OPmobility invente le futur de la mobilité
Laurent Favre, Directeur Général d’OPmobility, revient sur le changement de nom de son entreprise. Cette évolution vient renforcer le positionnement de l’équipementier et sa volonté de contribuer à construire une mobilité plurielle, décarbonée et accessible à tous, aussi bien sur le plan technologique que financier. Explications.
Plastic Omnium est récemment devenu OPmobility. Comment cette évolution impacte-t-elle les priorités et la stratégie du Groupe ?
Le changement de nom est effectif depuis le 27 mars dernier. C’est un événement particulièrement structurant pour notre entreprise familiale qui avait vu le jour en 1946. Il ne s’agit pas d’un changement de stratégie, mais plutôt de l’incarnation de notre transformation initiée il y a déjà plusieurs années au service de toutes les mobilités.
Plastic Omnium a été précurseur en introduisant le plastique dans le domaine de l’automobile. Cette évolution a permis de réduire le poids des véhicules de 250 kg au fil des années en substituant le plastique à l’aluminium et à l’acier. En 2018, le Groupe a cédé son activité historique dans l’environnement afin de se concentrer sur l’automobile.
En 2019, au moment où j’ai rejoint le Groupe, nous avons travaillé sur les transformations de la mobilité et notamment sur la question de la décarbonation, tout en restant très attachés à la notion de liberté qui est au cœur même de notre ADN et de notre vision de la mobilité.
À partir de là, nous avons défini une nouvelle stratégie et notre raison d’être en 2022, « Driving a New Generation of Mobility », avec l’ambition de se positionner comme un acteur moteur dans la construction et le développement d’une mobilité plurielle et diverse afin d’accompagner les profondes mutations du marché, mais aussi les habitudes et les besoins de la société.
En cohérence avec cette ambition forte, il nous a alors semblé nécessaire de faire évoluer notre nom afin qu’il reflète notre positionnement en introduisant cette notion de mobilité qui est plus que jamais au centre de notre activité. Et, comme il ne s’agit pas d’une rupture ou d’un changement de stratégie, nous avons conservé le logo historique du Groupe, qui emploie plus de 40 000 collaborateurs dans 28 pays.
Votre activité est donc à la croisée des transformations majeures qui redessinent actuellement le monde de la mobilité. Comment les appréhendez-vous ?
Nous appréhendons chaque transformation du marché comme une opportunité. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur trois axes à forte valeur ajoutée pour notre activité. Premièrement, il s’agit de développer notre portefeuille de technologies. Cela passe par l’optimisation de nos technologies historiques et des acquisitions. Sur les dernières années, nous avons ainsi réalisé près de 2 milliards d’acquisitions dans des domaines aussi divers que l’éclairage, l’hydrogène, les batteries, etc.
Deuxièmement, nous avons repensé notre empreinte géographique. Aujourd’hui, près de 50 % de notre chiffre d’affaires est réalisé en Europe, alors que ce marché représente moins de 20 % de la production automobile mondiale. Il s’agit, bien évidemment, de conserver ce socle européen historique, mais aussi d’accélérer notre développement international, en Amérique du Nord et en Asie.
“Nous appréhendons chaque transformation du marché comme une opportunité.”
Troisièmement, comme pour toute transformation d’un marché, nous assistons à l’émergence de nouveaux acteurs. On peut notamment citer l’américain Tesla ou bien encore les constructeurs chinois, sans oublier le fait que la mobilité se diversifie. Il s’agit donc de se positionner aussi de manière à pouvoir répondre aux besoins de ces nouveaux acteurs.
Pour relever ces défis, le capital humain est clé. Nous misons donc sur la montée en compétences et la formation de nos collaborateurs afin de leur donner les moyens d’appréhender ces transformations qui se succèdent toujours plus vite.
Enfin, nous nous transformons sans renier nos racines. Nous restons le leader des pièces extérieures de carrosserie, des réservoirs à carburant et des modules, mais complétons nos produits et nos services afin de diversifier nos offres et de nous positionner sur les nouveaux marchés émergents.
Comment cela se matérialise-t-il concrètement dans votre activité ?
Nous sommes convaincus que la mobilité de demain sera plurielle et abordable à condition d’explorer toutes les pistes technologiques. Dans une vingtaine d’années, on peut imaginer qu’il y aura encore des moteurs thermiques avec des carburants alternatifs. Il y aura également beaucoup plus de véhicules à batterie. Nous pensons aussi que l’hydrogène jouera un rôle considérable dans la décarbonation de la mobilité, notamment la mobilité lourde, car il permet de combiner les avantages de la voiture électrique qui n’émet pas de CO2 et des véhicules thermiques qui offrent une grande autonomie ainsi qu’une rapidité de ravitaillement. Nos premiers investissements dans l’hydrogène remontent ainsi à 2015 et nous avons adapté nos solutions aux caractéristiques de ce gaz.
