Mozart : Les six Quintettes à cordes

Mozart : Les six Quintettes à cordes

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°796 Juin 2024
Par Marc DARMON (83)

Cet enre­gis­tre­ment brillant pré­sente les Quin­tettes à cordes trop rare­ment enten­dus de Mozart inter­pré­tés par cinq musi­ciens incroyables, enre­gis­trés pen­dant la Semaine Mozart de Salz­bourg en jan­vier 2014, autour de la date anni­ver­saire de nais­sance du com­po­si­teur. Les Quin­tettes à cordes de Mozart sont une part més­es­ti­mée de la musique de chambre du com­po­si­teur, éclip­sée par son Quin­tette avec cla­ri­nette ou ses der­niers Qua­tuors à cordes. Ces deux DVD contiennent trois heures de musique mer­veilleuse avec deux vio­lons, deux altos et un vio­lon­celle, et il s’agit incon­tes­ta­ble­ment de l’une des meilleures musiques jamais com­po­sées pour les musi­ciens de musique de chambre.

Ces six Quin­tettes réunissent une œuvre de jeu­nesse déten­due (1773), deux joyaux de la matu­ri­té (1787, l’année de Don Gio­van­ni) d’une ampleur de vue et d’une com­plexi­té har­mo­nique sidé­rantes (K. 515 et 516), et deux par­ti­tions carac­té­ris­tiques du der­nier Mozart, où les larmes et l’angoisse se dis­si­mulent der­rière un sem­blant d’insouciance. Les ama­teurs de Mozart savent que ses Quin­tettes sont une étoile brillante dans sa liste de com­po­si­tions. Et il fau­dra attendre long­temps (le tout der­nier Schu­bert, puis Brahms) pour trou­ver des quin­tettes d’un pareil niveau.

« Mozart aimait l’alto. »

Mozart aimait l’alto, c’est l’instrument qu’il jouait lors de séances fami­liales ou ami­cales de musique de chambre, car il était ain­si immer­gé au sein de la poly­pho­nie ins­tru­men­tale. Le soin extrême qu’il appor­ta tou­jours, et dès son enfance, à la rédac­tion des voix inter­mé­diaires, et son amour de l’alto lui font trou­ver dans cette for­ma­tion, avec deux altos qui donc favo­ri­saient la flo­rai­son mélo­dique, une sorte d’idéal qui lui per­met­tait d’exprimer la quin­tes­sence de son génie, net­te­ment plus aisé­ment que dans un quatuor.

Gau­tier Capu­çon et l’altiste Gérard Caus­sé avaient déjà joué ensemble au fes­ti­val de 2013. Ils s’adjoignaient là en 2014 Cle­mens Hagen, le vio­lon­cel­liste de la fra­trie du Qua­tuor Hagen, qui sont natifs de Salz­bourg et pour qui Mozart est la langue mater­nelle. L’image pano­ra­mique montre bien la com­pli­ci­té et les regards entre les artistes : Capu­çon avec une barbe de mau­vais gar­çon, ‑Cle­mens Hagen magni­fique pour assu­rer l’assise har­mo­nique comme il le fait pour son Qua­tuor Hagen, mais aus­si comme pre­mier vio­lon­celle au Fes­ti­val de Lucerne depuis vingt ans.

Regar­der et écou­ter ces DVD sur un bel écran, c’est réel­le­ment très proche d’assister à un des meilleurs concerts de musique de chambre de l’année depuis le pre­mier rang. For­mi­dable expérience. 

2 CD Belvedere


Renaud Capu­çon, Gérard Caus­sé, Cle­mens Hagen 

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