Numeum : le chef de file des entreprises du secteur du numérique en France

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°795 Mai 2024Par Michel COMBOT (X93)

Numeum est l’un des syn­di­cats pro­fes­sion­nels fran­çais et un lob­by de l’industrie du numé­rique membre de la Fédé­ra­tion Syn­tec. À la croi­sée des prin­ci­pales trans­for­ma­tions et évo­lu­tions de cette indus­trie, Numeum accom­pagne ses membres, mais aus­si l’ensemble de l’écosystème numé­rique. Son délé­gué géné­ral, Michel Com­bot (X93), nous en dit plus.

“Notre ambition est aussi d’être un syndicat représentatif de l’ensemble du secteur et de ses spécificités.”

Qu’est-ce que Numeum ?

Prin­ci­pal syn­di­cat pro­fes­sion­nel de l’écosystème numé­rique, Numeum regroupe plus de 2 500 entre­prises sur les 30 000 entre­prises du sec­teur. Nos membres emploient plus de 550 000 per­sonnes et ont réa­li­sé en 2023 un chiffre d’affaires de 66 mil­liards d’euros. Ces entre­prises, des PME, des ETI, des grands groupes et des start-up qui opèrent dans le sec­teur sont essen­tiel­le­ment des entre­prises de ser­vices du numé­rique (ESN) qu’on appe­lait aupa­ra­vant SSII, des socié­tés de conseil en tech­no­lo­gies, des édi­teurs de logi­ciels, des acteurs du web ou encore du cloud.
Au fil des années, Numeum a regrou­pé de nom­breux syn­di­cats, dont le Syn­tec Numé­rique, le plus ancien syn­di­cat qui avait été créé dans les années 60 et qui regrou­pait essen­tiel­le­ment des infor­ma­ti­ciens. Depuis, pour faire face aux grandes trans­for­ma­tions numé­riques et à la diver­si­fi­ca­tion des acteurs de cet éco­sys­tème très large, le sec­teur s’est conso­li­dé autour de Numeum afin de rele­ver les défis du numé­rique aus­si bien côté entre­prises, État que par­ti­cu­liers. Aujourd’hui, la plu­part des acteurs du numé­rique sont des TPE et des entre­prises indi­vi­duelles. Notre objec­tif est aus­si d’adresser ces entre­prises afin qu’elles puissent béné­fi­cier d’un niveau de ser­vice iden­tique à celui des plus grandes entre­prises. In fine, notre ambi­tion est aus­si d’être un syn­di­cat repré­sen­ta­tif de l’ensemble du sec­teur et de ses spécificités.

Quels sont les principales missions de Numeum et son périmètre d’actions ?

Nos mis­sions s’articulent autour de trois axes prin­ci­paux et visent à sou­te­nir et pro­mou­voir la trans­for­ma­tion numé­rique de l’industrie et des services :
• Pro­mou­voir les métiers du numé­rique au tra­vers de dif­fé­rents pro­grammes ciblant tous les publics (Femmes du numé­rique, 5000 star­tups…) et d’études (études RH, mar­ché de l’emploi, et plus ciblées sur des sujets comme les savoirs numé­riques à l’école…) ;
• Défendre les inté­rêts de la profession ;
• Valo­ri­ser le numé­rique et ses usages auprès des pou­voirs publics, des acteurs éco­no­miques et du grand public.
Pour mener à bien l’ensemble de ces mis­sions, nos adhé­rents se réunissent et tra­vaillent ensemble dans des com­mis­sions plu­ri­dis­ci­pli­naires qui donnent lieu à la pro­duc­tion et la publi­ca­tion de pro­po­si­tions, d’analyses et de pré­co­ni­sa­tions… Ils par­ti­cipent éga­le­ment à des mani­fes­ta­tions publiques, des forums et des confé­rences que Numeum anime et contri­buent au déve­lop­pe­ment de syner­gies qui viennent déve­lop­per et ren­for­cer l’écosystème numé­rique. Membre de la Fédé­ra­tion Syn­tec, Numeum co-gère la conven­tion col­lec­tive des bureaux d’études tech­niques, des cabi­nets d’ingénieurs-conseils et des socié­tés de conseils et joue ain­si un rôle impor­tant dans la régle­men­ta­tion sociale en matière de for­ma­tion, d’apprentissage et de poli­tiques de l’emploi. En paral­lèle, nous sommes aus­si for­te­ment mobi­li­sés autour des grands enjeux auquel notre éco­sys­tème est confron­té. Tout d’abord, les com­pé­tences et l’évolution des métiers du numé­rique. Il y a 50 ans, nous en étions encore aux bal­bu­tie­ments de l’informatique avec une pro­fes­sion essen­tiel­le­ment com­po­sée d’informaticiens. Depuis, de nou­veaux métiers ont émer­gé autour de la data, de l’IA ou encore du déve­lop­pe­ment durable. Notre rôle est d’accompagner nos adhé­rents et l’ensemble de notre éco­sys­tème afin de pou­voir appré­hen­der et inté­grer ces évo­lu­tions qui redes­sinent les métiers et donnent lieu à l’apparition de nou­veaux besoins et compétences.

