Musée de l’Armée : « Il n’y a pas de grand musée sans mécènes »
Le général Henry de Medlege, directeur du musée de l’Armée, répond à nos questions et nous en dit plus sur le musée, ses projets et la place centrale qu’occupe le mécénat pour la pérennité de l’établissement.
Pouvez-vous nous présenter le musée de l’Armée aux Invalides ?
Le musée de l’Armée possède des collections qui se montent à plus de 500 000 pièces de l’Antiquité à nos jours. Ce qui en fait l’un des musées d’histoire militaire les plus importants au monde. L’établissement propose de nombreuses animations culturelles pour découvrir l’Hôtel des Invalides ou les collections : visites guidées et ateliers pédagogiques, expositions temporaires, conférences et colloques, cinéma, animations, concerts et événements…
Les visiteurs du monde entier viennent découvrir les lieux dont le célèbre Dôme, qui abrite le tombeau de Napoléon Ier, celui qui donna à votre École son statut militaire et sa belle devise.
La ministre des Armées possède de grandes ambitions pour les musées qui lui sont rattachés. Pour le nôtre, il s’agit de concrétiser le projet d’extension MINERVE. Il permettra d’exposer dès 2024 une histoire du site des Invalides, puis de nouveaux parcours permanents sur l’actualité des engagements, sur la période d’après 1945 à nos jours, et enfin sur la colonisation et la décolonisation. Il s’agit enfin de poursuivre l’expansion de notre rayonnement en France grâce à des relais territoriaux sans oublier notre rayonnement international.
Le mécénat est un axe stratégique pour des établissements comme le vôtre. Comment appréhendez-vous cette dimension ? Comment cela se traduit-il concrètement ?
Il n’y a pas de grand musée sans mécènes. C’est une affaire personnelle entre celui qui décide de participer à l’aventure du musée et son directeur. Le mécénat donne une dimension particulière à l’entreprise et la cause soutenue participe de sa propre identité. En contrepartie, l’action de mécénat n’est pas neutre dans la vie du musée de l’Armée. Les projets cherchent à trouver résonance auprès du mécène.
L’action de mécénat la plus forte qui soit pour notre Musée est certainement celle du CIC, grand partenaire depuis 2003. Elle nous a permis d’acquérir le mobile à la Croix de Lorraine dit France Forever (1942), du sculpteur américain Alexander Calder, reconnue œuvre d’intérêt patrimonial majeur en 2019. Cette acquisition a marqué l’ouverture du Musée à l’art contemporain et cette œuvre accueille désormais les visiteurs à l’entrée de l’historial Charles de Gaulle.
Le 11 octobre prochain sera lancé un projet de souscription publique pour l’acquisition du portrait de la comtesse de Lasalle et de sa fille peint par Antoine-Jean Gros. Qu’attendez-vous de ce projet ?
Ce grand portrait est un chef‑d’œuvre du Premier Empire. Il offre l’opportunité d’évoquer le destin singulier des familles, frappées par les blessures de la guerre mais aussi de donner une place plus grande aux figures féminines qui ont marqué notre histoire. Son acquisition permettra de réunir la comtesse et le général Lasalle, son époux, dont elle fut veuve rapidement puisqu’il mourut à Wagram en 1809. En effet, nous exposons déjà un portrait de lui, peint par le même artiste, et ses cendres reposent au caveau des gouverneurs.
En parallèle, quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?
Il s’agit de la préparation des quatre expositions : Photographies en guerre, à partir d’avril 2022, qui présentera des œuvres et des documents, pour certains inédits ou iconiques, afin d’inviter le visiteur à s’interroger sur les conditions d’emploi des images et la guerre. Cette exposition sera accompagnée de concerts ou photo-concerts, de conférences, de journées d’étude et d’animations vers le jeune public.
La deuxième exposition Toute une histoire : les collection du musée de l’Armée présentera l’histoire de nos plus belles acquisitions. Elle ouvrira en mai pour 5 mois.
Enfin, une exposition inédite sur les Forces Spéciales sera présentée à partir de septembre 2022, un événement très attendu par notre public !
Le musée de l’Armée s’exposera aussi hors les murs en juin, avec une exposition en partenariat avec le Centre des monuments nationaux au château de Châteaudun, sur la guerre de Cent Ans et le fidèle compagnon de Jeanne d’Arc, Jean de Dunois.