L’Internet des objets, l’histoire d’une révolution discrète
Au cœur de la transformation numérique, l’Internet des objets (Internet of Things – IoT en américain) a représenté un marché estimé à environ 400 milliards d’euros en 2022. L’IoT touche toutes les industries, car il concerne la connexion d’objets ou de machines, et la collecte de données critiques pour l’aide à la prise de décision. L’IoT est souvent décrit comme un paradigme plus que comme un marché, mais c’est certainement un activateur de la numérisation, grâce à la mise à disposition de données qui jusqu’à maintenant n’étaient pas disponibles.
La connexion des objets et des machines n’est pas un concept nouveau en soi. Depuis les années 1980, la télémétrie fait son apparition et permet la mesure à distance d’un objet éloigné grâce à des systèmes, ou des éléments optiques. Les premiers cas d’usage sont la connexion des châteaux d’eau pour faciliter la gestion des réseaux de distribution d’eau. Dans les années 1990 apparaissent le standard GSM et les premiers réseaux publics de communication cellulaires.
“L’IoT concerne la collecte de données critiques pour l’aide à la prise de décision.”
Certaines sociétés dont le français Wavecom inventent le concept de Machine-to-Machine qui utilise la technologie 2G sur des réseaux nationaux, laquelle permet de collecter de la donnée pour la première fois à l’échelle d’un territoire. On connecte alors des compteurs d’électricité et bientôt des véhicules pour effectuer de la géolocalisation, grâce à l’ouverture du système satellitaire américain GPS. C’est au début des années 2000 que le terme Internet de l’objet se popularise, ainsi que son utilisation. De nombreuses technologies se concurrencent ou se complètent, parmi lesquelles la technologie cellulaire (2G à 5G) et plus récemment les technologies low power wide area network (LPWAN) telles que Sigfox, LoRaWAN (long range wide area network) et NB-IoT (narrow band IoT).
Malgré cet engouement, 70 % des projets ne passent pas l’étape de validation terrain, le proof of concept , étape clé qui confirme la viabilité d’un projet et de son retour sur investissement (ROI). Les conditions de réussite d’un projet IoT sont au nombre de trois : la réduction des coûts d’opération, l’amélioration de la satisfaction client et la génération de nouvelles sources de revenus. Effet de mode ou révolution discrète ? Que nous réserve l’IoT dans les années à venir ? Ce qui est certain, c’est que la clé du succès d’une nouvelle technologie et de l’innovation repose sur l’humain.
2 Commentaires
Ajouter un commentaire
Je suis un peu étonné que l’auteur parle de révolution « discrète » (ceci dit, je sais que les français sont experts en révolutions bruyantes…). De mon point de vue d’expatrié aux USA et impliqué dans des organisations telles que l’Industry IoT Consortium (IIC), qui est en liaison avec la communauté Industrie 4.0 centrée en Allemagne, ce n’est pas discret du tout. Il y a des réalisations visibles dans des raffineries (Marathon, Chevron), des usines (Bosch à Rexroth), dans le domaine de la santé (détection de signes avant-coureurs de septicémie en milieu hospitalier), etc. Je suis d’accord avec le faible taux de transformation des PoC en déploiements à l’échelle, mais je trouve la liste des « facteurs de succès » limitée. Il y a aussi des motivations stratégiques, en particulier la maintenance prédictive (on peut dire que son effet est une réduction des coûts, mais c’est un peu étroit comme perspective) et la sécurité (empêcher un « blow-out » dans un forage pétrolier, ou détecter qu’un technicien éloigné a eu un accident ou un malaise parce que les capteurs qu’il porte indiquent qu’il ne bouge plus – c’est l’exemple de Marathon à Houston).
Merci Claude Baudoin de réagir sur le titre, qui était volontairement décalé et comporte plusieurs lectures : il y a la lecture évidente de la discrétion de la technologie qui souvent vient s’intégrer à des objets bien connus et ajoute des fonctionnalités sans pour autant modifier la fonction première de l’objet, il y a ta lecture de la révolution qui ne fait pas tout un ramdam, avec de la mesure. Et puisqu’on parle de mesure, le mot « discret » est également un clin d’œil à la topologie qui n’est pas sans lien avec les activités de réseau. En tirant, le fil, il y a encore deux lectures ou clins d’œil discrets, mais je te laisse le plaisir de les découvrir par toi-même.