Vanessa Rousset (91), Multiple et protéiforme
Quelle attachante et singulière personnalité ! Se prouver à elle-même qu’elle est capable de se hisser à l’une ou l’autre de ses ambitions, quelle qu’en soit la difficulté à l’atteindre, lui suffit-il ? Cela n’est pas sûr.
Physiquement parlant, c’est aussi un personnage multiple et protéiforme. Elle peut sembler menue, lorsqu’elle se veut d’une présence discrète, alors même qu’elle est grande.
“ Adulte de réflexion, elle a conservé son rire d’enfant ”
Mais elle peut aussi se donner une présence impressionnante. En effet, elle a un évident don d’expression. D’une parole toujours aisée, elle analyse, elle décrit, elle explique de façon toujours claire.
Elle y est aidée par une évidente chaleur humaine, qui la fait aller vers son interlocuteur, essayer sans le brusquer de le comprendre. Adulte de réflexion, elle a conservé son rire d’enfant.
Prudence et impulsivité
Mais parler à son égard de charisme est insuffisant, tant c’est une personnalité complexe, aux tendances parfois contradictoires. Je n’en mentionnerai que deux, un mixte de prudence et d’impulsivité – Vanessa Rousset adora le parachutisme, se jeter dans le vide fit sa joie et aurait pu devenir sa règle de vie ; jouir des plaisirs de l’existence mais travailler dur, jusqu’à l’insomnie, lorsqu’un problème lui trotte en tête.
Enfant unique d’une mère diplômée (Sciences-Po) et intellectuelle, d’un père chirurgien reconnu, et très sportif, elle souffrit de la mésentente entre ses parents. À l’âge de sept ans, voyant à la télévision le défilé du 14-Juillet, elle fut fascinée par les élèves de l’École. Son prestige, sa sélectivité, les aspects militaires aussi l’y attiraient.
Après une prépa à Louis-le-Grand, avec Claude Deschamps comme professeur de mathématiques en taupe, classe dont elle garde un souvenir assez sombre du fait de la compétition avec ses camarades, elle prépara seulement l’X, où elle intégra en trois-demi.
Un âge d’or
Sa scolarité à l’X lui fut, et pas seulement par contraste, un âge d’or. Ce lui fut une période très heureuse, de grande émulation intellectuelle, de convivialité et de camaraderie : « Tout ce que j’aime. »
Sortie dans le corps des Ponts, son premier poste fut chef du bureau des affaires européennes et internationales, à la Direction des transports terrestres.
En même temps que l’École des ponts (1995−1997), elle se donna une formation complémentaire à Sciences-Po Paris, un moment tentée par le concours d’entrée à l’ENA.
Du travail de terrain
Mais elle désirait du concret, l’économie réelle, du travail de terrain, des relations humaines à vif. Elle se lança dans le journalisme économique, au Monde et à L’Expansion.
Au moment du basculement vers la monnaie unique, elle publia avec Serge Marti, du Monde, un petit guide de l’euro. Allait-elle devenir patronne d’un grand groupe de presse ou des médias ?
C’est ce qui s’annonçait : elle accéda en 2000 à la direction du développement de la Société française de production (SFP), productrice de programmes de télévision.
L’esprit d’entreprise
À la même époque, au tournant du vingt et unième siècle, elle se fit confier une émission quotidienne, « L’esprit d’entreprise », sur Radio Classique. Cette activité décida de la suite de son existence.
“ Elle compare volontiers une entreprise réussie à un plat gastronomique ”
Elle y conduisait des entretiens avec des chefs d’entreprise, très divers, deux saisons durant, environ 75 au total. Vanessa Rousset suivait son talent, « découvrir en posant des questions, trouver un accès direct à la personne, aller à la rencontre de l’autre » (son éducation catholique l’y prédisposait).
L’un de ces chefs d’entreprise fut Bruno Rousset, de Lyon, l’inventeur de produits d’assurance innovants, qui avait fondé et dirigeait un groupe important (April) – l’une des plus grosses fortunes françaises aussi.
Ils tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre, pour elle l’un de ses grands choix de vie, donc impulsif : huit ans de conte de fées, dans l’harmonie, la connivence, le travail en étroite association.
Conquérir de nouveaux territoires
Comme elle le dit, « à la fois pilotée par Bruno et autonome », Vanessa Rousset dirigea Evolem, une société d’investissement, dans le capital de PME, de la région Rhône-Alpes au riche tissu industriel. Elle se passionna pour ce nouveau métier, aller à la découverte de leaders mondiaux, chacun dans un métier de niche, avec lesquels conquérir de nouveaux marchés.
Elle compare volontiers une entreprise réussie à un plat gastronomique : « Choix du produit – mariage des saveurs – degré de cuisson – esthétique de l’apparence – qualité du service. »
Le conte de fées vira au cauchemar à l’automne 2008. Pour des raisons tenant à la vie privée, Bruno et Vanessa décidèrent de divorcer. Après une traversée du désert (« cela reste un deuil »), Vanessa reprit en main son existence, personnelle et professionnelle. Elle est désormais à la tête d’un groupe immobilier lyonnais, qu’elle a fondé, Appart à Lyon, à plusieurs volets : location d’appartements de prestige ; achat, rénovation, et décoration d’appartements ; gestion locative ; marchande de biens.
Que réserve son avenir ? Assurément, son objectif de toujours, améliorer les relations humaines. Et ce n’est pas être prophète que prédire de Vanessa Rousset qu’elle nous réserve encore bien des surprises.
RETOUCHE
article mis à jour le 7 avril 2020
Son groupe immobilier APPART IMMO poursuit son développement. Il est installé à présent à Lyon, Paris, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nantes et Aix-en-Provence. A aussi fondé une société de gestion, qu’elle a nommée AMDG : abréviation, formellement de Asset Management Data Governance ; mais aussi clin d’œil à l’inscription par J.-S. Bach sur ses manuscrits, Ad majorem Dei gloriam. Cette société est agréée par l’autorité des marchés financiers pour gérer d’importants fonds d’investissement immobiliers.
Vanessa est à présent mère de trois jeunes fils.