Monnaie : valeur et énergie

Monnaie : valeur et énergie

Dossier : BitcoinMagazine N°792 Février 2024
Par Pierre NOIZAT (X80)

L’économie tra­di­tion­nelle étu­die géné­ra­le­ment le fonc­tion­ne­ment de la socié­té sans s’appuyer sur les lois de la phy­sique. Avec la ther­mo­dy­na­mique, nous pou­vons mieux cer­ner macro­sco­pi­que­ment les notions de mon­naie, d’utilité et de créa­tion de valeur. La mon­naie repré­sente une éner­gie pas­sée (preuve de tra­vail) ou future (pro­messe de tra­vail). L’utilité est une éner­gie future éco­no­mi­sée ou libé­rée (sous forme d’énergie libre). La créa­tion de valeur consiste à rendre une éner­gie utile. Un coût est une éner­gie pas­sée, uti­li­sée et dis­si­pée pour libé­rer une éner­gie utile. 

Uti­li­té et valeur sont des notions rela­tives à l’observateur, comme l’entropie et la vitesse. L’utilité peut même prendre des valeurs néga­tives en fonc­tion du contexte. Le para­pluie, objet encom­brant et inutile, qui devient utile quand il pleut, illustre ce concept. L’avenir dira si l’économie reste enso­leillée ou si, en cas de gros temps, Bit­coin démontre sa valeur. En tout cas, grâce à sa liqui­di­té, Bit­coin n’a pas besoin d’être consi­dé­ré comme une mon­naie pour être uti­li­sé en tant que réseau de paiement.

Depuis l’invention de Bit­coin en 2008, nous dis­po­sons de nou­velles mon­naies plus ou moins décen­tra­li­sées à côté des mon­naies fiat émises par le cré­dit et béné­fi­ciant encore du mono­pole de la mon­naie ayant cours légal. Ce mono­pole pres­crit à toute une popu­la­tion d’utiliser une cer­taine mon­naie pour accé­der au cré­dit et payer les impôts et les salaires. Le mono­pole d’émission de mon­naie par le cré­dit offre trois avan­tages éco­no­miques essen­tiels à ceux qui en sont à la source.

Pre­miè­re­ment, il ins­taure une rela­tion de dépen­dance qui sou­met les autres acteurs éco­no­miques, tri­bu­taires de l’octroi des prêts ban­caires déci­dés par les banques. Cette dépen­dance débouche sur une cap­ture régle­men­taire qui arrai­sonne l’économie au pro­fit des banques, les pou­voirs publics étant eux-mêmes dépen­dants des banques pour se financer.

Création monétaire

Deuxiè­me­ment, la contre­par­tie éner­gé­tique de la créa­tion moné­taire est four­nie par les emprun­teurs et non par les banques. En effet, quand la banque crée un dépôt cor­res­pon­dant au déblo­cage du prêt, ce dépôt est ins­crit à son pas­sif car c’est une somme que la banque doit à l’emprunteur. Mais, simul­ta­né­ment, la banque ins­crit le contrat de prêt à l’actif de son bilan : l’emprunteur s’engage à four­nir une frac­tion de son tra­vail (un flux d’énergie) en contre­par­tie de la mon­naie créée. 

Chaque rem­bour­se­ment cor­res­pond à une des­truc­tion moné­taire : le solde du compte de l’emprunteur dimi­nue et le capi­tal dû dimi­nue d’autant. Dans ce méca­nisme de créa­tion moné­taire, la banque ne four­nit qu’un tra­vail admi­nis­tra­tif qui est pour­tant gras­se­ment rému­né­ré, car l’emprunteur n’a vrai­ment le choix que de lui payer des inté­rêts éle­vés, avec une marge de négo­cia­tion très faible. De fait, quand le paie­ment des inté­rêts repré­sente 40 % du capi­tal emprun­té en moyenne (source meilleurtaux.com pour un prêt immo­bi­lier de 100 k€, déc. 2023), un tel coût du cré­dit semble dépour­vu de jus­ti­fi­ca­tion éco­no­mique réelle autre que la rente du monopole.

Déroulement d’une transaction Bitcoin
Dérou­le­ment d’une transaction

Services de paiement

Enfin, la posi­tion de sur­plomb éco­no­mique liée au mono­pole de créa­tion moné­taire se double d’une posi­tion domi­nante sur le sec­teur des paiements. 

