Des tests simples, mais efficaces pour dépister et faire le suivi des cancers
OncoDiag innove pour développer des tests simples de dépistage du cancer, non-invasifs, sensibles et spécifiques à chaque pathologie. Avec déjà plusieurs tests dans son portefeuille, la start-up contribue activement au dépistage et au suivi des récidives. Claude Hennion, président de cette entreprise innovante, nous en dit plus.
Votre ambition est de simplifier le diagnostic, le dépistage et le suivi des récidives. Dites-nous en plus sur votre positionnement dans ce cadre ?
Dans le domaine du cancer, les tests et les examens destinés à dépister et à diagnostiquer sont parfois rebutants, complexes, longs, pénibles, voire douloureux. Cette réalité engendre des réticences bien compréhensibles chez les patients, mais elle provoque aussi des retards qui réduisent leurs chances de guérison.
Dans cette démarche, votre objectif est de simplifier au maximum ces tests pour les patients. Pourquoi est-ce essentiel ? Comment cela se traduit-il concrètement ?
OncoDiag développe des tests basés sur les dernières avancées de la biologie moléculaire telles que la PCR, le NGS (séquençage de nouvelle génération), la spectrométrie de masse afin de rechercher à partir de simples recueils d’urine ou de prises de sang des marqueurs spécifiques de cancer.
Aujourd’hui, vous proposez un premier test, Urodiag qui permet de détecter très tôt les récidives du cancer de la vessie. Dites-nous en plus.
Le cancer de la vessie est un cancer dont le taux de récidive est très élevé : 80% de récidive dans les cinq ans. Un suivi régulier post-opératoire des patients est nécessaire. À l’heure actuelle, ce suivi est pratiqué en examinant les parois de la vessie à l’aide d’une caméra insérée par les voies naturelles. Cet examen très pénible doit être réalisé tous les trois mois. Certains patients retardent au maximum cet examen, alors que certains ne le font plus du tout. En cas de récidive, cette situation peut très vite devenir dramatique.
Fort de ces constats, OncoDiag propose donc de remplacer cet examen par un simple test urinaire. À partir d’une analyse par PCR des cellules tumorales qui ont desquamées dans l’urine, le test Urodiag va permettre de diagnostiquer très rapidement une récidive avec une extrême sensibilité et de façon totalement indolore pour le patient. Grâce à Urodiag, la réalisation de ce test à réaliser tous les trois mois n’est une plus contrainte douloureuse pour le patient ce qui contribue à réduire les risques en cas de récidive.
En parallèle, vous travaillez d’ores et déjà sur d’autres tests. Pouvez-vous nous les présenter ?
Toujours dans l’objectif de faciliter le suivi des cancers et de mieux prévenir les récidives, nous travaillons sur plusieurs tests qui sont en cours de validation.
Actuellement, pour les patients âgés de 50 à 74 ans, le dépistage systématique du cancer colorectal est réalisé à partir d’un prélèvement de selles réalisé tous les 2 ans et envoyé au laboratoire. Une très grande partie des personnes concernées est rebutée par cette manipulation. Résultat : seuls 30% d’entre elles le réalisent et près de 70% de la population n’est pas dépistée pour ce cancer très silencieux. Et quand les symptômes se manifestent, le cancer est malheureusement déjà très avancé. Pour lever ce frein, nous avons développé Colodiag, qui est un test sanguin plus facile à réaliser et qui va contribuer à généraliser le dépistage précoce de ce cancer sur l’ensemble de la population. En parallèle, le test réalisé actuellement engendre de nombreux « faux positifs » qui entraînent du stress chez les patients et qui, à partir de là, nécessite, pour valider le diagnostic, une coloscopie qui est examen pénible de l’ensemble du colon par endoscope sous anesthésie générale, coûteux et qui fait perdre une journée aux patients. Colodiag se différencie de ce test par deux avantages : premièrement, un dépistage généralisé et précoce du cancer colorectal, ce qui in fine implique une réduction des traitements lourds et des décès et, deuxièmement, de très fortes économies de santé (réduction des soins coûteux et des coloscopies).
Nous nous intéressons aussi au cancer de la prostate qui est le cancer le plus fréquent chez les hommes avec deux tests. Diagnoprost, qui est en cours d’évaluation, devrait permettre, à partir d’une simple prise de sang, de réaliser un dépistage systématique et plus précis de ce cancer que le test PSA actuellement utilisé. En parallèle, le niveau de gravité et d’agressivité de ce cancer étant très variable d’un patient à l’autre : il peut être indolent et ne nécessiter qu’une surveillance régulière, ou très agressif et nécessiter, au contraire, une intervention lourde. Prostadiag, qui est en phase de validation clinique, est un test d’agressivité du cancer de la prostate qui doit permettre, entre autres, de savoir si un cancer est véritablement indolent et d’éviter ainsi un traitement lourd et/ou une ablation de la prostate.
L’ensemble de vos tests sont basés sur les derniers développements en matière de biologie moléculaire. Quelques mots sur cette dimension.
La France est un des leaders dans ce domaine. Il y a 22 ans, la France a été à l’origine de la première carte du génome humain. Depuis, il y a eu de très nombreuses avancées dans l’univers de la santé : thérapie génique, nouveaux vaccins… Le domaine du diagnostic a largement participé à faire progresser le dépistage et le diagnostic de nombreuses maladies à partir de prélèvements très simples, comme le sang et les urines. OncoDiag s’inscrit dans cette continuité en cherchant à développer des solutions faciles à mettre en œuvre et d’une grande précision diagnostique dans le domaine du cancer en capitalisant sur la biologie moléculaire.
Aujourd’hui, comment vous projetez-vous ? Quelles sont vos perspectives et qu’en est-il des freins auxquels vous êtes confrontés ?
À court terme, il s’agit avant tout d’aller jusqu’au bout de toutes les validations cliniques en cours afin de pouvoir obtenir les certifications nécessaires pour pouvoir commercialiser nos tests dans l’ensemble des pays du monde.
Notre premier test, Urodiag, est l’objet d’un registre (essai clinique en vraie grandeur sur le terrain) organisé par l’AFU (Association Française d’Urologie), société savante qui regroupe une très grande partie des urologues. En outre, en France, nous avons noué un partenariat avec les laboratoires Cerba pour la mise en œuvre et le rendu des résultats de ce test. Dès que les validations cliniques des autres tests seront terminées (courant 2024 pour Prostadiag et Colodiag), nous allons déposer les dossiers de certification, un processus long qui peut prendre jusqu’à une année. Néanmoins, dans une logique de favorisation de l’innovation, la France a mis en place des procédures simplifiées d’accès au marché dans le domaine de la santé dont OncoDiag pourra en bénéficier.
Et pour les marchés à l’international, nous avons recruté un business developer pour trouver les meilleurs partenaires dans chaque pays, en commençant par les pays européens qui bénéficient d’une réglementation commune avec la France.
À plus long terme, d’autres développements seront envisagés dans le même esprit : tests simples, non-invasifs, sensibles et spécifiques pour les principaux types de cancer qui ne bénéficient pas encore de telles solutions (cancer du sein, du poumon, du rein, du pancréas, etc.).