Portrait VANESSA ROUSSET (91)

Vanessa Rousset (91), Multiple et protéiforme

Dossier : TrajectoiresMagazine N°700 Décembre 2014
Par Pierre LASZLO

Quelle atta­chante et sin­gu­lière per­son­na­li­té ! Se prou­ver à elle-même qu’elle est capable de se his­ser à l’une ou l’autre de ses ambi­tions, quelle qu’en soit la dif­fi­cul­té à l’atteindre, lui suf­fit-il ? Cela n’est pas sûr.

Phy­si­que­ment par­lant, c’est aus­si un per­son­nage mul­tiple et pro­téi­forme. Elle peut sem­bler menue, lorsqu’elle se veut d’une pré­sence dis­crète, alors même qu’elle est grande.

“ Adulte de réflexion, elle a conservé son rire d’enfant ”

Mais elle peut aus­si se don­ner une pré­sence impres­sion­nante. En effet, elle a un évident don d’expression. D’une parole tou­jours aisée, elle ana­lyse, elle décrit, elle explique de façon tou­jours claire.

Elle y est aidée par une évi­dente cha­leur humaine, qui la fait aller vers son inter­lo­cu­teur, essayer sans le brus­quer de le com­prendre. Adulte de réflexion, elle a conser­vé son rire d’enfant.

Prudence et impulsivité

Mais par­ler à son égard de cha­risme est insuf­fi­sant, tant c’est une per­son­na­li­té com­plexe, aux ten­dances par­fois contra­dic­toires. Je n’en men­tion­ne­rai que deux, un mixte de pru­dence et d’impulsivité – Vanes­sa Rous­set ado­ra le para­chu­tisme, se jeter dans le vide fit sa joie et aurait pu deve­nir sa règle de vie ; jouir des plai­sirs de l’existence mais tra­vailler dur, jusqu’à l’insomnie, lorsqu’un pro­blème lui trotte en tête.

Enfant unique d’une mère diplô­mée (Sciences-Po) et intel­lec­tuelle, d’un père chi­rur­gien recon­nu, et très spor­tif, elle souf­frit de la mésen­tente entre ses parents. À l’âge de sept ans, voyant à la télé­vi­sion le défi­lé du 14-Juillet, elle fut fas­ci­née par les élèves de l’École. Son pres­tige, sa sélec­ti­vi­té, les aspects mili­taires aus­si l’y attiraient.

Après une pré­pa à Louis-le-Grand, avec Claude Des­champs comme pro­fes­seur de mathé­ma­tiques en taupe, classe dont elle garde un sou­ve­nir assez sombre du fait de la com­pé­ti­tion avec ses cama­rades, elle pré­pa­ra seule­ment l’X, où elle inté­gra en trois-demi.

Un âge d’or

Sa sco­la­ri­té à l’X lui fut, et pas seule­ment par contraste, un âge d’or. Ce lui fut une période très heu­reuse, de grande ému­la­tion intel­lec­tuelle, de convi­via­li­té et de cama­ra­de­rie : « Tout ce que j’aime. »

Sor­tie dans le corps des Ponts, son pre­mier poste fut chef du bureau des affaires euro­péennes et inter­na­tio­nales, à la Direc­tion des trans­ports terrestres.

En même temps que l’École des ponts (1995−1997), elle se don­na une for­ma­tion com­plé­men­taire à Sciences-Po Paris, un moment ten­tée par le concours d’entrée à l’ENA.

Du travail de terrain

Mais elle dési­rait du concret, l’économie réelle, du tra­vail de ter­rain, des rela­tions humaines à vif. Elle se lan­ça dans le jour­na­lisme éco­no­mique, au Monde et à L’Expansion.

Au moment du bas­cu­le­ment vers la mon­naie unique, elle publia avec Serge Mar­ti, du Monde, un petit guide de l’euro. Allait-elle deve­nir patronne d’un grand groupe de presse ou des médias ?