L’ensemble des acteurs des ser­vices de paie­ment tra­di­tion­nels col­lectent chaque année dans le monde un total supé­rieur à 2 000 mil­liards d’euros de reve­nus. C’est plus que n’importe quel autre ser­vice. En dehors du sec­teur des ser­vices, seul le sec­teur auto­mo­bile approche ces chiffres, mais il délivre des biens phy­siques avec des coûts de pro­duc­tion bien plus impor­tants. À titre de com­pa­rai­son, le chiffre d’affaires total des prin­ci­paux construc­teurs aéro­nau­tiques s’élevait à 317 mil­liards en 2021 (source : statista.com), celui de l’hôtellerie à 285 mil­liards (source : hoteltechreport.com).

L’écart de reve­nus et de pro­fi­ta­bi­li­té entre les ser­vices de paie­ment et les autres sec­teurs d’activité ne s’explique que par le mono­pole de la mon­naie « ayant cours légal » : la concur­rence des nou­veaux réseaux de paie­ment que consti­tuent Bit­coin et les autres crypto­monnaies devrait amé­lio­rer le rap­port coût-per­for­mance pour les uti­li­sa­teurs, par­ti­cu­liers ou entre­prises. Voi­ci pourquoi.

Pourquoi et comment le réseau Bitcoin utilise-t-il l’énergie ?

La mon­naie est un moyen d’échange, et tout échange éco­no­mique peut s’analyser comme un échange d’énergie. Dans un échange, la mon­naie com­pense la cap­ta­tion d’un flux d’énergie, comme le tra­vail humain, ou d’une réserve d’énergie, comme un bien maté­riel. Un bien maté­riel matière pre­mière peut être trans­for­mé en éner­gie (par exemple par com­bus­tion) ou en pro­duit fini. 

Un pro­duit fini comme une char­rue contient toute l’énergie qu’il per­met­tra d’économiser durant sa vie utile : par exemple, la char­rue, qui s’est répan­due en Europe lors de la révo­lu­tion agri­cole du Moyen Âge, per­met au pay­san d’économiser de l’énergie comparative­ment à la situa­tion avant l’invention de la char­rue (labour avec des outils à main). L’énergie éco­no­mi­sée est une mesure de l’utilité et donc de la valeur d’un pro­duit fini. L’utilité, comme d’autres gran­deurs phy­siques telles que l’entropie ou la vitesse, est une valeur rela­tive à l’observateur. Ce stock d’énergie qu’est la char­rue a été consti­tué en col­lec­tant et trans­for­mant des matières pre­mières (bois, métal), ce qui a mobi­li­sé une éner­gie de fabrication. 

Le prix de la char­rue est la quan­ti­té de mon­naie repré­sen­ta­tive de l’énergie de fabri­ca­tion et de l’utilité de la char­rue. Nous fai­sons ain­si le lien entre mon­naie et éner­gie : pour équi­li­brer l’échange d’un flux ou d’un stock d’énergie contre de la mon­naie, il faut que l’émission de la mon­naie ait une contre­par­tie éner­gé­tique. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, nous pou­vons dis­tin­guer deux caté­go­ries de mon­naie, la mon­naie-pro­messe, qui moné­tise une éner­gie future pro­mise, et la mon­naie-preuve, qui moné­tise une éner­gie pas­sée consa­crée à pro­duire et à sécu­ri­ser la monnaie-preuve. 

Qui fournit l’énergie ?

Pour la mon­naie-pro­messe, comme l’euro, l’énergie pro­mise sera four­nie par un emprun­teur. Pour une mon­naie-preuve comme Bit­coin, l’énergie prou­vée est celle qu’ont uti­li­sée les mineurs (cf. « Com­ment fonc­tionne Bit­coin ») pour émettre et sécu­ri­ser la mon­naie en ques­tion. Chaque frac­tion de Bit­coin dis­po­nible, l’équivalent d’une pièce de mon­naie dans ce sys­tème, porte une preuve mathé­ma­tique de l’énergie qu’il a fal­lu uti­li­ser pour l’inscrire dans un bloc de tran­sac­tions (preuve de tra­vail, proof of work en anglais, PoW en abré­gé). Une autre forme de mon­naie-preuve est appa­rue à la suite de l’invention de Bit­coin : la mon­naie à preuve d’enjeu (proof of stake ou PoS) qui n’utilise pas l’énergie mais repose seule­ment sur les signa­tures des déten­teurs de la mon­naie en ques­tion (les sta­kers). Le pro­to­cole PoS repose sur l’idée que, si quelqu’un détient un mon­tant signi­fi­ca­tif, il ne va pas com­pro­mettre cette réserve de valeur par des opé­ra­tions malhonnêtes. 

