L’IA, notre meilleure alliée dans la chasse aux fraudeurs de l’assurance
L’intelligence artificielle est un outil puissant pour débusquer les fraudes à l’assurance. Or la fraude est dans ce secteur un problème majeur, tant est aisé le montage d’une opération à cette fin. Ce faisant, l’IA rend service aux compagnies d’assurances auxquelles elle fait faire des économies significatives, mais elle sert aussi les assurés, qui ont tout intérêt à une réduction des coûts, donc des primes à payer.
En tant que fondateur d’une assurtech française qui fournit au secteur de l’assurance une technologie d’optimisation des décisions basée sur l’intelligence artificielle (IA), je suis persuadé que l’innovation pour l’innovation est une erreur et que les entreprises qui parviendront à s’imposer au cours des prochaines années sont celles qui proposeront des solutions à des problèmes réels rencontrés par la société. Je ne parle pas uniquement de celles qui s’adressent en priorité aux consommateurs, dont les apports sont les plus visibles, mais également des entreprises qui cherchent à faciliter le quotidien d’une grande partie de la population en ciblant un public plus spécifique, comme c’est le cas dans le secteur de l’assurance.
Donner du sens aux données
La mise en application de l’intelligence artificielle pour servir au mieux les acteurs de l’assurance, notamment en les aidant à lutter contre la fraude, les abus et les paiements à tort, est un excellent exemple. Sur l’ensemble des processus critiques liés aux différentes étapes d’une police, l’IA est capable d’identifier les anomalies, les comportements suspects, les schémas de fraude, etc.
“La fraude représente plus de deux milliards et demi d’euros de pertes par an, rien qu’en France.”
Elle permet de donner du sens aux données, qui affluent dans des quantités toujours plus importantes, et de les transformer en informations actionnables. Un véritable game-changer, quand on sait que la fraude constitue une problématique majeure pour le secteur, représentant plus de deux milliards et demi d’euros de pertes par an, rien qu’en France – sans compter l’assurance maladie et la prévoyance. Une charge qui se répercute sur les primes que paient les assurés.
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La fraude courante
Mais de quels types de fraude parle-t-on exactement ? Celle qui vient naturellement à l’esprit de toute personne ayant déjà connu un dégât des eaux dans son salon, ou un accident de voiture sans gravité, est la fraude aux sinistres de gré à gré, c’est-à-dire dont la gestion est plus ou moins automatisée et dont le montant ne dépasse généralement pas les 1 500 euros environ. Dans ces cas-là, il est courant que les assureurs n’envoient aucun expert sur place, afin de limiter les frais, et remboursent directement leurs clients sur base d’un simple devis, voire d’une simple description des dommages.
Les fraudeurs souscrivent alors à plusieurs polices d’assurance habitation en utilisant de fausses identités – une manœuvre grandement facilitée par les offres de souscription en ligne, entièrement numérisées, qui sont devenues monnaie courante –, patientent quelques mois et déclarent pour chaque profil un dégât des eaux au montant juste inférieur au seuil fixé par la compagnie pour le traitement en gré à gré. Ils résilient ensuite leur contrat après s’être fait rembourser, et disparaissent dans la nature.
Des fraudeurs très créatifs
Certains fraudeurs vont bien plus loin, achetant par exemple des voitures accidentées à bas prix dans des pays frontaliers – où il est permis de payer en liquide –, les immatriculant et les déclarant comme des véhicules en bon état, avant de les brûler ou de les accidenter pour se faire rembourser le prix de véhicules neufs.
Des réseaux de fraudeurs organisés n’hésitent pas à brûler des maisons pour blanchir de l’argent et réaliser des plus-values, selon le mode opératoire suivant : un individu achète une maison en mauvais état pour un prix raisonnable, de préférence dans un endroit isolé, la meuble avec de l’électroménager de seconde main et du mobilier abordable, et y fait mettre le feu par un complice, en prenant soin d’avoir un alibi solide. Tenus de rembourser la somme nécessaire à la remise en état de la maison, les assureurs versent aux escrocs jusqu’à trois ou quatre fois son prix d’achat – et ceux-ci bien évidemment ne la reconstruisent jamais.
Débusquer les fraudes
Pour tous ces différents cas, l’intelligence artificielle est capable de croiser les données relatives aux sinistres et aux polices d’assurance à des données externes, de les analyser et d’émettre un score de suspicion qui aidera ensuite les gestionnaires à investiguer en vue de confirmer l’existence de la fraude. Elle détectera par exemple qu’un même compte bancaire a été utilisé plusieurs fois par différentes personnes pour obtenir un remboursement ou que les mêmes numéros de téléphone, adresses électroniques ou autres informations personnelles sont repris sur plusieurs polices.
Elle est aussi capable d’établir un lien entre plusieurs individus ayant connu le même type de dommages sur une période déterminée, de trouver des connexions sociales entre plusieurs personnes concernées par le même type d’accident, avec des véhicules provenant d’un même pays ou sur une période relativement courte. Plusieurs assurés occupant un même emploi ou utilisant une même adresse IP et ayant subi un dommage identique sur une période donnée pourront également lui mettre la puce à l’oreille. Enfin, l’IA peut détecter les fausses factures – réutilisation de modèles identique, traces de Photoshop, incohérences, etc.
Servir la société
Ce serait une erreur de croire que l’IA appliquée au secteur de l’assurance ne profite qu’aux assureurs. En permettant à ces derniers d’optimiser leur prise de décisions de manière générale, elle se rend utile aux assurés, à qui elle promet des primes plus basses et plus stables, une gestion toujours plus rapide de leurs sinistres et une plus grande empathie dans le processus. En effet, en aidant les compagnies d’assurances à lutter contre la fraude, l’intelligence artificielle leur permet d’en faire plus pour leurs assurés. Elle leur procure du temps pour créer de nouveaux produits et services, ou encore pour améliorer leur expérience client.
Son utilisation a ainsi un impact positif sur la société au sens large. La société doit à tout prix continuer à développer de nouvelles solutions technologiques pour relever les défis auxquels elle se trouve confrontée. Il peut s’agir de défis spécifiques à un secteur d’activité en particulier, comme dans les exemples cités ci-dessus, mais aussi des défis sociétaux plus vastes, tels que le changement climatique, l’évolution de la mobilité, l’aménagement urbain, et bien d’autres.
Dans le secteur de l’assurance aussi, les acteurs innovants doivent continuer à imaginer et développer des produits à même d’aider les compagnies d’assurances dans leurs tâches quotidiennes, à se rapprocher encore et toujours plus de leurs clients et à répondre aux problématiques futures qu’elles pourraient rencontrer.