On ne peut plus vivre sans l’espace
L’espace nous est maintenant devenu indispensable tant pour comprendre et surveiller la Terre que pour y vivre et être informé. Les acteurs se multiplient, dans le contexte d’un New Space qui enthousiasme et dérange.
L’espace est devenu, en un peu plus d’une génération, une dimension essentielle pour comprendre la Terre et pour y vivre.
Comprendre la Terre, ses composantes, son origine et son évolution, en analysant toutes les lumières qui nous viennent de l’Univers, en visitant tous les corps du système solaire et surtout en découvrant notre planète elle-même en prenant de la hauteur.
La révolution a bien eu lieu en 1968, mais avec la mission Apollo 8, dont l’équipage a ramené de son périple autour de la Lune le témoignage d’une Terre petite, une, fragile et finie, vaisseau de l’espace dans lequel l’humanité est embarquée et qui fait de chacun un astronaute responsable du véhicule qui l’abrite.
Vivre sur Terre, grâce aux données quotidiennes qui nous viennent de l’espace pour communiquer, voir, prévoir, écouter, naviguer, surveiller, gérer, contrôler – l’espace étant le seul moyen légal de collecter de l’information en tout point de la Terre et de la redistribuer instantanément et partout, y compris sur des mobiles.
L’espace contribue à raccourcir les distances et le temps, et à faire progresser connaissances et économie, les banques les plus riches aujourd’hui étant riches de données plus que d’argent. L’espace a aussi permis d’étendre la sphère économique de la Terre au-delà de la planète, brisant ainsi sa finitude.
On ne peut plus vivre sans l’espace et cette dépendance fait passer aujourd’hui de l’espace pour tous à l’espace par tous, multipliant les acteurs parmi ceux qui, jusqu’ici, n’étaient que des spectateurs : de plus en plus de pays, d’entrepreneurs, d’investisseurs, d’écoles et d’universités amènent de nouvelles idées, de nouvelles méthodes et de nouvelles ressources.
C’est le New Space qui, comme toute nouvelle génération, enthousiasme et dérange en même temps. Chaque génération a sa bataille d’Hernani, source de progrès une fois passée l’écume.
Dans ce grand mouvement mondial, la dimension européenne sera encore la clé du futur. L’Europe est complexe, faite de la juxtaposition de plusieurs échelles, du régional au communautaire. Au lieu de simplifier, il est mieux de rassembler pour utiliser la diversité de l’Europe et faire la différence par ce qui lui est propre : sa culture de la coopération, c’est-à-dire de partage des objectifs, des ressources et des résultats dans des projets communs.
C’est ce qui a permis à l’Europe, avec des budgets bien plus faibles que ceux des autres puissances spatiales, des conquêtes et des succès uniques. C’est ce qui continuera à faire de l’Europe un modèle de conquête durable, pourvu qu’elle prenne le risque d’innover.
La coopération, c’est d’abord une affaire d’hommes et de femmes qui conjuguent expertise et efforts et partagent la même passion. Les générations changent et se succèdent mais la passion est la même.
Je l’ai partagée avec mes élèves, et je la reconnais quand je lis leurs témoignages rassemblés dans ce dossier.