Mincatec Energy : Une solution de stockage d’hydrogène à basse pression 100 % renouvelable
À la pointe de l’innovation et de la R&D, Mincatec a développé une solution de stockage d’hydrogène à basse pression 100 % renouvelable. Dans un contexte énergétique en pleine redéfinition, cette solution s’impose comme une alternative très intéressante pour des applications stationnaires et dans le domaine de la mobilité. Yann Genninasca, CEO de Mincatec Groupe, nous présente cette technologie innovante brevetée, ses atouts et ses champs d’application. Rencontre.
Au cœur de l’activité Mincatec Energy, on retrouve l’hydrogène. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le groupe Mincatec a vu le jour en 2013. Acteur d’ingénierie globale, le groupe travaille essentiellement sur les vecteurs de l’énergie de demain. Parmi les pistes explorées, on retrouve l’hydrogène. Fin 2020, nous avons ainsi créé Mincatec Energy, un spin-off du groupe, axé sur cette technologie de demain, dont nous entendons actuellement de plus en plus parler.
Sur la chaîne de valeur de l’hydrogène, nous avons fait le choix de nous focaliser sur le volet stockage avec un cahier des charges qui s’articule autour de plusieurs dimensions :
- Concevoir une solution sécurisée pour l’hydrogène, un gaz inflammable généralement stocké à haute pression ;
- Développer un stockage de l’hydrogène à basse pression avec une solution renouvelable ;
- Privilégier un design modulaire et compact ;
- Garantir une indépendance nationale et européenne vis-à-vis des matériaux utilisés.
Nous avons réussi à développer une solution qui combine l’ensemble de ces caractéristiques : un réservoir de stockage basse pression sous forme solide.
Comment fonctionne votre technologie ?
La forme solide de l’hydrogène est très peu connue. C’est une technique qui permet de conserver l’hydrogène au sein d’un autre matériau. Elle s’appuie sur un mécanisme d’absorption d’une combinaison réversible d’hydrogène basée sur une poudre métallique qui forme ainsi des hydrures métalliques.
Aujourd’hui, notre procédé fonctionne à température ambiante avec une pression d’équilibre de 10 bars. Résultat : les besoins en énergie sont moins importants et la mise en œuvre est plus rapide.
Concrètement, notre technologie repose sur deux réactions :
- Une réaction exothermique : quand l’hydrogène est absorbé, de la chaleur est créée. Plus le réservoir est rempli rapidement, plus le système va chauffer. Inversement, avec un remplissage lent, le système va chauffer plus lentement. Pour des applications dans le monde de la mobilité, il y avait donc à ce niveau un verrou technologique relatif à l’optimisation du temps de recharge des véhicules. C’est un enjeu que nous avons relevé avec une durée de recharge du réservoir de moins de dix minutes ;
- Une réaction endothermique : quand on vide le réservoir, on crée du froid que nous mettons à disposition du système global pour optimiser le système de refroidissement. Aujourd’hui, très peu de systèmes génèrent du froid, c’est un autre avantage concret de notre technologie sur le marché.
Ces optimisations technologiques nous permettent de proposer un produit plus compétitif avec une fabrication compatible en grande série. Nous avons, d’ailleurs, déposé un brevet principal pour protéger nos travaux et plusieurs enveloppes Soleau en attente du dépôt des autres brevets.
Quels en sont les principaux avantages ?
Un système à basse pression est plus sûr qu’un système à haute pression. Au-delà, comprimer l’hydrogène reste un procédé énergivore qui nécessite de grosses installations qui font beaucoup de bruit et qu’on ne peut donc pas déployer partout. En stockant l’hydrogène à basse pression, nous n’avons pas besoin de l’étape compression qui représente jusqu’à 35 % du rendement énergétique de la production, ce qui in fine impacte aussi les coûts de production. En effet, notre technologie peut, à son niveau, contribuer au développement de stations de production d’hydrogène basées sur des installations plus simples et plus intégrables. Un autre avantage lié à la faible pression est l’absence de fuite, permettant de stocker l’hydrogène sur de longues périodes sans déperdition.
Quels sont les champs d’application de cette solution ?
Notre solution peut être utilisée dans le domaine de la mobilité pour des engins de manutention ou utilisés dans le BTP ; des camions de voierie, frigorifiques ou pour la livraison du dernier kilomètre ; des petits véhicules, des bateaux… Elle est aussi intéressante pour des applications stationnaires comme le stockage de l’énergie dans les bâtiments de manière sécurisée et à long terme. Couplée à des énergies renouvelables intermittentes comme le photovoltaïque, elle peut être utilisée pour stocker sous forme d’hydrogène solide le surplus de production en situation de fort ensoleillement en vue de reproduire de l’énergie électrique plus tard. Notre technologie peut clairement contribuer au développement de l’autonomie des bâtiments, mais aussi des sites isolés. Elle a toute sa place dans la ville durable de demain.
Quels sont vos principaux enjeux ?
Notre technologie est encore en phase de développement avec un indice de maturité TRL 8. Nous travaillons actuellement sur trois démonstrateurs afin de démontrer les performances réelles de notre solution :
- nous sommes mobilisés sur le projet MobyPost II, un véhicule hydrogène avec hydrures développé il y a plusieurs années par l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard afin de le proposer à La Poste pour la livraison du dernier kilomètre. Nous y avons intégré nos réservoirs et avons procédé à la refonte du système de gestion d’énergie ce qui a permis de doubler son autonomie et de réduire le temps de charge. Ces optimisations techniques vont nous permettre de valoriser notre technologie dans les applicatifs de mobilité urbaine ;
- nous avons été retenus pour apporter une solution de propulsion à hydrogène avec un réservoir basse pression pour une base itinérante sur la Seine dans le cadre de Paris 2024 ;
- nous avons un projet en cours à Belfort pour combiner notre réservoir de stockage à des installations photovoltaïques pour chauffer les bâtiments, un sujet d’actualité dans le contexte actuel !
Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous sommes mobilisés par la validation technologique de nos solutions et de ses applications afin de pouvoir les intégrer prochainement sur des produits industriels. En parallèle, nous préparons une levée de fonds pour passer à l’échelle industrielle et accélérer notre développement. Enfin, nous serons présents au Forum Hydrogen For Climate en novembre prochain durant lequel nous présentons notre démonstrateur de mobilité urbaine.