Bachelor cybersécurité de l’EPITA-École polytechnique.

Lire le monde pour préparer une LPM ?

Dossier : Loi de programmation militaireMagazine N°797 Septembre 2024
Par Bertrand LE MEUR (X85)

Com­prendre ce qui se joue ou se joue­ra dans le domaine des rela­tions inter­na­tio­nales et de la com­pé­ti­tion de puis­sance est évi­dem­ment essen­tiel dans la défi­ni­tion d’une loi de pro­gram­ma­tion mili­taire (LPM) pour éclai­rer le futur des mis­sions de la défense qui, elles, s’inscrivent dans le temps long. Or le contexte actuel de la géos­tra­té­gie est très mou­vant. La com­pé­ti­tion stra­té­gique revient en force. C’est la fin d’une époque. La LPM relève ce défi par une réflexion per­ma­nente et adaptée.

La guerre en Ukraine a domi­né l’actualité de la défense de ces deux der­nières années. Pour­tant, elle ne repré­sente qu’un aspect d’un envi­ron­ne­ment inter­na­tio­nal très dégra­dé, por­teur de nom­breuses autres crises poten­tielles ou avé­rées, avec la double incer­ti­tude de leurs pro­ta­go­nistes et de leur forme. La seule qua­si-cer­ti­tude est que plu­sieurs d’entre elles se concré­ti­se­ront plus tôt qu’envisagé : les épi­sodes des 3 et 17 avril 2024 entre Israël et l’Iran l’ont démon­tré. S’il s’agit de la mani­fes­ta­tion la plus visible de la fin d’une période de sta­bi­li­té qu’on peut faire remon­ter à la chute de l’URSS, il y a là une accé­lé­ra­tion de l’histoire qui questionne.

Des changements déstabilisants

La loi de pro­gram­ma­tion mili­taire votée en 2023 s’appuie sur une pro­po­si­tion d’analyse de l’environnement inter­na­tio­nal décrite dans la pre­mière par­tie de la Revue natio­nale stra­té­gique de 2022, qui a ser­vi de fil conduc­teur. L’objet de cet article ne sera pas d’en faire une exé­gèse : cette RNS est rela­ti­ve­ment com­pacte et reste acces­sible. En tout état de cause, elle donne une vision de ce qu’était l’analyse géos­tra­té­gique en 2022, alors même que la guerre en Ukraine avait com­men­cé. Mais en deux ans que de chan­ge­ments, que d’interrogations ouvertes ! Le pre­mier dîner entre amis per­met de mesu­rer la pro­fon­deur de la per­plexi­té des uns et des autres, la diver­si­té des grilles de lec­ture. Nous allons sur­tout essayer dans cet espace de don­ner quelques pro­po­si­tions d’enseignements à tirer de ces deux ans, pour offrir le début d’une grille de lecture.

La dégradation du contexte global

Le pre­mier d’entre eux est cer­tai­ne­ment celui d’une accé­lé­ra­tion de la dégra­da­tion du contexte glo­bal : la guerre en Ukraine, la guerre de Gaza, l’assertivité de l’Iran, la remise en cause de nom­breux prin­cipes inter­na­tio­naux et des trai­tés signés, l’émergence d’un Sud glo­bal, la remise en cause des alliances anciennes et l’émergence de nou­velles pro­po­si­tions, comme celle des BRICS dont l’assise s’étend, sont autant de signes de cette dégradation.

Si cer­taines hypo­thèses en fai­saient état, leur maté­ria­li­sa­tion appa­rais­sait tou­jours comme loin­taine, sou­vent sus­cep­tible d’être décou­ra­gée par dif­fé­rents méca­nismes (sanc­tions, pres­sions, diplo­ma­tie…) sou­vent occi­den­taux, dont l’efficacité semble s’éroder. Ce qui en résulte, c’est la géné­ra­li­sa­tion des coups de canif des uns et des autres pour remettre en cause la gou­ver­nance mon­diale, refu­ser les pro­po­si­tions de l’Occident (dont le modèle des démo­cra­ties) afin d’ouvrir des espaces pour des agen­das natio­na­listes ou régio­naux qui seraient non contraints. Et ces crises se répondent, s’autoentretiennent, ouvrent des pos­si­bi­li­tés nou­velles. Il ne s’agit plus de réflé­chir à une crise, mais à plu­sieurs simul­ta­né­ment. L’étirement des pré­oc­cu­pa­tions occi­den­tales qui en résulte est en soi une vic­toire pour certains.


