Ne dites pas à ma mère que je suis ingénieur
Notre dossier s’intéresse ce mois-ci à la place des ingénieurs dans la société.
Ceux-ci seraient-ils devenus les mal-aimés de cette société, qui n’hésite pas à monnayer le transfert d’un joueur de foot à plus de deux fois le budget annuel de l’X, ou à rémunérer un amuseur pour animer une soirée au petit écran autant que ce que gagne un jeune ingénieur en un an ? Certes, mais, forts de leurs connaissances, au moins n’exercent-ils pas une influence, n’ont-ils pas un impact important sur cette société par leurs travaux, leurs découvertes, leurs entreprises ? C’est à voir…
Notre dossier s’intéresse ce mois-ci à la place des ingénieurs dans la société.
Ceux-ci seraient-ils devenus les mal-aimés de cette société, qui n’hésite pas à monnayer le transfert d’un joueur de foot à plus de deux fois le budget annuel de l’X, ou à rémunérer un amuseur pour animer une soirée au petit écran autant que ce que gagne un jeune ingénieur en un an ? Certes, mais, forts de leurs connaissances, au moins n’exercent-ils pas une influence, n’ont-ils pas un impact important sur cette société par leurs travaux, leurs découvertes, leurs entreprises ? C’est à voir…
À en croire certains, notre monde serait en voie de désindustrialisation. C’est possible de la France, certainement pas du reste du monde, encore moins d’un pays comme la Chine. Partout les ingénieurs continuent à créer la base technique sur laquelle surfe notre société prétendument postindustrielle : les transports, qui ont rétréci notre monde à l’échelle d’un village ; le numérique et ses objets nomades, qui en font un vaste parloir ; jusqu’à l’espace, qui fera bientôt de Mars une destination de croisière ! Oui, aujourd’hui comme hier, les ingénieurs continuent d’inventer les possibles de notre société. Mais ils n’en maîtrisent plus seuls les usages et les règles, si toutefois ils l’ont jamais fait.
S’ils n’occupent désormais plus autant que naguère le devant de la scène politique ou médiatique, ils ont le recul nécessaire pour penser, peut-être plus sereinement et en tout cas de manière mieux informée que d’autres, les conséquences éthiques et sociétales de leurs entreprises. Ils ont la légitimité pour rappeler à notre flamboyante société 4.0 qu’elle reste fondée sur leurs travaux concrets, humbles et patients.
À ce dossier principal fait écho le portrait d’un X « engagé » dans son siècle s’il en fut : Léon Lalanne (1829), ou plus près de nous celui de l’X danseur et dompteur de photons Didier Fattal (98). Autre écho – non planifié à l’avance celui-ci ! – les in memoriam consacrés à deux X ingénieurs qui ont marqué, chacun à sa manière propre, l’histoire de l’industrie française d’aéronautique et de défense des dernières décennies, et récemment décédés : Serge Dassault (46) et Henri Martre (47).
Pour notre communauté polytechnicienne, ce numéro est l’occasion de saluer la mémoire des nombreux polytechniciens qui ont forgé les armes de la jeune République en attendant de lui donner ses plus grandioses réalisations, en donnant le mot de la fin au « père fondateur » Gaspard Monge, à qui le nouveau musée de l’École Mus’X consacre en ce moment sa magnifique première exposition :
« Lorsqu’on a créé l’école [polytechnique], on voulait à la vérité préparer des officiers et des ingénieurs, mais on avait un but plus vaste et plus élevé, celui de stimuler tout à coup le génie français prêt à s’endormir, de rappeler l’attention vers les sciences… »
« Réveiller le génie », aujourd’hui universel aussi bien que français, voilà une belle ambition pour les jeunes ingénieurs d’aujourd’hui !
Commentaire
Ajouter un commentaire
A cela, on pourrait ajouter
A cela, on pourrait ajouter avec Barenton que la France est le seul pays à disposer d’une école d’ingénieurs philosophes…