Maurice Rougemont (1893)
Les effets personnels de Maurice Rougemont (X 1893), conservés dans des malles d’officier pendant près de cent ans, sont actuellement exposés à la bibliothèque de l’X, notamment à l’occasion des journées du Patrimoine.
Né en 1871, Maurice Rougemont (X 1893), opte comme beaucoup de ses camarades pour une carrière militaire, qu’il fera dans l’arme « savante » par excellence : le Génie. La Grande Guerre le trouve chef de bataillon. Il meurt sur le front en 1917. Son épouse et sa fille conserveront précieusement ses effets personnels, conservés dans des malles d’officier pendant près de cent ans, dans la maison familiale à Noirmoutier-en‑l’Île, tels qu’ils avaient été restitués par l’armée à la famille. Ce sont ces effets qui sont actuellement exposés à la bibliothèque de l’X, notamment à l’occasion des journées du Patrimoine.
Maurice Rougemont a fait toute sa carrière dans le Génie. En 1902, il est envoyé faire des relevés à Noirmoutier. Il y rencontre celle qui deviendra sa femme. Ils s’installent dans cette maison de famille située sur la place de l’hôtel de ville de Noirmoutier. Les missions s’enchaînent : Lorient pour électrifier l’île de Groix, les Vosges et Alger où il est en poste quand la guerre est déclarée. Pendant un an, il participe à la gestion du rapatriement en France de matériel, chevaux et hommes en direction des ports de Marseille et Toulon pour ensuite rejoindre le front. De retour en France en 1915, il est affecté à la construction des tranchées. Chargé de reconnaître les points de franchissement de l’Ailette et d’un canal détruits par les Allemands, et d’étudier sur place le rétablissement de ces passages, il est tué près du Chemin des Dames le 21 mars 1917.
Une lettre datée du 20 avril 1917 écrite par un de ses sapeurs décrit la découverte de son corps : « Le commandant est mort sans souffrance, tué net et est tombé sur le dos face à l’ennemi… »
L’exposition nous invite à pénétrer dans le silence recueilli de sa maison de Noirmoutier. Le contenu des malles d’officier de Rougemont nous donne à voir, presque à toucher cet homme dans sa vie d’officier, avec ses signes de prestige et de gloire, comme avec les accessoires de la vie la plus quotidienne. Sa croix de guerre y voisine avec son (dernier ?) paquet de cigarettes Abdulla. Sa montre est restée réglée à l’heure précise de sa mort. Il semble avoir juste posé de côté son gobelet pliable en argent. Ses carnets de notes, une pointe sèche taillée dans une balle de mitrailleuse, des croquis évoquent son travail de sapeur. Nous le revoyons aussi jeune polytechnicien, volontiers blagueur… et pouvons admirer sa prestance en grand U. Son bicorne est resté précieusement conservé dans sa « boîte à claque ».
Images silencieuses et immobiles d’une vie qui s’est arrêtée ce 20 avril 1917, vie somme toute banale parmi celles des 898 polytechniciens morts pour la France durant cette guerre, en une époque où l’héroïsme était le quotidien.
Gratitude pour la bibliothèque de l’École pour les photographies et informations utilisées dans cet article.