Lire aus­si : La loi de pro­gram­ma­tion mili­taire (LPM) : tech­niques et politique


Un effacement de la notion de géopolitique

Le second ensei­gne­ment est peut-être celui d’un rela­tif effa­ce­ment de la notion de géo­po­li­tique, dans le sens non seule­ment de la lec­ture des rela­tions inter­na­tio­nales sous l’angle de la géo­gra­phie et des alliances, mais aus­si dans le sens de l’expression de la com­pé­ti­tion de puis­sance qui a lar­ge­ment per­du son ancrage géo­graphique. Ce monde devient chaque jour de plus en plus dif­fi­cile à lire et à com­prendre d’abord parce que les alliances, quand elles existent, ont per­du leur dimen­sion mono­li­thique pour deve­nir « à géo­mé­trie variable », en fonc­tion des thèmes et des inté­rêts, sans allé­geance unique. La notion d’alignement a dis­pa­ru, les États « font leur marché ».

“La compétition de puissance a largement perdu son ancrage géographique.”

Les consé­quences pour la défense sont sen­sibles : savoir qui sera aux côtés de la France face à une crise ne peut plus être consi­dé­ré pour acquis sur la base des rela­tions que nous entre­te­nons, qui res­tent bien sûr indis­pen­sables, mais dépen­dra de l’analyse des autres fac­teurs que fera le par­te­naire poten­tiel : son com­merce, sa dette, ses rela­tions régio­nales, ses flux éner­gé­tiques, céréa­liers…, tous des exemples vécus. Chaque crise rebat les rela­tions, elle appelle de nou­velles dis­cus­sions et ce qui était acquis encore hier en matière de rela­tions ne l’est plus aujourd’hui. Les exemples sont nom­breux, de la Tur­quie (membre de l’Otan quand même) aux pays du Golfe (dont les rela­tions avec la Chine se déve­loppent rapi­de­ment) en pas­sant par les pays africains…

Les actions hybrides

La géo­gra­phie, autre­fois une contrainte, devient une notion rela­tive, trans­fé­rée dans des milieux déma­té­ria­li­sés ou de logiques de flux mon­diaux qui ouvrent de nou­veaux hori­zons pour une com­pé­ti­tion de puis­sance renou­ve­lée, où la contes­ta­tion devient la norme pour cer­tains acteurs, capables de recou­rir au déni plau­sible de leurs actions hybrides. Ain­si des champs numé­riques où le cyber reste la menace prin­ci­pale, mais aus­si du champ de l’informa­tion où le déve­lop­pe­ment d’actions de mani­pu­la­tion démontre tous les jours que notre per­cep­tion de la situa­tion stra­té­gique peut être affec­tée, l’espace qui perd son sta­tut de sanc­tuaire, les fonds marins de plus en plus essen­tiels mais suf­fi­sam­ment opaques pour offrir à cer­tains de nom­breuses possibilités.

Le retour du nucléaire

La période en cours confirme éga­le­ment le retour du fait nucléaire. Ce bond en arrière de trente ans qui n’est pas seule­ment celui résul­tant du recours à une menace nucléaire en Ukraine par la Rus­sie ou celui du déve­lop­pe­ment opaque d’un arse­nal chi­nois très sub­stan­tiel et a prio­ri sans lien avec la doc­trine affichée. 

L’affaiblissement pro­gres­sif de la norme de non-pro­li­fé­ra­tion ins­tau­rée par le trai­té épo­nyme et la trans­gres­sion au début du siècle par la Corée du Nord qui en fait un ins­tru­ment de per­tur­ba­tion mon­diale dis­pro­por­tion­né dans les mains d’un régime hors de rai­son, et sur­tout par l’Iran qui, s’il n’a pas offi­ciel­le­ment ou offi­cieu­se­ment fran­chi le seuil de la déten­tion d’arme, dis­pose, et il faut croire l’AIEA (Agence inter­na­tio­nale de l’énergie ato­mique), d’une quan­ti­té suf­fi­sante pour pro­duire des armes, sont des pré­oc­cu­pa­tions réelles, pour nous, pour les États dotés, mais aus­si pour leurs voi­sins dont cer­tains se posent des ques­tions à haute voix.

La prolifération des technologies

Le der­nier élé­ment qui pèse sur la lec­ture de la com­pé­ti­tion de puis­sance est cer­tai­ne­ment celui de la pro­li­fé­ra­tion des tech­no­lo­gies. L’Iran en est une illus­tra­tion très par­lante. Notre supé­rio­ri­té tech­no­lo­gique s’érode et n’est plus une garan­tie abso­lue de supé­rio­ri­té mili­taire, même si elle en reste une condi­tion néces­saire. La dis­sé­mi­na­tion tech­no­lo­gique existe dans l’environ­nement de défense. Nos adver­saires, nos com­pé­ti­teurs, ont com­pris que, dans des éco­no­mies déma­té­ria­li­sées, mon­dia­li­sées, de plus en plus ouvertes, les tech­no­lo­gies les plus sen­sibles deviennent acces­sibles (hor­mis pour quelques niches très par­ti­cu­lières) pour peu qu’un pays s’en donne les moyens.

