Mémoires d’un technocrate
Après avoir écrit plusieurs livres, au présent (L’armement à l’heure du désarmement, en 1993), au futur (Quand les Ricains débarqueront, en 2000) et sans limite de temps (L’éthique des armes, en 2008), l’ingénieur général Alain Crémieux (55, branche Air) se penche sur son passé en nous livrant ses Mémoires d’un technocrate.
Partant de ses écoles d’ingénieurs, l’auteur nous fait faire sans pédantisme une courte plongée dans la technique de sa première affectation, puis raconte sa première expérience dans ce qu’on pourrait appeler la diplomatie technique, cette discipline où les relations internationales portent sur des sujets nécessitant les connaissances de l’ingénieur. Il faut croire que ses trois années à l’ambassade de France à Londres lui ont donné le goût de ce type d’activité, riche en expériences et en contacts, puisque ultérieurement il sera chef de mission à Washington et terminera sa carrière d’ingénieur à Bruxelles comme conseiller de l’ambassadeur de France à l’Otan.
Entre-temps il aura dirigé un bureau d’études économiques, fait de la politique industrielle, géré la recherche de l’armement et dirigé le Centre des hautes études de l’armement.
Pour finir (avec le livre, tout au moins), Alain Crémieux a créé au ministère de la Défense un Bureau d’histoire de l’armement qui publie une collection d’ouvrages.
Une carrière très variée, on le voit, qui reflète l’intérêt de l’auteur pour les contacts humains, ce qui donne un caractère universel aux expériences qu’il nous fait partager, à ses aventures et mésaventures. Grâce à ce parcours, le livre éclaire plusieurs rouages de cette machinerie vaste et complexe qu’était la Délégation générale pour l’armement.
Sa lecture est facile. Elle donne l’impression d’une causerie au coin du feu en compagnie d’un collègue ou d’un jeune. C’est en analyste froid, avec un vrai sens de l’autodérision et une modestie loin des hymnes à la gloire personnelle, que l’auteur évoque des événements ayant bénéficié des feux de la rampe et des personnages célèbres. Son maladif sens de l’objectivité est pour beaucoup dans la crédibilité de ses témoignages.
Le titre de l’ouvrage redonne opportunément de la finesse au mot technocrate.