IP Paris Racing Team, équipe chassis

L’IP Paris Racing Team, l’écurie polytechnicienne de Formula student

Dossier : Nouvelles du platâlMagazine N°797 Septembre 2024
Par Arnaud BARRAT
Par Adrien GOLDSZAL (X22)
Par Alexandre BISMUTH (B22)

L’Institut Poly­tech­nique de Paris Racing Team (IP Paris Racing Team) est une écu­rie auto­mo­bile lan­cée au sein du pla­teau de Saclay en 2022 par des poly­tech­ni­ciens. Elle a pour but de par­ti­ci­per à la com­pé­ti­tion de For­mu­la Student en caté­go­rie élec­trique, dans laquelle des mil­liers d’étudiants des­sinent et construisent leurs propres mono­places chaque année, avant de s’affronter sur de nom­breux cir­cuits afin de rem­por­ter divers prix. Le pré­sent article décrit le pro­ces­sus de créa­tion de leur équipe, ain­si que leurs récentes avancées.

Le sport auto­mo­bile est une des pas­sions d’Arthur Rozan (X21), pre­mier pré­sident de l’écurie. C’est aus­si un sport ras­sem­bleur, plu­tôt man­quant dans notre cur­sus à l’X, et un domaine sti­mu­lant d’innovation. Ain­si, tout lais­sait à pen­ser que la créa­tion d’une écu­rie serait une très bonne idée.

Un projet formateur

Tout d’abord, étant don­né son regain de popu­la­ri­té ces der­nières années, le sport auto­mo­bile est une pas­sion qui ras­semble plus que jamais. Il regroupe des mil­liards de télé­spec­ta­teurs chaque année et des dizaines de mil­liers d’étudiants sont impli­qués au sein de la com­pé­ti­tion de For­mu­la Student à tra­vers l’une des 600 équipes pré­sentes sur la grille. Au-delà des chiffres, comme le sport auto­mo­bile est un tra­vail de groupe, par­ti­ci­per à la For­mu­la Student crée une cohé­sion et des ami­tiés entre les élèves, ingré­dient essen­tiel à la vie sur le platâl. 

Ensuite, en tant qu’étudiants à l’X, nous étions ravis de nos cours, mais tout de même assez frus­trés. Notre cur­sus, en grande par­tie théo­rique et man­quant par­fois de pro­jets pra­tiques, ne nous four­nis­sait pas toutes les com­pé­tences néces­saires pour deve­nir ingé­nieur en méca­nique. Nous man­quions notam­ment d’expérience en modé­li­sa­tion et en simu­la­tion, com­pé­tences sou­vent deman­dées lors de stages de 2A et 3A dans le milieu auto­mo­bile. Créer une écu­rie qui nous forme et qui donne l’occasion à n’importe quel étu­diant du pla­teau de se for­mer était donc un avan­tage de taille. 

Enfin, la For­mu­la Student, c’est aus­si un domaine d’innovation qui, grâce à un règle­ment qui laisse libre cours à l’imagination, pousse les élèves à avoir des idées ori­gi­nales et inno­vantes. Comme nous le confirme Ross Brawn, l’ancien direc­teur géné­ral de la For­mule 1 : « Il ne reste plus que deux com­pé­ti­tions vrai­ment inno­vantes au sein du monde auto­mo­bile, la For­mule 1 et la For­mu­la Student. » 

Les débuts de l’équipe

Le constat était donc simple. Créer une équipe de For­mu­la Student pou­vait se révé­ler un pro­jet ras­sem­bleur et inno­vant tou­chant une sphère sous-déve­lop­pée du cur­sus de l’X. Une équipe sou­dée, moti­vée et ambi­tieuse exis­tait déjà. L’équipe fon­da­trice, consti­tuée d’Arthur Rozan (X21 – pré­sident), Clé­ment Dons­tet­ter (X21 – CTO), Vincent Schultz (X21 – res­pon­sable Aéro), était prête à rele­ver ce défi.

