Morpho, l’algorithme qui révolutionne le monde de la finance
Créé et développé par Mopho Labs, Morpho est un algorithme au service d’une finance décentralisée, éthique, transparente et accessible à tous et à toutes. Paul Frambot, cofondateur et président de Morpho Labs, nous en dit plus sur la genèse du projet, ses ambitions et ses perspectives de développement.
Quelle a été la genèse de Morpho ?
J’ai toujours été passionné par l’entrepreneuriat, la blockchain et la cryptomonnaie. Aujourd’hui, âgé de 21 ans, j’ai commencé à m’intéresser à ces sujets dès le lycée et j’ai continué ensuite pendant ma prépa puis à Télécom Paris. En parallèle, je me suis organisé pour suivre tous les cours proposés par d’autres écoles sur ces sujets et enjeux, notamment à Polytechnique ou encore à l’ENS. C’est dans ce cadre que j’ai eu l’opportunité de suivre les cours de Vincent Danos, directeur de recherche au CNRS, sur la finance décentralisée et les apports de la blockchain afin de supprimer les intermédiaires dans le domaine de la finance. J’ai gardé le contact avec Vincent Danos à l’issue de ce cours et nous avons longuement échangé sur les pistes entrepreneuriales que nous pouvions creuser en ce sens. De cette réflexion commune sont nés deux projets : Mangrove et Morpho. Vincent Danos s’est engagé dans le développement de Mangrove et je me suis concentré sur Morpho.
Concrètement, qu’est-ce que Morpho ?
Morpho est un algorithme autonome et indépendant qui permet d’échanger de l’argent sans intermédiaire. C’est aussi ce qu’on appelle une organisation autonome décentralisée (DAO) open source qui permet de faire des transactions financières, emprunt et prêt, sans intermédiaire. Son protocole est basé sur le modèle des échanges de pair à pair (P2P). Concrètement, Morpho va permettre à chacun, aussi bien des entreprises que des particuliers, de générer des intérêts et d’emprunter des actifs numériques sans avoir recours à un tiers de confiance ou à un intermédiaire, très facilement et en toute transparence.
Le protocole de Morpho s’articule autour de trois ambitions fortes :
- Faire des services de prêt un bien commun : parce que le protocole de Morpho est open source, il est accessible à tous. En tant qu’algorithme, il gère ses finances dans une logique « sans but lucratif » ;
- Rechercher l’optimisation : l’objectif de Morpho est de proposer des services de prêt et d’emprunt les plus efficaces possible en finançant l’innovation pour développer et optimiser le protocole, mais aussi en supprimant les marges inutiles. Contrairement aux acteurs des services financiers traditionnels, Morpho perçoit des frais minimes sur les transactions afin notamment de pouvoir rémunérer ses contributeurs, dont Morpho Labs qui a créé l’algorithme Morpho et qui est aujourd’hui la société de recherche en charge de son développement. Aujourd’hui, Morpho Labs se concentre essentiellement sur deux axes complémentaires : le développement de la technologie et son adoption ;
- Promouvoir une finance durable : en comparaison à de nombreux protocoles de finance décentralisée, les mécanismes de Morpho ont été conçus pour être économiquement durables et autosuffisants.
Enfin, Morpho est aussi algorithme objectif qui a ses propres garanties que chaque utilisateur peut vérifier et auditer.
Pour développer ce projet, vous avez bénéficié des plus importantes levées de fonds accordées à un étudiant. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet ! À ce jour, nous avons fait deux levées de fonds. La première en septembre 2021 s’élevait à 1,2 millions d’euros pour accélérer la croissance et le développement de Morpho. Et en 2022, nous avons levé 18 millions de dollars pour poursuivre nos travaux et notre développement.
À une échelle internationale, il s’agit de la levée de fonds la plus importante réalisée par des étudiants. Jusque-là, le record était détenu par Facebook et Mark Zuckerberg en 2005. Concrètement, ces levées de fonds nous ont permis de sécuriser le développement de Morpho qui a été lancé en juin 2022. Actuellement, près de 350 millions de dollars circulent sur la plateforme.
Morpho contribue donc à démocratiser le modèle de finance décentralisé. Qu’en est-il ?
Dans le système financier traditionnel, la banque joue le rôle de tiers de confiance et perçoit une rémunération en contrepartie de ce service. Notre ambition est de proposer une alternative plus transparente, égalitaire et accessible à tous, grâce à une réduction significative des coûts, grâce à Morpho.
Ce modèle basé sur la finance décentralisée intéresse de plus en plus. Nous avons notamment été sollicités par la Commission européenne et de nombreux pays qui réfléchissent notamment à comment définir un cadre règlementaire autour de cette activité et de ce modèle innovant.
Le fait que des modèles alternatifs existent les poussent également à questionner et repenser les modèles traditionnels. C’est un univers en plein développement où tout reste à faire. Et pour des ingénieurs et des entrepreneurs passionnés par ces sujets et enjeux, c’est une véritable chance et une véritable opportunité de pouvoir contribuer à la construction de cette finance décentralisée.
Et dans cette continuité, quels sont vos enjeux et perspectives ?
Sur le court terme, notre ambition est d’être reconnu comme la référence en finance décentralisée afin que l’ensemble du trafic de prêt et d’emprunt transite par Morpho. Sur le moyen terme, nous avons aussi vocation à nous ouvrir au monde de la finance traditionnelle afin de développer une certaine interopérabilité entre les différents systèmes financiers qui coexistent actuellement. Et pour relever ces défis, nous avons besoin de talents et de compétences.
Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine de personnes et nous recherchons des ingénieurs, des experts et des techniciens qui ont une appétence pour ces enjeux et qui peuvent avoir une forte valeur ajoutée pour le développement de Morpho. Enfin, nous avons aussi à cœur de promouvoir plus de diversité et de mixité dans notre secteur qui reste encore majoritairement masculin.