MOZART, BRAHMS, BEETHOVEN, BRUCKNER, FRANCK

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°642 Février 2009Par : CINQ CONCERTS DE LEONARD BERNSTEINRédacteur : Marc Darmon (83)

Coffret DVD Leonard BernsteinLeo­nard Bern­stein était un musi­cien com­plet. Comme com­po­si­teur, il est à la fois l’auteur de Musi­cals célèbres de Broad­way et d’oeuvres de musiques « sérieuses » (sym­pho­nies, bal­lets…) que l’on conseille au plus haut point.

Ses oeuvres sont sou­vent enga­gées, vec­teurs de sens et de mes­sages, poli­tiques ou reli­gieux. À titre d’exemple, au-delà du poids reli­gieux de ses sym­pho­nies (Kad­dish, Jere­miah…) et de l’évidence du mes­sage poli­tique du Roméo et Juliette moderne qu’est West Side Sto­ry, nous cite­rons son opé­ra Can­dide pour illus­trer son approche par la musique de thèmes contemporains.

Le Can­dide de Bern­stein est encore plus iro­nique que Vol­taire vis-à-vis de la phi­lo­so­phie de Leib­niz (cari­ca­tu­rée par Vol­taire en un « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pos­sibles »). Bern­stein y mélange les styles et les musiques pour en faire une oeuvre com­plète, réso­lu­ment moderne. Cet opé­ra existe en DVD, en ver­sion de concert diri­gé et com­men­té par Bern­stein lui-même, à acqué­rir sans hési­ter (Deutsche Grammophon).

Mais Leo­nard Bern­stein était aus­si un des plus grands chefs du XXe siècle. On trou­vait déjà en DVD les enre­gis­tre­ments offi­ciels, pas­sion­nants, par Bern­stein des grandes sym­pho­nies de Bee­tho­ven, Brahms, Mah­ler (Deutsche Grammophon).

Ce nou­veau cof­fret hom­mage de cinq DVD, cinq concerts à la direc­tion de quatre orchestres dif­fé­rents, est un pré­cieux témoi­gnage du style et de l’art de l’artiste.

Dans les sym­pho­nies de Brahms (la pre­mière et la troi­sième), dans la neu­vième de Bru­ck­ner, dans la sym­pho­nie de César Franck, nous voyons un Bern­stein ultra­ro­man­tique, avec qui l’orchestre semble riva­li­ser d’expressivité. Ce sont par­mi les meilleures ver­sions en DVD de ces oeuvres. En com­plé­ment du disque Franck, Bern­stein a enre­gis­tré, éga­le­ment à Paris, Le Boeuf sur le toit de Mil­haud, pièce légère et dan­sante où l’on voit le chef, excep­tion­nel­le­ment bar­bu à cette période, swin­guer avec la musique, fai­sant preuve comme tou­jours d’un enthou­siasme com­mu­ni­ca­tif. Mozart (17e concer­to, 39e sym­pho­nie) est une rare­té. Bern­stein était aus­si un grand pia­niste, que l’on connaît dans son élé­ment dans Ger­sh­win ou comme accom­pa­gna­teur dans Mah­ler. Mais là, diri­geant l’orchestre de Vienne depuis son Bösen­dor­fer, il donne une vraie leçon de style mozar­tien, mon­trant une grande concentration.
Dans le final de la 39e sym­pho­nie, un des mou­ve­ments les plus fes­tifs de Mozart, on retrouve un Bern­stein dan­sant et entraînant.

Le der­nier DVD montre l’événement de Noël 1989, lorsque Bern­stein cou­rut sur les ruines du mur de Ber­lin diri­ger La Neu­vième de Bee­tho­ven avec un orchestre venant des deux Alle­magnes (Munich et Dresde) et des quatre puis­sances occu­pantes (orchestres de Lenin­grad, New York, Paris et Londres). Le mot Joie avait été rem­pla­cé par le mot Liber­té, et la sym­pho­nie se ter­mine donc par l’Ode « à la Liber­té », d’après Schil­ler. Une inter­pré­ta­tion excep­tion­nel­le­ment pre­nante, de près d’une heure et demie, à la hau­teur de l’événement.

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