Comme pour tout pro­jet, nous avons com­men­cé par une vaste récolte d’informations. Nous avons contac­té les écu­ries déjà exis­tantes pour leur poser tout un tas de ques­tions à tra­vers des Zoom de plu­sieurs heures, exa­mi­né l’intégralité du règle­ment tech­nique, et nous avons lu un grand nombre d’articles et de forums sur le sujet. Le pro­jet, nous le savions, allait deman­der un temps consé­quent et une orga­ni­sa­tion tita­nesque (recru­te­ment de dizaines de coéqui­piers, mana­ge­ment, pôles tech­niques, finances, coor­di­na­tion) mais l’envie sur­pas­sait l’appréhension. Nous allions avoir besoin d’une équipe d’au moins cin­quante per­sonnes, un déve­lop­pe­ment de plu­sieurs années et des dizaines de mil­liers d’euros. Pour accueillir cette struc­ture, nous avons par consé­quent envi­sa­gé d’aller au-delà des limites de l’X. L’Institut Poly­tech­nique de Paris était le choix idéal pour héber­ger notre pro­jet. De cette manière, nous aurions accès à un grand nombre d’étudiants avec dif­fé­rentes spé­cia­li­tés et à plus de moyens.

« Inscrire le projet IP Paris Racing Team dans la durée, développer nos compétences techniques et managériales, faire rayonner l’excellence de nos écoles et remporter des trophées. »

Nous nous sommes donc fixé des objec­tifs : ins­crire le pro­jet dans la durée, déve­lop­per nos com­pé­tences tech­niques et mana­gé­riales, faire rayon­ner l’excellence de nos écoles et rem­por­ter des tro­phées. La date de 2026 a été fixée, avec comme objec­tif le prix de Best New­co­mer (meilleur débu­tant sur la grille). Ces ambi­tions en tête, nous avons ain­si recru­té 90 élèves de 5 écoles et de 23 natio­na­li­tés dif­fé­rentes, répar­tis en 10 pôles.

Nos pre­miers pas en tant qu’écurie furent un défi. À la suite de la répar­ti­tion en pôles, chaque équipe a cher­ché son domaine et s’est pro­cu­ré des res­sources diverses sur le sujet. Paral­lè­le­ment, un des pre­miers objec­tifs était d’acquérir les logi­ciels néces­saires au déve­lop­pe­ment de la mono­place. Grâce à notre pre­mier spon­sor, Das­sault Sys­tèmes, nous avons pu récu­pé­rer des licences 3D Expé­rience qui nous per­mettent de construire et de modé­li­ser notre châs­sis. Avec tout cela sous la main, les équipes ont donc pu adop­ter un rythme régu­lier de déve­lop­pe­ment de la mono­place. La machine était lancée.

Bureau de l'IP Paris Racing Team
Bureau 2024–2025 de l’IP Paris Racing Team ; de gauche à droite : Arnaud Bar­rat (Ensae), Alexis Bon­neau (Télé­com Paris), Adrien Gold­szal (X22), Gré­goire Dela­chaux (Ens­ta) et Hugo Que­niat (Télé­com Paris).

Le progrès, aujourd’hui

Plus d’un an et demi après la créa­tion de notre écu­rie, le pro­jet est en bonne voie. La pre­mière pas­sa­tion de suite au bureau a eu lieu en vue du départ des X21 du pla­tâl. Adrien Gold­szal (X22) a repris les rênes de l’écurie avec une ambi­tion et une moti­va­tion dignes de la ligne de l’équipe fon­da­trice : « Aujourd’hui, nous conti­nuons dans l’élan de ce qui a été lan­cé par les fon­da­teurs, pour com­men­cer à concré­ti­ser notre pro­jet : ter­mi­ner les simu­la­tions, ain­si que l’achat des com­po­sants de notre mono­place, et lan­cer la pro­duc­tion d’un pre­mier châs­sis » indique-t-il.

Aujourd’hui, nous assis­tons à un chan­ge­ment de vitesse de notre pro­jet. Nous venons éga­le­ment d’acheter des com­po­sants élec­tro­niques, des cel­lules de bat­te­rie, un moteur, et nous allons bien­tôt rece­voir les tubes en acier de notre par­te­naire Pou­chard pour réa­li­ser le châs­sis de la mono­place. Quant aux com­po­sants, nous sommes éga­le­ment en train de jon­gler entre effi­ca­ci­té et contrainte bud­gé­taire, afin de main­te­nir nos ambi­tions au plus haut sans nuire à la via­bi­li­té du projet.

