gaz à effet de serre afin de décarboner l’industrie, mais aussi la mobilité lourde. Dans ce cadre, H2V développe depuis 2016 des projets de sites de production d’hydrogène de grande envergure et se positionne comme un pionnier sur une filière en plein essor depuis quelques années. Le point avec Jean-Philippe Olivier, directeur général de Samfi Invest dont H2V est filiale.
Quel est le positionnement de H2V dans le monde de l’hydrogène ?
H2V est une société de la holding Samfi Invest. Créée par l’entrepreneur normand Alain Samson, Samfi Invest opère notamment dans la logistique (Transport Malherbe) et les énergies renouvelables (éolien et solaire). Plus particulièrement, H2V a vu le jour en 2016 avec deux ambitions fortes : massifier la production de l’hydrogène renouvelable à partir de l’électrolyse de l’eau et contribuer à l’accélération du passage à l’échelle afin d’atteindre un coût de l’hydrogène plus abordable et plus attractif. Concrètement, H2V est un producteur d’hydrogène qui développe des usines de production massive d’hydrogène renouvelable pour aborder les deux principaux marchés de l’hydrogène : la décarbonation de l’industrie et la mobilité lourde. Notre objectif est de déployer des projets de 100 à 600 mégawatts. Aujourd’hui, le plus important électrolyseur en opération en Europe, plus précisément en Allemagne, fait 6 mégawatts, alors que le plus gros au monde en activité est au Canada et permet de produire 20 mégawatts.
Au-delà, H2V a un positionnement atypique sur le marché de l’hydrogène. Nous avons lancé la société en 2016, bien avant l’essor et l’intérêt actuel pour l’hydrogène. Nous nous positionnons comme un « pure player » avec une stratégie unique : produire de l’hydrogène à un coût le plus faible possible. Enfin, de par notre appartenance au groupe Samfi Invest, nous couvrons aussi bien l’amont de la chaîne de valeur de l’hydrogène grâce à l’activité de production d’énergies renouvelables de la holding et, en aval, au travers du transporteur Transport Malherbe, qui dispose d’une flotte de 1 500 camions qui, à terme, a vocation à fonctionner à l’hydrogène.
En misant sur l’hydrogène renouvelable, votre activité s’inscrit et contribue à la décarbonation des usages et à la lutte contre le réchauffement climatique. En quoi l’hydrogène renouvelable est-il une alternative pertinente dans ce cadre ?
Au cours des dernières années, il y a eu un regain d’intérêt notable pour l’hydrogène renouvelable aussi appelé hydrogène vert ou bas carbone. De nombreux projets ont été lancés et nous assistons aujourd’hui au passage à l’échelle de plusieurs d’entre eux.
La filière hydrogène a vocation à accélérer son développement dans le monde entier. La France et l’Europe doivent donc se positionner et mobiliser les moyens techniques, économiques et politiques pour la développer.
“H2V a un positionnement atypique sur le marché de l’hydrogène. Nous avons lancé la société en 2016, bien avant l’essor et l’intérêt actuel pour l’hydrogène. Nous nous positionnons comme un « pure player » avec une stratégie unique : produire de l’hydrogène à un coût le plus faible possible.”
Plus particulièrement, l’hydrogène renouvelable intéresse fortement les industriels qui ont recours aux énergies fossiles et à des procédés chimiques qui dégagent du CO2 et qui doivent, dans le contexte climatique actuel, réduire leurs émissions et adopter des alternatives qui génèrent moins de gaz à effet de serre.
En parallèle, l’hydrogène renouvelable va aussi être amené à jouer un rôle central dans le développement de la mobilité décarbonée de demain, notamment au niveau de la mobilité lourde. Le remplacement du diesel par l’hydrogène permettra, par ailleurs, de réduire les nuisances sonores de la mobilité. En effet, l’hydrogène a vocation à alimenter des piles à combustible qui elles-mêmes alimentent des motorisations électriques qui ont la particularité d’être silencieuses. Un véritable avantage en milieu urbain et péri-urbain !
Comment cela se traduit-il concrètement ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?
H2V a développé deux projets phares au cours des deux dernières années. Le premier projet, en Normandie, est en en phase de développement suite à l’obtention début 2022 de toutes les autorisations nécessaires. Fin 2021, nous avions cédé le projet à un leader du secteur qui va poursuivre le développement du site ainsi que son exploitation. Le démarrage de l’usine est fixé en 2025 et compte déjà parmi ses clients TotalEnergies et Exxon. Notre second projet à Dunkerque a pour objectif de développer une usine d’une capacité de production de 500 mégawatts. L’enquête publique vient de se terminer et nous espérons obtenir le permis d’exploitation à la fin de l’année pour un démarrage de l’exploitation à horizon 2025.
Nous sommes aussi mobilisés par d’autres projets dans le Grand Est, à Thionville, afin notamment d’approvisionner en hydrogène le réseau MozaHyc. Début 2022, nous avons également lancé un projet sur le port de Fos à Marseille pour une capacité totale de production de 600 mégawatts.
Dans cette démarche, quels sont les principaux enjeux qui persistent et comment y faites-vous face ?
Le principal enjeu tourne autour du financement afin de pouvoir développer des projets de cette envergure. C’est un savoir-faire que nous avons développé et que nous avons renforcé depuis 2016 grâce aux expertises et aux compétences de nos collaborateurs. Enfin, il s’agit aussi de pouvoir développer des projets qui nous permettent d’avoir des coûts de l’hydrogène les plus compétitifs possibles pour accompagner l’essor de ce marché et de ce secteur qui attirent de plus en plus d’acteurs.
En parallèle, quels sont les sujets et projets qui vous mobilisent actuellement ?
Aujourd’hui, nous nous intéressons aux débouchés de la production d’hydrogène et explorons les usages futurs des molécules d’hydrogène comme les carburants de synthèse. Nous développons, en outre, une activité de stations-service à hydrogène dans le cadre du déploiement de la mobilité décarbonée avec un focus sur la France. Dans cette démarche, nous nous appuyons sur une filiale dédiée, Distry, avec pour objectif de déployer une centaine de stations à moyen terme.