Inflation et dévalorisation du travail

Dans un sys­tème moné­taire PoW, l’énergie prou­vée agit comme un éta­lon de valeur de la mon­naie. On observe une cor­ré­la­tion entre l’énergie uti­li­sée et la valeur du bit­coin impar­fai­te­ment mesu­rée par le prix en euros. La vola­ti­li­té de ce prix est forte, la valeur de l’euro étant elle-même sou­mise à une mul­ti­tude de fac­teurs, à com­men­cer par sa masse moné­taire. En effet, une pro­messe d’énergie n’est pas limi­tée : les pro­messes n’engagent que ceux qui les croient et on constate que la quan­ti­té de mon­naie-pro­messe en cir­cu­la­tion aug­mente année après année. 

Cette infla­tion de la masse moné­taire euro se tra­duit par une infla­tion des prix et une déva­lo­ri­sa­tion du tra­vail. En effet, les prêts sont accor­dés prin­ci­pa­le­ment pour inves­tir dans des outils de pro­duc­tion et non pour finan­cer des charges d’exploitation comme les salaires. Autre­ment dit, la créa­tion moné­taire fiat est flé­chée vers l’auto­matisation des tâches. L’augmentation de la masse moné­taire a donc un effet dif­fé­rent sur le prix des machines et sur la rému­né­ra­tion du tra­vail humain ; l’investissement dans les machines peut aug­men­ter grâce aux cré­dits, tan­dis que les salaires peinent à suivre cette tendance. 

Valeur et dilution de la monnaie

De manière géné­rale, un éta­lon moné­taire révèle la dilu­tion de la valeur résul­tant d’une créa­tion moné­taire débri­dée. On peut l’observer avec l’or (cf. gra­phique : prix de l’once d’or en dol­lars) : dès que le dol­lar s’est tota­le­ment libé­ré de sa contrainte de pari­té avec l’or à par­tir de 1971, la valeur de l’once d’or expri­mée en dol­lars s’est envolée. 

L’or est une forme de mon­naie-preuve qui pré­sente une preuve maté­rielle de l’énergie repré­sen­tée (éner­gie poten­tielle et éner­gie d’extraction et de fabri­ca­tion). La mon­naie numé­rique avec preuve de cal­cul comme Bit­coin pré­sente une preuve mathé­ma­tique. Ce pas­sage d’une preuve maté­rielle, avec l’or, à une preuve mathé­ma­tique avec Bit­coin résout avan­ta­geu­se­ment plu­sieurs limi­ta­tions fortes de l’or en tant qu’étalon moné­taire : com­pa­rée à une pièce d’or, une frac­tion de Bit­coin (un utxo : cf. « Com­ment fonc­tionne Bit­coin » p. 58) est faci­le­ment divi­sible, trans­fé­rable et vérifiable.

Historique du prix de l’once d’or en dollars courants depuis 1790

Une valeur intrinsèque ? 

Notons que les thu­ri­fé­raires du mono­pole moné­taire n’hésitent pas à affir­mer que, contrai­re­ment à l’or, Bit­coin n’aurait pas de valeur « intrin­sèque », c’est-à-dire, selon eux, pas de valeur d’usage non moné­taire. On peut d’abord contes­ter cette notion de valeur intrin­sèque si l’on admet que toute valeur est fon­dée sur une uti­li­té. L’utilité étant une notion rela­tive à l’observateur (ce qui est utile pour moi ne l’est pas for­cé­ment pour tout le monde), la valeur l’est tout autant. Mais, fon­da­men­ta­le­ment, le déni de la valeur de Bit­coin tient à l’ignorance d’une réa­li­té : l’efficacité et la rési­lience de l’infrastructure de paie­ment consti­tuée par les 40 000 points de pré­sence du réseau Bit­coin à tra­vers le monde (source : bit­nodes).