Acces­sibles parce que sou­vent duales, parce que les contrôles sont par­fois défaillants ou contour­nables, avec le sou­tien d’États « rebonds » qui y trouvent un inté­rêt. Dire que notre sys­tème glo­bal de lutte contre la dif­fu­sion des tech­no­lo­gies sen­sibles ou utiles pour un usage mili­taire n’atteint pas son objec­tif n’est qu’une réa­li­té, confir­mée par les actions de l’Iran et de la Corée du Nord, les deux pays les plus sanc­tion­nés du monde !

Mise en œuvre du canon Caesar.
Mise en œuvre du canon Caesar.

La masse face à la qualité

Ain­si, l’accès à cer­taines capa­ci­tés (mis­siles, drones, cyber, pour citer les prin­ci­pales) n’est plus contraint que par­tiel­le­ment et per­met une pro­li­fé­ra­tion de solu­tions qui, si elles ne sont pas au meilleur état de l’art mon­dial, jouent sur le rap­port entre le coût de l’offensive et celui de la défensive.

L’exemple des actions Hou­this en mer Rouge est à ce titre éclai­rant. Des tri­bus, proxys de l’Iran, État sanc­tion­né, elles-mêmes en guerre civile, se font livrer ou pro­duisent des mis­siles en nombre, dotés de per­for­mances pré­oc­cu­pantes et démon­trées, qu’elles par­viennent à uti­li­ser mal­gré des frappes régu­lières de deux des nations les plus avan­cées en matière mili­taire, cau­sant un tort ines­ti­mable au com­merce mondial.

La ten­dance à une confron­ta­tion dans laquelle la masse pour­rait sup­plan­ter la qua­li­té regagne un cré­dit opé­ra­tion­nel que les divi­dendes de la fin de la guerre froide (les fameux divi­dendes de la paix), confor­tés par trente années de lutte contre le ter­ro­risme, avaient par­tiel­le­ment occulté.

Le retour de la compétition stratégique

Tout cela nous décrit un monde où la com­pé­ti­tion stra­té­gique revient en force. Par stra­té­gique, je retiens la défi­ni­tion d’André Beaufre : « La dia­lec­tique des volon­tés employant la force pour résoudre les conflits. » Ce qui se joue aujourd’hui, dans le domaine diplo­ma­tique et de défense, est la ques­tion de la puis­sance poli­tique assise sur une capa­ci­té à impo­ser sa volon­té, celle de la gram­maire du rap­port de force rede­ve­nue incon­tour­nable pour pro­mou­voir des inté­rêts. Et cela peut se voir à grande échelle (l’obsession amé­ri­caine de la Chine et réciproque­ment), mais aus­si à des échelles moins pla­né­taires, éven­tuel­le­ment sous le cou­vert du para­pluie plus ou moins assu­mé d’un allié plus gros (l’Iran avec la Chine et la Rus­sie, la Tur­quie avec les États-Unis, la Corée du Nord avec la Chine…).

Persistance des menaces anciennes

En cela, c’est à la fin d’une époque que nous assis­tons, celle des trente ans qui ont sui­vi la chute du mur de Ber­lin, trente ans tour­nés vers les opé­ra­tions exté­rieures, vers la lutte contre le ter­ro­risme, trente ans sous le sceau de divi­dendes de la paix et donc un cer­tain modèle de défense occi­den­tal qui doit s’adapter.

Pour autant, les élé­ments tra­di­tion­nels de l’univers stra­té­gique et mili­taire qui nous entoure n’ont pas bais­sé d’intensité : le ter­ro­risme reste la grande menace pour le conti­nent afri­cain ou une part impor­tante du Moyen-Orient ; les orga­ni­sa­tions cri­mi­nelles seront bien­tôt en capa­ci­té de construire des « nar­co-États » et maî­trisent la gram­maire de la per­tur­ba­tion (notam­ment les migra­tions, par­fois avec la com­pli­ci­té de cer­tains États) ; les consé­quences de la trans­for­ma­tion de nos lignes d’énergie, en créant de nou­velles dépen­dances (notam­ment aux maté­riaux) font appa­raître de nou­velles zones d’instabilité et per­sonne ne mesure plei­ne­ment les consé­quences du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur les désta­bi­li­sa­tions régio­nales (accès aux res­sources, com­pé­ti­tion hydrique, migra­tions, acca­pa­re­ment des terres…).

“La compétition stratégique, globale ou régionale, qui se développe, nous concerne souvent au premier chef.”

La com­pé­ti­tion stra­té­gique, glo­bale ou régio­nale, qui se déve­loppe, nous concerne sou­vent au pre­mier chef, du fait de notre sta­tut d’État doté de l’arme nucléaire, de nos Outre-mer, de nos alliances ou de notre place en Europe. Mais les mul­tiples dimen­sions dans les­quelles elle se déploie nous obligent à l’appréhender dans le cadre de nos alliances et de nos rela­tions bilatérales.