Un projet faisant face à de nombreux défis

Par-delà une pro­messe de pro­jet excep­tion­nelle, les enjeux humains et finan­ciers de notre pro­jet sont de taille.
Les trois grands défis aux­quels notre écu­rie fait face se résument en ces mots : inté­grer, moti­ver et promouvoir.

Inté­grer les membres dans l’association. Un pro­jet étu­diant d’une telle ampleur requiert une syner­gie entre ses membres pour assu­rer une bonne cohé­sion et coor­di­na­tion. Or, sur le pla­tâl, les visages changent presque tous les ans et les pôles se recom­posent conti­nuel­le­ment. On a alors trou­vé une solu­tion simple : se ren­con­trer et se retrou­ver régu­liè­re­ment pour créer une iden­ti­té et un sen­ti­ment d’appartenance. Que ce soit dans le cadre de réunions, de tra­vail col­lec­tif en pré­sen­tiel ou d’afterwork, le Drahi‑X Nova­tion Cen­ter devient notre pad­dock tous les jeu­dis soir où chaque pôle se retrouve pour un point heb­do­ma­daire. Nous orga­ni­sons aus­si ponc­tuel­le­ment des évé­ne­ments convi­viaux pour ren­con­trer les nouveaux.

“Intégrer, motiver et promouvoir.”

Moti­ver à tra­vailler sur un pro­jet dont l’aboutissement est pré­vu pour 2026. L’intégration est la pre­mière étape pour moti­ver les membres, mais la plus grande dif­fi­cul­té réside dans le fait de les moti­ver à tra­vailler sur un pro­jet qu’ils n’auront pour cer­tains pas la chance de voir ache­vé en rai­son des fins de sco­la­ri­té et dont l’avancement peut sem­bler a prio­ri lent. Cette impres­sion est prin­ci­pa­le­ment due à la dif­fi­cul­té tech­nique du pro­jet et au cahier des charges. La modélisa­tion de la voi­ture est com­plexe et une série de tests préa­lables sont néces­saires avant d’entamer la phase de fabri­ca­tion. Cepen­dant, ce pro­blème devrait progres­sivement dis­pa­raître, puisque la voi­ture va prendre forme grâce aux tubes en acier de notre par­te­naire Pou­chard et au moteur que nous venons d’acheter.

Question de moyens

Pro­mou­voir notre pro­jet afin de récol­ter des fonds ain­si que du maté­riel. En com­men­çant notre pro­jet en 2022, nous avons d’abord dû construire sa cré­di­bi­li­té. Cela n’a pas été simple mais, au vu de notre déter­mi­na­tion et de notre prise d’initiative, cela a rapi­de­ment fonc­tion­né. Ensuite, après avoir éta­bli la liste de nos besoins finan­ciers et maté­riels, il a fal­lu prou­ver notre valeur com­mer­ciale auprès de poten­tiels partenaires.

Katia Char­don, res­pon­sable du pôle com­mu­ni­ca­tion de l’IP Paris Racing Team, raconte : « Notre but est de créer une image de marque forte en défi­nis­sant clai­re­ment notre mis­sion, nos valeurs et notre vision. En par­ta­geant nos avan­cées sur les réseaux sociaux et en valo­ri­sant nos spon­sors, nous démon­trons éga­le­ment le poten­tiel com­mer­cial d’un par­te­na­riat avec notre écu­rie. Avec Das­sault Sys­tèmes, nous réa­li­sons notam­ment plu­sieurs vidéos mon­trant les dif­fé­rentes étapes de notre pro­jet ». L’IP Paris Racing Team est en somme non seule­ment un défi tech­nique et entre­pre­neu­rial, mais éga­le­ment un ter­reau fer­tile pour le déve­lop­pe­ment de nos com­pé­tences managériales.

Réunion de l'IP Paris Racing Team
Réunion heb­do­ma­daire de l’IP Paris Racing Team au Drahi‑X Nova­tion Center.

