Michel Thérenty (30)
Thérenty est sans doute un des plus complets de nos camarades : on le découvre en lisant ses Mémoires qu’il avait initialement réservés à six cocons nommément désignés. Lui-même, comme en principe tout X, est polyvalent. Il écrit : « Tout compte fait ces deux matières enseignées à l’X : artillerie, équitation, furent dans mes carrières professionnelles successives bien plus valables que tous les autres cours de l’X. »
La première en date de ces carrières est l’équitation qui le conduisit au cours de perfectionnement de Saumur où, pendant un an, chacun a cinq chevaux de différents niveaux à monter et dresser.
En 1939–1940 il commande une batterie de 75 hippomobiles de la 14e DI que commande de Lattre, première rencontre. Combats à Rethel puis repli jusqu’à Riom. Pour ne pas avoir à supporter les occupants, il se fait affecter en Algérie et participe ainsi à la campagne de Tunisie, février-mai 1943. Court passage à l’EM du général Juin. Cours d’EM à Rabat. Puis EM de la première armée que de Lattre met sur pied pour débarquer en Provence. Débarquement à Saint-Tropez, prise de Toulon, remontée du Rhône, Alsace du Sud. Chef d’escadron en décembre 1944 il commande le III/64e RAA : trois batteries de six canons automoteurs de 105 et c’est la revanche ! le franchissement du Rhin au nord de Strasbourg, l’encerclement par le Nord des forces allemandes de Forêt-Noire, l’avance le long de la rive nord du lac de Constance jusqu’en Autriche.
Après l’école de Guerre il est affecté à l’EM de Centre-Europe à Fontainebleau, aux ordres du général Juin. « Les années passées auprès de ce chef éminent, attachant et très humain qui m’a offert, jusque dans ma vie privée, tant de témoignages de sa bienveillante amitié, constituent pour moi une merveilleuse période de ma carrière militaire. »
Ses qualités, ses états de service, l’estime des deux maréchaux garantissaient alors à Thérenty d’être le général d’armée de la promotion s’il devait y en avoir un.
Promu colonel en 1956, il est de 1958 à 1961 attaché militaire à Ankara puis il est affecté en Algérie. Il est adjoint à un commandant de zone et chargé de diverses missions latérales dont les autodéfenses ; ce sont des villages qui coopèrent avec nous et que nous avons armés pour qu’ils puissent assurer eux-mêmes leur sécurité.
À Évian, la France qui veut aboutir à tout prix cède de plus en plus et se contente de promesses en ce qui concerne le sort des villages qui s’étaient ralliés à nous. Ils étaient livrés à la vindicte des nouveaux maîtres de l’Algérie. Thérenty ne pouvait y remédier, il ne voulait l’approuver, il ne commandait aucune troupe, il donne sa démission. Son général qui le réprouve prescrit au poste de garde de son PC de ne pas saluer ce civil.
Quand Thérenty rejoint Alger, un groupe d’artillerie, déployé le long de la route, lui rend les honneurs. Dès le 1er mars 1962, sans avoir chômé un seul jour, il est embauché à l’UCB (Union de Crédit pour le Bâtiment) société du groupe de la Compagnie bancaire, dont le directeur adjoint a été lieutenant orienteur au III/64. Il y réussit bien, successivement secrétaire général, inspecteur général et contrôleur général. Sa deuxième retraite intervient le 31 décembre 1976. Elle est bien employée, il enregistre des livres pour les aveugles : 250 en douze ans.
Pendant des années il fait deux voyages par an, souvent avec les « Amis de l’Orient ». Après chacun il confectionne un gros album avec photos, cartes postales et de multiples documents. Ils constituent de remarquables exposés très complets sur chacun de ces pays.
À défaut des caissiers (décédés ou empêchés) il prend peu à peu leur place et s’occupe avec vigilance de rétablir une réunion annuelle qui devient « magnan de promo » accompagné d’un astucieux concours qu’il renouvelle chaque année.
Hélas, il nous a quittés, qui pourrait le remplacer ?