Louis-Christian MICHELET (37), grand témoin d’un siècle tourmenté
L’itinéraire très original de ce grand soldat est peut-être unique dans l’histoire de l’armée.
Jeune artilleur sorti de l’École polytechnique à la veille de la guerre, il tire, au sud de Sedan, sur les fortifications de la ligne Maginot pour en chasser les assaillants.
L’armistice conclu, il choisit l’obéissance mais demande à partir pour la Syrie où il sert sous les ordres du général Dentz, puis en Algérie. Comme il se trouve en permission en France lors du débarquement allié, il passe par l’Espagne et ses prisons pour rejoindre son unité qui intègre la 1ère armée.
Avec elle, il commande en Italie une unité d’artillerie blindée. Après le débarquement de Provence, il participe aux combats de Toulon, remonte le Rhône, et livre devant Colmar un combat frontal avec des blindés allemands, qu’il détruit.
DE LA CORÉE À L’ALGÉRIE
La guerre finie, il suit coup sur coup les cours de l’École d’application de l’artillerie, de l’École nationale supérieure de l’armement, de l’École d’état-major, puis il part aux États-Unis dont il revient breveté d’état-major (USA), et certifié de l’Ordnance Officer Advanced Course.
De retour à Paris, il suit les cours de l’École de guerre. Parfaitement formé aux méthodes américaines, il part alors pour la Corée comme officier de liaison entre les troupes françaises et le commandement américain.
En désaccord avec la politique française en Algérie où il sert depuis deux ans, il donne sa démission en 1957.
UN PALMARÈS TRÈS LARGE
Le palmarès de diplômes et décorations de Louis-Christian Michelet est peu commun : commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, Croix de guerre 39–45 TOE – France 1940, Italie 1943, Allemagne 1944, Corée 1946… – ornées de plusieurs palmes et d’étoiles, Silver Star Medal et Bronze Star américaines, École nationale supérieure de l’armement, diplômé du Command and General Staff College américain (Fort Leavenworth).
RETOUR À LA VIE CIVILE
Louis-Christian Michelet commence une seconde carrière dans l’automobile comme directeur à la Chambre syndicale des constructeurs automobiles (1959−1967), puis comme directeur général de l’UTAC (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle) (1967- 1983).
“ Historien scrupuleux, cet auteur bilingue base ses études sur une très large documentation ”
Puis se lance dans une troisième carrière en prenant sa retraite : devenu docteur en histoire de l’université de Poitiers, il publie plusieurs ouvrages sur le conflit mondial, l’armée d’Afrique du Nord et la campagne de Tunisie. Historien scrupuleux, cet auteur bilingue base ses études sur une très large documentation.
Son livre de souvenirs, La Flamme de la Revanche, constitue un témoignage important qui aide à comprendre certains aspects d’une époque de controverses et son dernier ouvrage, La légende gaullienne, lui a valu quelques réactions hostiles.
Mais ses travaux très renseignés témoignent d’une documentation large et précise.
Ceux qui ont connu cette personnalité éminente gardent le souvenir d’un homme affable et accueillant qui eut la chance de conserver jusqu’au bout une mémoire extraordinaire et une grande lucidité.
Commentaire
Ajouter un commentaire
Louis-Christian Michelet
Il est heureux de trouver dans « La Jaune et la Rouge » un article sur Louis-Christian Michelet, article qui met bien en valeur les divers aspects de la personnalité de notre camarade : chef avisé au combat et historien exigeant. Merci.