Les flottements des USA

Les États-Unis res­tent évi­dem­ment les pre­miers acteurs stra­té­giques mon­diaux, dis­po­sant à la fois des capa­ci­tés mili­taires, diplo­ma­tiques, éco­no­miques, tech­no­lo­giques pour peser sur l’ensemble du spectre de la com­pé­ti­tion. Tou­te­fois, la com­pé­ti­tion avec la Chine pour le lea­der­ship indo­pa­ci­fique et mon­dial et les effets de bord de la poli­tique inté­rieure ont des effets visibles et sont d’ailleurs une des com­po­santes de l’ouverture des espaces de com­pé­ti­tion stra­té­gique évoquée. 

Cela se lit par­ti­cu­liè­re­ment au Moyen-Orient : depuis le retrait de Kaboul en 2020, la concré­ti­sa­tion d’une auto­no­mie éner­gé­tique rela­ti­vise la place du Moyen-Orient dans leurs enjeux et ouvre un espace d’influence dans une zone que l’Europe ne peut aban­don­ner face à la Chine, la Rus­sie ou l’Iran. Les tur­bu­lences de la poli­tique inté­rieure amé­ri­caine ont aus­si des effets, d’ores et déjà per­cep­tibles chez cer­tains alliés qui s’inquiètent de la péren­ni­té des enga­ge­ments de sécu­ri­té de Washing­ton. Il fau­dra un cré­dit poli­tique et une per­sé­vé­rance hors norme au pro­chain diri­geant US qui vou­dra démon­trer la force et la cré­di­bi­li­té des enga­ge­ments de sécu­ri­té de Washington.

Résurrection de l’Otan

L’Otan reste bien enten­du la pierre angu­laire de nos alliances. Notre par­ti­ci­pa­tion y est pro­fonde, constante, mais l’agenda de l’Otan ne sau­rait rai­son­na­ble­ment se dis­per­ser au-delà de sa mis­sion nord-atlan­tique au risque de l’étirement dérai­son­nable de nos forces. S’éloignant de la zone de « mort céré­brale » sous l’impulsion de la France, revi­go­rée par l’invasion russe en Ukraine, l’Otan est rede­ve­nue un acteur essen­tiel de la pos­ture de dis­sua­sion et de défense en Europe. C’est un élé­ment de sta­bi­li­té, d’appui essen­tiel, qui devra confir­mer une capa­ci­té à mettre en place un concept stra­té­gique et capa­ci­taire très ambi­tieux. La France y joue toute sa place.

L’Europe enfin ?

L’Europe, enfin, s’est dotée d’une bous­sole stra­té­gique en 2022. C’est un pro­grès essen­tiel. Mais, si l’Europe s’est don­né des moyens d’œuvrer dans le domaine de la défense et de la sécu­ri­té (notam­ment sous l’angle indus­triel et capa­ci­taire), sa capa­ci­té à jouer son rôle dans la com­pé­ti­tion stra­té­gique mon­diale reste encore à conso­li­der. Nous devons déve­lop­per cette notion de « pilier euro­péen dans l’Otan » qui dote­ra notre conti­nent d’une réelle auto­no­mie stra­té­gique. C’est une his­toire en marche, les pro­grès sont là, cer­tai­ne­ment trop lents cepen­dant face au rythme que le monde lui impose.

Continuité et anticipation

Construire une LPM dans ce contexte conduit à rele­ver un double défi : assu­rer la conti­nui­té des pro­grammes qui res­tent indis­pen­sables au socle de la défense du pays et pré­pa­rer, par dif­fé­rents moyens, les solu­tions néces­saires pour les conflits de demain. C’est affron­ter la part d’incertitude qui advien­dra, tout en offrant au déci­deur poli­tique la confiance néces­saire dans son appa­reil de défense pour les com­pé­ti­tions qu’il doit affron­ter dès aujourd’hui, lui garan­tir qu’il ne pré­pare pas la guerre de demain sur les seules leçons de celles d’aujourd’hui.

La prise de risque que cela sup­pose n’a de sens que si elle est sous-ten­due non seule­ment par une réflexion stra­té­gique per­ma­nente sur l’évolution de la com­pé­ti­tion et de la conflic­tua­li­té, mais aus­si par une connais­sance des inten­tions de nos com­pé­ti­teurs : le ren­sei­gne­ment, la réflexion pros­pec­tive en sont des consti­tuants indis­pen­sables. Mais l’adaptation perma­nente de l’appareil de défense, opé­ra­tion­nel ou indus­triel, son agi­li­té et sa capa­ci­té d’adaptation sont aus­si des condi­tions néces­saires. C’est tout le sens des dif­fé­rentes com­po­santes de la LPM. 

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