Opération Monge : diversité, réussite et égalité des chances
Il y a une réalité factuelle, incontestable : la faiblesse des pourcentages de boursiers et de jeunes femmes dans les élèves de la formation ingénieur de l’École. Cette situation est connue, analysée depuis plusieurs années et combattue.
Cela a pu conduire à de fausses bonnes idées. Comme administrateur de l’École, j’ai voté en faveur d’une augmentation du nombre d’élèves admis par la filière TSI qui est une filière plus technique. Cela aurait pu permettre l’admission de quelques boursiers supplémentaires, et si on y réfléchit bien, c’était une forme de discrimination positive.
Construire la réussite, un défi pas si simple
Comme directeur général, j’ai connu ensuite les difficultés de certains de ces élèves qui travaillaient beaucoup plus et qui n’y arrivaient pas. Dans plusieurs cas, c’est grâce à la solidarité de l’AX qu’on a trouvé les solutions pour donner à ces jeunes camarades le temps et les moyens de valider finalement sans passe-droit leur diplôme. Ils n’étaient pas moins intelligents, valeureux ou méritants, mais clairement moins bien préparés. Leurs acquis en mathématiques à l’entrée n’étaient pas suffisants, d’où le surcroît d’efforts pour rattraper. Or, même quand on a un bon point de départ, la charge de travail pour valider peut être importante et la surcharge pour rattraper un bon niveau pèse donc très lourd. On a donc connu des élèves malheureux, en souffrance, et on ne peut le souhaiter. L’École est revenue en arrière sur le nombre de places pour rétablir une vraie situation de réussite pour les admis. Puisque cette expérience n’a pas paru être une bonne voie, faut-il en déduire qu’on ne peut rien faire ? Que nenni.
Les réponses convergentes de l’École et de l’AX
Les études, l’approche scientifique des données conduisent à une vérité implacable : la chance d’être admis dépend beaucoup de l’endroit où on a été préparé. Aujourd’hui, peu de classes préparatoires préparent bien au concours de l’X, et ces classes se sont concentrées dans quelques lycées, en grande partie en Île-de-France. Pour des élèves d’un milieu moins favorisé, la classe préparatoire de proximité est la solution la plus économique, et celle qui paraît la plus raisonnable à la famille, limitant sans doute les chances de réussir le concours de l’École polytechnique. Au cours de l’été 2019, le président de l’École a mené et fait mener une réflexion sur la diversité. En parallèle, il y a eu un groupe de travail de l’AX, réunissant des camarades motivés, et pour certaines et certains très engagés avec une expérience de terrain. Le conseil de l’AX a fortement souligné que la diversité des profils et la véritable égalité des chances étaient non seulement socialement souhaitables, mais aussi une nécessité et une opportunité pour la réussite et le rayonnement de l’École. Les échanges avec l’École ont montré une excellente convergence sur le diagnostic et les actions à mener. L’AX est donc résolument engagée en soutien du plan d’action de l’École, porté par Éric Labaye.
Donner envie de viser l’X
L’axe stratégique est de donner de véritables chances de réussite à des candidates et des candidats qui aujourd’hui ne les ont pas. Il y a certainement des mesures à prendre, comme c’est déjà le cas, au niveau du concours, pour lutter contre des biais qui pourraient injustement favoriser telle ou telle préparation. Il y a certainement un enjeu fort à donner la possibilité aux meilleures et aux meilleurs d’accéder aux préparations les plus performantes, et probablement une forme de « déconcentration » à promouvoir. Il faut aussi donner envie, instiller l’idée que les études scientifiques constituent une voie intéressante, et que même l’École polytechnique n’est pas inaccessible.
L’opération Monge est lancée
C’est sur ce volet des actions que se place l’opération Monge que l’École vient de lancer, sous l’égide du Pôle Diversité et Réussite. Alice Carpentier qui anime ce pôle a, depuis plusieurs années, mené de nombreuses actions réussies, dont les cordées de la réussite, le programme « Une grande école pourquoi pas moi » avec trois lycées de l’Essonne et des actions spécifiques pour attirer des jeunes femmes vers les études scientifiques. Dans l’opération Monge, l’objectif est que des élèves, récemment admis, viennent témoigner dans des centaines de lycées en France. Elles et ils sont là pour montrer que c’est possible et servir de modèles positifs.
Le rôle indispensable des correspondants de l’AX
En appui de cette opération, la communauté des anciens élèves s’engage dans la mise en place d’un réseau de correspondants. Ces camarades volontaires aideront pour les contacts avec les lycées, accompagneront les élèves lors de leur présentation, et assureront la continuité de l’action en regard de proviseurs qui restent plusieurs années, alors que les élèves changent tous les ans. L’AX a lancé un appel qui a reçu un bel écho comme le montre la carte. Pourtant, il reste de la place pour plus de correspondants.
Fais grandir le réseau des correspondants
Aujourd’hui 70 personnes se sont manifestées. Une centaine, ce serait mieux pour couvrir davantage la France et renforcer la capacité d’accompagner et de promouvoir dans des centaines de lycées chaque année. Diane Dessalles-Martin (76), bénévole à temps partiel au sein du Pôle Diversité et Réussite de l’X, anime, pour l’AX, ce réseau, et assure ainsi le lien entre l’AX et l’École.
Chère camarade, cher camarade, rejoins le réseau des correspondants diversité et réussite.