Les objectifs du nouveau bureau

Ayant repris les rênes récem­ment, le nou­veau bureau est plein d’ambitions. Ambi­tion entre­pre­neu­riale : ini­tier, s’informer, déve­lop­per, s’adapter, ache­ver. Notre pro­jet émane de cette ambi­tion. L’ancien pré­sident Arthur Rozan (X21) a fon­dé cette asso­cia­tion en par­tie pour acqué­rir de l’expérience dans l’entrepreneuriat. Apprendre de ses réus­sites, de ses erreurs, faire preuve de rési­lience, croire en soi, en son équipe, en son pro­jet, telles sont les valeurs qui l’animent. Il effec­tue ain­si sa 4A à HEC Paris, en mas­ter X HEC Entre­pre­neurs. Nous por­tons aus­si une ambi­tion de rap­pro­che­ment avec les entre­prises de l’industrie automobile.

L’IP Paris Racing Team n’est pas qu’un simple pro­jet entre­pre­neu­rial. Nous vou­lons déve­lop­per des com­pé­tences et des connais­sances spé­ci­fiques à cette indus­trie, pour per­mettre à nos membres d’intégrer les entre­prises de ce sec­teur et d’accompagner la tran­si­tion envi­ron­ne­men­tale – les sports auto­mo­biles étant pro­pices aux inno­va­tions dans le sec­teur des trans­ports. En effet, la course auto­mo­bile, en par­ti­cu­lier la For­mule 1, mais aus­si récem­ment la For­mule E, depuis sa créa­tion il y a dix ans, à tra­vers leur quête per­pé­tuelle d’amélioration des per­for­mances, jouent et ont joué un rôle clé dans l’évolution des tech­no­lo­gies uti­li­sées dans le sec­teur auto­mo­bile. On pense notam­ment aux sys­tèmes de récu­pé­ra­tion d’énergie ciné­tique (KERS en anglais), déve­lop­pés dans les années 2010, qui entrent pro­gres­si­ve­ment dans la concep­tion des voi­tures en vente sur le marché.

« La course automobile, en particulier la Formule 1, mais aussi récemment la Formule E, à travers leur quête perpétuelle d’amélioration des performances, jouent un rôle clé dans l’évolution des technologies utilisées dans le secteur automobile. »

Alors que les voi­tures de For­mule E arrivent aujourd’hui à régé­né­rer plus de 40 % de l’énergie dépen­sée à tra­vers divers méca­nismes déve­lop­pés au cours de ses dix sai­sons d’existence, ain­si qu’à atteindre des seuils de puis­sance géné­rés tou­jours crois­sants, la For­mule 1 uti­lise aujourd’hui un sys­tème de moteur hybride per­met­tant une baisse d’émissions de 26 % pour une aug­men­ta­tion en puis­sance de 20 %. Il est donc clair que ces com­pé­ti­tions, pous­sant les limites des tech­no­lo­gies exis­tantes, sont un véri­table ter­reau pour les inno­va­tions de demain.

Espoirs et confiance

Nous espé­rons que notre asso­cia­tion devienne éga­le­ment une porte d’entrée dans ce sec­teur grâce aux stages, comme cela a pu être le cas pour Vincent Schultz (X21), fon­da­teur et ancien Team Lea­der du pôle aéro­dy­na­mique, qui a eu la pos­si­bi­li­té d’effectuer son stage de 2A et son stage de césure chez Aston Mar­tin Per­for­mance Tech­no­lo­gies. Enfin nous por­tons une ambi­tion de péren­ni­té : notre objec­tif est de lan­cer un pro­jet qui sera repris par les géné­ra­tions futures pour s’inscrire dans la durée et s’imposer au For­mu­la Student, grâce à l’expertise acquise au cours des années. Hâte de vous retrou­ver au pre­mier virage !


Pour en savoir plus et nous soutenir : 

Nous serions ravis de béné­fi­cier de vos conseils et de votre sou­tien. Notre écu­rie est en déve­lop­pe­ment conti­nu et nous sommes acti­ve­ment à la recherche de sou­tiens tech­niques et finan­ciers. Pour rejoindre l’équipe, n’hésitez donc pas à nous suivre sur les réseaux sociaux et à nous contac­ter ! Voi­ci quelques liens utiles. Site web de l’association : https://ipparisracingteam.binets.fr/

Compte Lin­ke­dIn : https://www.linkedin.com/company/ip-paris-racing-team/posts/?feedView=all

Adresse e‑mail de contact pour tout ren­sei­gne­ment ou demande : alexandre.bismuth@polytechnique.edu

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