En tant que réseau de paie­ment, Bit­coin affiche un taux de dis­po­ni­bi­li­té bien supé­rieur à celui des moyens de paie­ment ban­caire (vire­ment et carte ban­caire) et un temps de trai­te­ment bien infé­rieur (envi­ron une heure com­pa­rée à 24 heures au mini­mum pour un paie­ment CB ou un vire­ment ; les vire­ments ins­tan­ta­nés sont limi­tés à 3 000 €). Les cas de fraude (double dépense) sont inexis­tants en pra­tique avec Bitcoin. 

Une quantité strictement limitée

Sachant que cette infra­struc­ture de paie­ment Bit­coin s’utilise uni­que­ment avec des bit­coins, chaque déten­teur de bit­coins pos­sède un droit d’usage du réseau, à hau­teur du mon­tant qu’il détient. La quan­ti­té de bit­coins étant limi­tée stric­te­ment à 21 mil­lions, la déten­tion d’un bit­coin cor­res­pond à un droit d’usage du réseau à hau­teur d’un 21 millionième. 

Quand le prix du bit­coin est de 10 000 € (prix en août 2020), la pro­prié­té d’un bit­coin per­met de tran­sac­ter sur le réseau Bit­coin à hau­teur de 10 000 € et, quand il vaut 40 000 € (prix en novembre 2023), c’est que la valeur d’usage du réseau s’est appré­ciée : il ne faut plus que 0,25 bit­coin pour payer 10 000 €. 

Pour le com­mer­çant qui uti­lise Bit­coin comme réseau de paie­ment, c’est-à-dire en conver­tis­sant les bit­coins reçus en mon­naie fiat à récep­tion, le prix du bit­coin est neutre. Il affiche un prix en mon­naie fiat et la quan­ti­té de bit­coins trans­fé­rée pour le paie­ment s’ajuste au prix du bit­coin à l’instant de la tran­sac­tion. Bit­coin n’a pas besoin d’être consi­dé­ré comme une mon­naie pour être uti­li­sé en tant que réseau de paiement. 

Des économies potentielles considérables

Ain­si le réseau Bit­coin a une valeur d’usage poten­tiel­le­ment consi­dé­rable, étant don­né sa rési­lience et son effi­ca­ci­té, parce qu’il s’inscrit dans un sec­teur qui col­lecte envi­ron mille mil­liards par an (cf. étude BCG) en com­mis­sions de tran­sac­tion. Pour mesu­rer l’écart de coût entre le réseau Bit­coin et les réseaux de paie­ment ban­caires, il suf­fit de consta­ter que les mineurs Bit­coin col­lectent envi­ron 200 mil­lions de dol­lars par an de frais de tran­sac­tion, com­pa­rés à 1 000 mil­liards pour les réseaux ban­caires, un rap­port de 1 à 50 000 ! Pour pas­ser à l’échelle, c’est-à-dire aug­men­ter la capa­ci­té de trai­te­ment des tran­sac­tions, le réseau Light­ning (cf. l’article de Bas­tien Tein­tu­rier p. 30) devra com­plé­ter le réseau Bitcoin. 

Le réseau Bit­coin sera uti­li­sé pour agré­ger des tran­sac­tions Light­ning et pour des trans­ferts signi­fi­ca­tifs, tan­dis que Light­ning trai­te­ra les tran­sac­tions de faible mon­tant. Cepen­dant, Light­ning ne néces­site ni minage ni frais de tran­sac­tion. L’énergie du minage est un coût fixe de la sécu­ri­té du réseau Bit­coin et n’augmentera pas avec le nombre de tran­sac­tions trai­tées. Il y aura sim­ple­ment des frais de liqui­di­té sur Light­ning mais, là aus­si, les éco­no­mies poten­tielles sont consi­dé­rables car les réseaux de paie­ment ban­caires col­lectent encore 1 000 mil­liards sup­plé­men­taires (cf. étude BCG) en inté­rêts chaque année, en sus des com­mis­sions de transaction. 

