Maurice Allais (1911−2020, X 1931) Toujours méconnu ?
Méconnu, Maurice Allais l’est à plusieurs titres. Bien sûr, sa qualité de « premier prix Nobel français d’économie » lui donne une grande notoriété, mais l’homme, ses idées et son œuvre sont-ils si bien connus ? Certains voient en lui un libéral, voire un ultralibéral, alors que nul plus que lui n’était attaché à la justice sociale. Beaucoup le considèrent, à juste titre, comme un des fondateurs de l’usage des mathématiques en économie, mais le chargent volontiers des excès que cela a pu entraîner. Or Allais a été le premier à s’élever contre l’abus du formalisme mathématique. Et n’oublions pas que la partie la plus connue de son œuvre, le fameux paradoxe d’Allais, peut être considérée comme l’acte fondateur de l’usage en économie des méthodes de la psychologie.
Une partie de l’œuvre d’Allais est aujourd’hui partie intégrante de la discipline économique, en particulier sa théorie de l’équilibre général et de l’optimum, mais une part importante reste aujourd’hui méconnue, même des spécialistes. Maurice Allais a été un grand professeur et a eu de nombreux disciples, souvent brillants, mais il n’a jamais su ou voulu constituer une école de recherche qui aurait explicité, développé et diffusé ses thèses.
Publié à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition du grand économiste et coordonné par sa fille unique Christine Allais, ce bulletin permet de mieux connaître l’homme et son œuvre, dont l’envergure et la diversité impressionnent. Parmi les éminents auteurs de ce numéro, qui ont souvent connu de près Maurice Allais, citons le vice-président de la Sabix, Hubert Lévy-Lambert (53), Thierry de Montbrial (63), président de l’Ifri, le professeur Bertrand Munier, président du conseil scientifique de la Fondation Maurice Allais, et Jean-Claude Trichet, gouverneur honoraire de la Banque de France.