Marc Pélegrin (X43) ingénieur visionnaire du monde aéronautique
Décédé le 1er janvier dernier, Marc Pélegrin a consacré sa vie professionnelle à l’aéronautique. Spécialiste des systèmes de guidage et pilotage, il a très tôt compris la nécessité du couplage recherche enseignement et intégré les contraintes environnementales dans ses travaux.
Marc naît le 28 novembre 1923 à Paris. Son père est ingénieur dans le secteur ferroviaire. Études secondaires et prépa au lycée Saint-Louis. Après l’X, il fait un séjour d’un an à l’université de Rochester où il travaille sur les rayons cosmiques en liaison avec le travail entrepris dans le laboratoire de Leprince-Ringuet. Il fait ensuite SupAéro dont il sort en 1949 et retourne aux USA passer un an au MIT où il débute une thèse sur le calcul statistique des systèmes asservis. Il est docteur ès sciences (Sorbonne 1952).
En 1948, il épouse Renée Leboime, élève de Maurice Denis, peintre de talent dont la vocation a été quelque peu contrariée car elle avait fait le choix avec Marc de donner naissance à une nombreuse famille.
Création du CERA
Marc Pélegrin se consacre très vite à l’aéronautique (pilotage et guidage d’avions et de missiles, études et réalisation du premier simulateur…). Il fonde en 1958 le CERA (centre d’études et de recherches en automatique). Entre 1960 et 1964, il est conseiller scientifique au SHAPE (Supreme Headquarters Allied Powers Europe) et enseigne à l’université de Gand dont il devient docteur honoris causa (Joliot-Curie avait eu cette chaire en 1938).
Il se consacre au développement des sciences des asservissements et des automatismes qu’il professe à SupAéro, faisant autorité par ses publications et ses nombreuses communications dans la plupart des grandes universités étrangères. Chargé du transfert de SupAéro à Toulouse en 1968, il obtient de son ministre de tutelle la création du Centre de recherche de Toulouse, intégré à SupAéro. Ce modèle qui combine enseignement et recherche, dont il est un précurseur, fera école. Il dirige les deux établissements (SupAéro jusqu’en 1978 et le CERT jusqu’en 1988).
Il poursuit ensuite ses activités au sein de l’Académie des technologies, dont il est membre fondateur ; il est vice-président de l’Académie nationale de l’air et de l’espace et devient correspondant de l’Académie des sciences. La liste de ses publications est impressionnante, à commencer par un rapport sur « l’École polytechnique vue par trois élèves sortants après une année d’études aux USA » en 1947.
Les dangers d’une croissance sans limites
Très tôt, Marc a perçu les dangers d’une croissance sans limites dans une planète dont les ressources sont limitées. Anticipant les causes et les conséquences du réchauffement climatique, il militait inlassablement contre la société de consommation. Ses étudiants ont encore en mémoire sa conception d’un couplage indispensable entre enseignement et recherche, et de la nécessité pour l’ingénieur d’avoir une vision planétaire et une vision philosophique qui ne fassent pas du développement un objectif à tout prix.
Il conclut un discours d’accueil aux élèves de SupAéro par cette phrase : « En bref, vous devez intégrer dans vos activités professionnelles des contraintes de nature « sociétales », ce que ma génération n’a pas fait… mea culpa ! »
Tout à la fois pédagogue et animateur de colonie de vacances, moniteur de voile bénévole sur le bassin d’Arcachon, guide de montagne bénévole à La Plagne, il a passé sa vie à expliquer à ses enfants et ses petits-enfants la course des étoiles et les phénomènes scientifiques, leur demandant d’apprendre chaque jour au moins deux choses. Quand il les emmenait au palais de la Découverte, à la Villette ou à la Cité de l’espace, au bout d’un moment il y avait un attroupement autour de lui pour écouter ses explications… Hyperactif, il est resté très sportif jusqu’à plus de 95 ans. Il est vrai qu’il avait mené une vie simple en mangeant chaque matin une pomme… Il avait 6 enfants, 13 petits-enfants et 20 arrière-petits-enfants.