L’UCHRONIE
Qu’est-ce que l’uchronie ? C’est l’histoire telle qu’elle aurait pu être, si un événement contingent avait changé son cours, par exemple si Louis XVI avait dépassé Varennes. Cette branche de la science historique, inventée en 1857 par Renouvier, n’est pas considérée comme négligeable par les historiens. Je n’en veux pour preuve que le discours d’Yves-Marie Bercé, président de la très scientifique Société de l’Histoire de France, le 14 juin 2006, et consacré en partie à l’uchronie, qu’il qualifie, quant à lui, d’histoire virtuelle.
Le livre d’Éric Henriet répond à cinquante questions sur le sujet, d’une manière parfaitement érudite et très documentée. Le fait qu’il soit publié par les éditions Klincksieck interdisait d’ailleurs qu’il en soit autrement.
Qu’il me soit permis de formuler un vœu : ne pourrait-on concentrer les uchronies sur des changements du cours de l’histoire dépendant de la volonté d’une seule personne. À titre d’exemple, pour reprendre le cas de Louis XVI, que se serait-il passé s’il n’avait pas rappelé les Parlements, s’il n’avait pas fait la guerre d’Amérique ou s’il s’était retiré à Rambouillet le 5 octobre 1789 ? L’identification de ces aiguillages de l’histoire rendrait, me semble-t-il, l’uchronie moins utopique et moins marquée par l’imagination.
Mais celle-ci n’est-elle pas la « folle du logis » ?