L’industrie nucléaire deux ans après Fukushima
Le 11 mars 2011, un fort tremblement de terre, suivi d’un raz-de-marée, causait plus de 20 000 morts au Japon. Le pays n’avait su ni prévoir une telle catastrophe, ni se protéger. La centrale de Fukushima se révélait insuffisamment protégée, provoquant les dommages que l’on sait.
Dommages humains, fort heureusement limités en nombre, même s’ils sont inacceptables. Dommages économiques majeurs, entraînant une très forte inquiétude dans l’opinion nationale et internationale, l’arrêt de toutes les centrales nucléaires japonaises, des restrictions d’électricité et de coûteuses importations de fioul, gaz et charbon, et, surtout, un vaste territoire désormais interdit à la population pour probablement une dizaine d’années au moins.
Deux ans après cet accident majeur, où en est l’industrie nucléaire, tout particulièrement en France ? C’est le troisième accident majeur que vit notre industrie. Three Miles Island, en 1979, avait entraîné l’arrêt de nouvelles constructions de centrales aux États-Unis. Tchernobyl, qui a heurté les sensibilités de plusieurs pays européens, est une des causes profondes du désenchantement et de l’arrêt du nucléaire en Allemagne. Qu’en sera-t-il de Fukushima ?
Les conséquences en France touchent d’abord les réacteurs existants. Les exploitants, responsables, sous le contrôle vigilant d’une autorité de sûreté désormais indépendante, ont entrepris un programme de mise à niveau des installations. L’agression majeure n’est plus seulement un accident interne à un réacteur, mais aussi un phénomène externe. Les mesures à adopter prévoient notamment des moyens de secours extérieurs aux équipes du site qui serait accidenté. S’y ajoutent les travaux de modernisation des réacteurs, sur un parc qui atteint presque, en moyenne, la trentaine d’années.
Dans le champ de l’acceptabilité, des progrès réels sont observés sur la question sensible des déchets radioactifs. Notre industrie prépare une solution durable, réversible à court terme.
Fukushima a bien entraîné un ralentissement des nouvelles constructions, mais de nombreux projets sont toujours en cours. Les réacteurs de « génération III », qui intègrent dès leur conception la maîtrise d’une fusion du cœur du réacteur, prendront le pas là où de nouvelles constructions seront décidées, en France ou dans le monde. L’exploration de nouveaux modèles qui rompent avec les conceptions plus classiques, comme les small modular reactors ou la « génération IV », montre que l’industrie prépare aussi son avenir.
Fukushima crée une vraie remise en question, mais n’est-ce pas là le propre de notre industrie que de savoir faire face ? Aux industriels de continuer à faire progresser le nucléaire aux côtés des énergies renouvelables et à l’écoute des opinions publiques, avec humilité et responsabilité.