Parce que plus de 50 % de nos membres sont issus des ter­ri­toires, nous accor­dons aus­si un inté­rêt par­ti­cu­lier au maillage du ter­ri­toire natio­nal afin d’accompagner tous nos adhé­rents. Nous sommes for­te­ment mobi­li­sés autour de la notion du numé­rique de confiance et res­pon­sable : les entre­prises doivent, en effet, pou­voir uti­li­ser les tech­no­lo­gies du numé­rique dans un cli­mat de confiance. Dans un contexte mar­qué par la hausse de la menace cyber et le déve­lop­pe­ment de l’IA, avec les pou­voirs publics à une échelle natio­nale et euro­péenne, notre rôle est de contri­buer à construire un cadre régle­men­taire qui per­met de créer et de péren­ni­ser ce cli­mat de confiance. À ces fins, nous nous appuyons sur un bureau à Bruxelles afin de pou­voir anti­ci­per et par­ti­ci­per à la défi­ni­tion et le déploie­ment du cadre régle­men­taire. Enfin, d’un point de vue plus opé­ra­tion­nel, nous met­tons aus­si au ser­vice de nos membres des ser­vices plus opé­ra­tion­nels comme des assu­rances mutua­li­sées, des finan­ce­ments, un accès faci­li­té à des avo­cats, des fis­ca­listes… autant de ser­vices qui visent à contri­buer au déve­lop­pe­ment de notre industrie.

Comment êtes-vous organisés ?

Numeum s’appuie sur une équipe d’une tren­taine de per­ma­nents. Notre conseil d’administration est com­po­sé de 30 membres qui sont élus en assem­blée géné­rale par l’ensemble de nos membres. En paral­lèle, nous avons un bureau qui gère les affaires du syn­di­cat au quo­ti­dien. En ma qua­li­té de délé­gué géné­ral de ce col­lec­tif, j’anime une équipe au ser­vice des membres ain­si que la gou­ver­nance du conseil d’administration et du bureau. Nous sommes aus­si orga­ni­sés en com­mis­sions thé­ma­tiques, qui sont pré­si­dées par un membre. Nous avons ain­si des com­mis­sions sur l’IA, le numé­rique en san­té… Nous ani­mons aus­si des com­mu­nau­tés d’intérêts, comme notre club des DRH qui réflé­chissent ensemble sur des sujets et des enjeux comme les com­pé­tences, la for­ma­tion, les métiers de demain… Au niveau ter­ri­to­rial, nous avons 11 délé­ga­tions régio­nales en métro­pole et une délé­ga­tion à la Réunion qui sont pilo­tées et coor­don­nées par des membres. Cette pré­sence locale est stra­té­gique pour Numeum, car plus de la moi­tié de nos membres sont ins­tal­lés en région. Elle nous per­met aus­si d’entretenir un dia­logue de qua­li­té avec les pou­voirs publics au niveau local. Par exemple, pen­dant la pan­dé­mie, nous avons eu de nom­breuses dis­cus­sions avec les direc­tions régio­nales de l’État autour de la for­ma­tion et du main­tien en acti­vi­té de nos membres. Nous nouons aus­si des col­la­bo­ra­tions à l’international avec nos homo­logues euro­péens et inter­na­tio­naux. Nous sommes, d’ailleurs, à l’origine de l’initiative TECH7, l’équivalent du G7 en matière du numérique.

“Parce que plus de 50 % de nos membres sont issus des territoires, nous accordons aussi un intérêt particulier au maillage du territoire national afin d’accompagner tous nos adhérents.”

Quelques mots sur les principaux événements qui sont organisés par Numeum.

Nos deux évé­ne­ments phares sont le TOP 250, qui est le clas­se­ment des édi­teurs de logi­ciels, et le Tro­phée des ESN, qui récom­pense les meilleures entre­prises de ser­vices numé­riques avec un clas­se­ment et un jury. Tout au long de l’année, nous orga­ni­sons des confé­rences thé­ma­tiques sur des sujets comme l’IA, ou encore l’environnement avec le Green­Tech Forum qui vise à démon­trer que le sec­teur numé­rique est un pilier essen­tiel de la décar­bo­na­tion des indus­tries et de la socié­té en géné­ral, mais aus­si à mettre en avant les efforts du sec­teur pour être exem­plaire à ce niveau. En paral­lèle, nous avons éga­le­ment des évé­ne­ments régionaux.

En parallèle, vous êtes en première ligne pour observer les profondes transformations du monde du numérique. Quelles sont, selon vous, les évolutions les plus structurantes ?