Preuve d’énergie et minage

Un mineur, contrai­re­ment à un simple uti­li­sa­teur, par­ti­cipe à la vali­da­tion des tran­sac­tions par l’ajout de blocs de tran­sac­tion à la chaîne de blocs Bit­coin. Le pro­to­cole Bit­coin incite les mineurs à trou­ver l’énergie élec­trique la moins chère, faute de quoi ils ne sont pas ren­tables. Or le minage néces­site un inves­tis­se­ment en maté­riel dont la ren­ta­bi­li­té va faire la dif­fé­rence entre des entre­prises de minage concur­rentes. Les pro­fits des mineurs résultent de la dif­fé­rence entre, d’une part, le pro­duit de la vente des bit­coins minés et, d’autre part, le coût de l’électricité et de l’amortissement du maté­riel de minage. C’est un domaine très concur­ren­tiel où les marges sont faibles, contrai­re­ment au sec­teur bancaire.

L’électricité la moins chère est, par défi­ni­tion, celle qui ne répond pas à une demande sol­vable. Typi­que­ment, les mineurs Bit­coin négo­cient les meilleurs tarifs auprès des pro­duc­teurs d’électricité en s’engageant à opé­rer aux heures creuses et à débran­cher leurs équi­pe­ments en cas de demande impré­vue. Ils font par­tie des clients demand res­ponse dans le jar­gon des opé­ra­teurs de réseaux élec­triques, une caté­go­rie de clients pro­fes­sion­nels qui contri­buent à équi­li­brer la charge.

Texas et Congo

Deux exemples illus­trent le rôle pos­sible de Bit­coin dans la tran­si­tion éner­gé­tique. Le Texas a intro­duit beau­coup de renou­ve­lables dans son mix éner­gé­tique et se trouve donc confron­té à des pro­blèmes d’équilibrage du réseau (ali­gne­ment de l’offre et de la demande d’électricité). Pour évi­ter les bla­ckouts, le ges­tion­naire de réseau texan (ERCOT) s’est donc tour­né vers le minage Bit­coin pour avoir une demande pilo­table face à une offre qui l’est de moins en moins. 

Autre exemple, quand une nou­velle cen­trale hydro­élec­trique est construite, comme celle du parc de Virun­ga au Congo, elle a des sur­ca­pa­ci­tés à vendre au-delà de la demande prin­ci­pale de la ville voi­sine de Goma. Il n’y a pas encore de réseau de dis­tri­bu­tion per­for­mant pour ser­vir d’autres villes. Aucune indus­trie n’envisage de s’installer à proxi­mi­té, prin­ci­pa­le­ment en rai­son de l’insécurité liée au bra­con­nage, aux tra­fics et aux intem­pé­ries dans la région. Donc des mineurs Bit­coin ins­tallent du maté­riel et, en moné­ti­sant ces sur­plus d’électricité, contri­buent au finan­ce­ment de l’infrastructure et de son exploi­ta­tion. En finan­çant l’hydroélectricité, le minage Bit­coin a per­mis de réduire le tra­fic de char­bon de bois et la défo­res­ta­tion qui l’accompagne.

La mobilité des mineurs

L’objection par­fois enten­due comme quoi, avec ces sur­plus, il y aurait quelque chose de plus utile à faire et que le minage Bit­coin n’a donc pas de sens : s’il y avait quelque chose de plus utile, les mineurs seraient en concur­rence avec un autre client et l’électricité en ques­tion ne sau­rait être qua­li­fiée de sur­plus. C’est d’ailleurs pour cela que les mineurs vont s’installer dans des endroits impro­bables où aucune usine, aucun data cen­ter ne vien­dra s’installer à court terme : typi­que­ment près d’une cen­trale hydro­élec­trique qui vient de se construire et n’est pas encore connec­tée à une demande suf­fi­sante. Par ailleurs, cer­tains mineurs exploitent aus­si des sur­plus de méthane en lieu et place des tor­chères, ce qui a pour effet de réduire les émis­sions de CO2 et de par­ti­cules liées à ce méthane. 

D’autres inter­viennent là où le méthane est direc­te­ment relâ­ché dans l’atmosphère : dans ce cas la réduc­tion des gaz à effet de serre est consi­dé­rable, car le méthane est 80 fois plus puis­sant que le CO2 en tant que gaz à effet de serre. Pour résu­mer, les mineurs cherchent les endroits où per­sonne ne récu­père l’énergie fatale, pour pou­voir négo­cier le meilleur prix. Si néces­saire, ils déplacent leurs équi­pe­ments, qui sont presque tou­jours logés dans des contai­ners pour assu­rer cette flexi­bi­li­té géographique. 

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