C’est ce qui s’annonçait : elle accé­da en 2000 à la direc­tion du déve­lop­pe­ment de la Socié­té fran­çaise de pro­duc­tion (SFP), pro­duc­trice de pro­grammes de télévision.

L’esprit d’entreprise

À la même époque, au tour­nant du vingt et unième siècle, elle se fit confier une émis­sion quo­ti­dienne, « L’esprit d’entreprise », sur Radio Clas­sique. Cette acti­vi­té déci­da de la suite de son existence.

“ Elle compare volontiers une entreprise réussie à un plat gastronomique ”

Elle y condui­sait des entre­tiens avec des chefs d’entreprise, très divers, deux sai­sons durant, envi­ron 75 au total. Vanes­sa Rous­set sui­vait son talent, « décou­vrir en posant des ques­tions, trou­ver un accès direct à la per­sonne, aller à la ren­contre de l’autre » (son édu­ca­tion catho­lique l’y prédisposait).

L’un de ces chefs d’entreprise fut Bru­no Rous­set, de Lyon, l’inventeur de pro­duits d’assurance inno­vants, qui avait fon­dé et diri­geait un groupe impor­tant (April) – l’une des plus grosses for­tunes fran­çaises aussi.

Ils tom­bèrent éper­du­ment amou­reux l’un de l’autre, pour elle l’un de ses grands choix de vie, donc impul­sif : huit ans de conte de fées, dans l’harmonie, la conni­vence, le tra­vail en étroite association.

Conquérir de nouveaux territoires

Comme elle le dit, « à la fois pilo­tée par Bru­no et auto­nome », Vanes­sa Rous­set diri­gea Evo­lem, une socié­té d’investissement, dans le capi­tal de PME, de la région Rhône-Alpes au riche tis­su indus­triel. Elle se pas­sion­na pour ce nou­veau métier, aller à la décou­verte de lea­ders mon­diaux, cha­cun dans un métier de niche, avec les­quels conqué­rir de nou­veaux marchés.

Elle com­pare volon­tiers une entre­prise réus­sie à un plat gas­tro­no­mique : « Choix du pro­duit – mariage des saveurs – degré de cuis­son – esthé­tique de l’apparence – qua­li­té du service. »

Le conte de fées vira au cau­che­mar à l’automne 2008. Pour des rai­sons tenant à la vie pri­vée, Bru­no et Vanes­sa déci­dèrent de divor­cer. Après une tra­ver­sée du désert (« cela reste un deuil »), Vanes­sa reprit en main son exis­tence, per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle. Elle est désor­mais à la tête d’un groupe immo­bi­lier lyon­nais, qu’elle a fon­dé, Appart à Lyon, à plu­sieurs volets : loca­tion d’appartements de pres­tige ; achat, réno­va­tion, et déco­ra­tion d’appartements ; ges­tion loca­tive ; mar­chande de biens.

Que réserve son ave­nir ? Assu­ré­ment, son objec­tif de tou­jours, amé­lio­rer les rela­tions humaines. Et ce n’est pas être pro­phète que pré­dire de Vanes­sa Rous­set qu’elle nous réserve encore bien des surprises.


RETOUCHE

article mis à jour le 7 avril 2020

Son groupe immo­bi­lier APPART IMMO pour­suit son déve­lop­pe­ment. Il est ins­tal­lé à pré­sent à Lyon, Paris, Tou­louse, Bor­deaux, Lille, Nantes et Aix-en-Pro­vence. A aus­si fon­dé une socié­té de ges­tion, qu’elle a nom­mée AMDG : abré­via­tion, for­mel­le­ment de Asset Mana­ge­ment Data Gover­nance ; mais aus­si clin d’œil à l’inscription par J.-S. Bach sur ses manus­crits, Ad majo­rem Dei glo­riam. Cette socié­té est agréée par l’autorité des mar­chés finan­ciers pour gérer d’importants fonds d’in­ves­tis­se­ment immobiliers.

Vanes­sa est à pré­sent mère de trois jeunes fils.

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