À l’heure actuelle, il y a essen­tiel­le­ment deux sujets qui mobi­lisent nos membres et le sec­teur : le numé­rique et l’environnement et l’IA, qui, depuis près d’un an, avec notam­ment le déve­lop­pe­ment de ChatGPT, est deve­nue une prio­ri­té à cause de l’impact de cette tech­no­lo­gie sur les entre­prises, leurs métiers et le déve­lop­pe­ment de leur acti­vi­té. Dans cette conti­nui­té se pose aus­si la ques­tion des com­pé­tences. Aujourd’hui, les métiers du numé­rique peinent à recru­ter et à atti­rer les jeunes talents. Pour gagner en visi­bi­li­té, nous tra­vaillons en étroite col­la­bo­ra­tion avec le minis­tère de l’Éducation natio­nale. Dans ce cadre, nous avons co-créé dif­fé­rents diplômes, comme un bac pro autour des ser­vices numériques.
Enfin, le numé­rique est inti­me­ment lié à la ques­tion de la cyber­sé­cu­ri­té. Les récentes direc­tives euro­péennes ont, d’ailleurs, voca­tion à rehaus­ser et déve­lop­per le niveau de matu­ri­té des entre­prises, et plus par­ti­cu­liè­re­ment des plus petites.

Quel bilan tirez-vous du marché du numérique en France en 2023 ? Comment se profile 2024 ?

En 2022, en France, le sec­teur du numé­rique a enre­gis­tré une crois­sance de 7,5 %. Il a créé plus de 47 000 emplois, soit 1 emploi sur 6. En 2023, le sec­teur a eu une crois­sance de 6,5 % et, à ce stade, nous nous atten­dons à une crois­sance de l’ordre de 5,8 % en 2024 avec un chiffre d’affaires glo­bal de l’ordre de 70 mil­liards. Mal­gré un léger ralen­tis­se­ment, le sec­teur numé­rique reste au-des­sus de la crois­sance moyenne du PIB. Plus que jamais, il se posi­tionne ain­si comme un vec­teur de crois­sance et de déve­lop­pe­ment de l’économie natio­nale. En 2024, le sec­teur de l’édition de logi­ciels va pour­suivre son très fort déve­lop­pe­ment. Nous nous atten­dons aus­si à un impor­tant déve­lop­pe­ment des ser­vices numé­riques autour de l’IA et du numé­rique res­pon­sable, ain­si qu’une crois­sance signi­fi­ca­tive du cloud.

Dans cette continuité, quelles sont les pistes et thématiques que vous creusez ?

Nous sommes en veille constante afin d’éclairer nos membres sur les prin­ci­paux enjeux et sujets qui redes­sinent le numé­rique. Dans ce cadre, nous avons mis en place des col­la­bo­ra­tions avec des domaines d’activité qui sont for­te­ment impac­tés par l’accélération des trans­for­ma­tions numé­riques. C’est notam­ment le cas du sec­teur de la banque et de l’assurance, de la san­té ou encore de l’industrie, de manière plus glo­bale. Ces thé­ma­tiques sont trai­tées dans nos diverses com­mis­sions et font régu­liè­re­ment l’objet de publi­ca­tions ou d’ateliers qui per­mettent de mieux com­prendre et d’anticiper les enjeux de ces trans­for­ma­tions aus­si bien en interne pour nos membres, qu’en externe vis-à-vis de leurs clients.
À l’échelle de nos membres, cela nous amène aus­si à tra­vailler sur l’adaptation de leur modèle éco­no­mique et d’activité afin d’intégrer les besoins émer­gents. Par exemple, en matière de san­té numé­rique, nous tra­vaillons aus­si bien avec les repré­sen­tants de l’État que les entre­prises du sec­teur et les pro­fes­sions libé­rales pour pen­ser dès aujourd’hui les usages numé­riques de demain. Nous réa­li­sons aus­si un tra­vail pros­pec­tif autour des tech­no­lo­gies émer­gentes : actuel­le­ment, notre inté­rêt se porte bien évi­dem­ment sur l’IA, mais aus­si sur le quan­tique et la réa­li­té vir­tuelle qui ont néan­moins un niveau de matu­ri­té tech­no­lo­gique plus restreint.

Et pour conclure ?

Le monde du numé­rique reste un sec­teur d’avenir qui n’a ces­sé de se trans­for­mer et de se réin­ven­ter sous l’impulsion des inno­va­tions tech­no­lo­giques et de l’évolution des usages. À titre per­son­nel, j’évolue dans ce sec­teur depuis près de 25 ans. C’est un sec­teur pas­sion­nant en forte crois­sance et aujourd’hui, Numeum est pre­mière ligne afin d’apprécier et d’accompagner les trans­for­ma­tions qui redes­sinent l’État et ses ser­vices, les entre­prises et leurs offres, mais aus­si le quo­ti­dien des Français.

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