Météorage : La mitigation du risque de foudre et d’orage
La gestion des risques pour les industriels passe aussi par la capacité à prévenir efficacement le risque d’orage et de foudre. C’est le métier de la PME française Météorage qui opère aussi bien en France qu’en Europe et dans le reste du monde.
Entretien avec Dominique Lapeyre de Chavardès, son Président.
Météorage propose aux entreprises des services pour prévenir le risque foudre. Dites-nous-en plus sur votre cœur de métier.
Météorage a un seul métier : fournir des services d’information afin de prévenir et de réduire le risque lié aux orages. Contrairement à d’autres acteurs de ce marché, nous avons fait le choix de nous positionner exclusivement sur cette activité avec une véritable ambition d’excellence. Nous sommes basés à Pau et disposons d’une équipe de 22 personnes. En 2019, nous allons générer un chiffre d’affaires de l’ordre de 4 millions d’euros, contre environ 1 million en 2001, démontrant une croissance soutenue et auto-financée.
Concrètement, comment fonctionnent vos services et quelle est leur valeur ajoutée ?
Ils reposent sur un réseau de détection des impacts de foudre, par triangulation de signaux électro-magnétiques. Nous concentrons à Pau environ 150 capteurs qui nous permettent de couvrir l’ensemble de l’Europe. Chaque impact y est caractérisé, notamment sa localisation avec une précision de 100 m en moyenne. Cette information est traitée en temps réel, ce qui est unique dans le domaine de la météo : il se passe moins de 10 secondes entre l’impact de foudre et sa visibilité sur l’écran de l’utilisateur de notre système.
Aujourd’hui, nous fournissons 4 grands services autour de la gestion du risque qui vont couvrir l’avant, le pendant et l’après :
- L’évaluation et la quantification de l’exposition au risque afin de dimensionner les protections et de prévoir les procédures de mise en sécurité ;
- L’alerte, avec un préavis jusqu’à une heure, ce qui permet la mise en œuvre des mesures prévues pour sécuriser le personnel et les équipements ;
- La visualisation de l’évolution du phénomène en temps réel pour suivre l’imminence de la survenance de l’orage, et désormais sa sévérité, ou mettre en évidence une corrélation entre un incident et la foudre détectée ;
- La confirmation post-événement qu’un incident a bien été causé par la foudre notamment sur le plan assuranciel ou pour répondre à des impératifs de vérification comme pour les sites classés ICPE.
Grâce aux données de notre partenaire et actionnaire minoritaire Vaisala, également concentrées en temps réel à Pau, nous proposons exactement les mêmes prestations sur le reste du monde avec le même niveau de performance sur l’Amérique du Nord, et un niveau légèrement inférieur ailleurs. Ainsi, nous pouvons fournir à de grands groupes européens des services identiques sur tous leurs sites dans le monde.
Qui sont les principaux utilisateurs de vos services ?
De manière générale, il s’agit de tous les acteurs sensibles au risque d’orage avec en premier lieu les gestionnaires de réseaux, électrique (transport et distribution), de gaz, télécom, de radiodiffusion ou ferroviaire. Tous les sites industriels sont également concernés, ainsi que les plateformes portuaires et aéroportuaires.
S’y ajoutent les entreprises qui ont des activités en plein air et qui doivent être en mesure de protéger leur personnel du risque d’orage, en particulier les fermes éoliennes. Toujours dans les activités outdoor, on retrouve aussi les parcs d’attractions, les campings, les gestionnaires d’équipements sportifs, les festivals, qui doivent pouvoir mettre en sécurité leurs clients. Le point commun entre ces différentes catégories d’acteurs reste leur volonté de mitigation des divers risques que génèrent les orages.
Dans votre secteur d’activité, quelle place occupent la R&D et l’innovation ?
Nous y consacrons plus de 15% de notre chiffre d’affaires. Intervenant sur un marché de niche, nous avons dû développer l’intégralité de nos outils logiciels de traitement du signal et de génération de services. Cette plateforme logicielle est d’ailleurs rendue disponible, ainsi que l’ingénierie de réseau de détection de la foudre, dans le cadre de projets de modernisation de services météorologiques conduits par notre société sœur Météo France International, comme récemment en Indonésie et en ce moment en Angola. Sur le plan de l’innovation, nos travaux s’articulent autour de :
- L’optimisation de la prévisibilité de l’orage sur un site en travaillant sur la trajectoire des cellules orageuses ;
- La combinaison entre nos services d’alerte et de prévisibilité sur le court terme du risque d’orage avec les prévisions immédiates que Météo France peut fournir.
Qu’en est-il de la complémentarité de vos services avec la météo ? Comment cela se traduit-il ?
La foudre est avant tout un phénomène météorologique qui caractérise l’orage. D’ailleurs, nous comptons parmi nos clients plusieurs services de météo européens (Météo France, et ses équivalents hollandais, irlandais et suisse) qui s’appuient sur notre service d’informations pour remplir leurs missions régaliennes et aéronautiques. En parallèle, nos utilisateurs finaux sont aussi souvent demandeurs d’informations météorologiques, pas limitées au risque d’orage. Ce qui nous amène tout naturellement à combiner des prestations de météo et de foudre. En France c’est plutôt la branche commerciale de Météo France qui porte ces offres combinées, comme dans le contrat récemment signé avec la SNCF qui intègre des prestations assurées par Météorage. À l’inverse en Europe, c’est Météorage qui propose ces prestations combinées, en s’appuyant sur les capacités de Météo France.
Vos ambitions sur ce marché ?
À force de persévérance Météorage a été créée il y a plus de 30 ans le marché français a atteint un stade de maturité unique au monde, rendu possible par une culture du risque très développée. Pour autant, il continue à progresser chaque année, principalement grâce aux utilisateurs actuels, non seulement fidèles à plus de 98 %, mais qui convainquent leurs homologues que la mitigation de ce risque est un avantage économique et sociétal. Notre ambition est clairement de reproduire ce schéma dans l’ensemble de l’Europe, et les résultats déjà obtenus montrent que l’on est sur la bonne voie.