Nous construisons aujourd’hui la plus grande usine dédiée à la fabrication de systèmes de stockage hydrogène au service de la mobilité lourde, à côté de Compiègne. Cette usine va voir le jour à proximité d’une ancienne usine de fabrication de réservoirs à essence. Tous les collaborateurs ont été formés afin de pouvoir fabriquer désormais des réservoirs à hydrogène. Dans notre centre de R&D situé à Compiègne, nous avons aujourd’hui plus de la moitié des effectifs qui se concentre sur l’hydrogène et l’électrification. Nous répondons en France et en Europe aux besoins de constructeurs comme Renault et Stellantis, mais aussi des acteurs de la mobilité ferroviaire, comme Alstom ou Stadler ; en Chine pour la mobilité lourde, mais aussi aux États-Unis, notamment pour Ford.
Nous travaillons par ailleurs avec Tesla, un acteur récent de la mobilité. Le 16 avril dernier, nous avons inauguré une usine à Austin, où nous assemblons notamment des modules blocs-avant et des modules cockpit pour le constructeur américain.
Quelles pistes explorez-vous en termes de R&D et d’innovation ?
Dans un monde qui se transforme toujours plus vite, l’enjeu n’est plus de développer la meilleure technologie, mais d’être le plus rapide. Conscients de cette réalité, nous multiplions les collaborations avec des acteurs de l’innovation de la R&D. Nous travaillons avec des dizaines de start-ups, mais aussi avec le CEA, l’Institut Langevin en France, le MIT aux États-Unis, ainsi que d’autres acteurs en Europe ou encore en Chine. Au-delà du volet « matériaux », il s’agit aussi d’innover dans les logiciels alors que les véhicules embarquent toujours plus d’intelligence. Il y a un an et demi, nous avons ainsi lancé une entité dédiée à cette activité logicielle.
Nous travaillons aussi sur les systèmes de packs de batteries pour la mobilité lourde et commerciale. Dans le même temps, nous continuons à développer des systèmes de réservoirs pour des véhicules hybrides en concentrant nos efforts sur la réduction du poids et des coûts. Nous innovons pour l’extérieur du véhicule afin d’introduire toujours plus de matériaux recyclables ou recyclés et nous travaillons sur l’aérodynamisme de nos produits pour qu’ils soient plus légers et contribuent ainsi à réduire la consommation d’énergie.
Au-delà, nous sommes aussi vigilants à l’empreinte carbone de nos 152 usines dans le monde. Nous allons atteindre la neutralité carbone de toutes nos activités opérationnelles le 1er janvier 2025. Pour y parvenir, nous actionnons plusieurs leviers dont la modernisation de notre outil industriel, le verdissement de l’énergie consommée, la digitalisation, le recours à l’IA, etc.
En matière de mobilité décarbonée, quels sont les principaux freins qui persistent, selon vous ?
Sur le plan technologique, il s’agit de déterminer quelles technologies nous permettront de décarboner les mobilités. Les approches sont très différentes d’une géographie à l’autre. À notre niveau, nous pensons notamment que la volonté de l’Europe de se détourner complètement des motorisations thermiques est un choix hasardeux. En outre, la décarbonation de la mobilité, notamment individuelle, ne doit pas concerner uniquement les nouveaux véhicules qui arrivent sur le marché. En effet, le véritable défi est de décarboner le parc existant avec des voitures dont l’âge moyen est d’une dizaine d’années et qui polluent considérablement. Il est essentiel de proposer des alternatives accessibles à tous les ménages, alors que beaucoup en France ne peuvent pas acheter un véhicule 100 % électrique.
Enfin, pour accélérer le déploiement de la mobilité électrique à batterie et à hydrogène, il faut développer, en parallèle, l’infrastructure annexe, mais également garantir l’accès à une électricité verte et à un hydrogène d’origine renouvelable.
Dans cette continuité, comment vous projetez-vous ?
Au fil des décennies, OPmobility a toujours envisagé l’avenir avec optimisme. Encore aujourd’hui, le Groupe est détenu à 60 % par la famille fondatrice, ce qui nous permet d’avoir une vision de long terme.
Aujourd’hui, nous continuons à développer notre offre technologique pour contribuer à inventer la mobilité de demain, plus durable, plus connectée, mais qui doit rester abordable. Nous renforçons notre présence dans nos marchés historiques tout en nous développant dans de nouvelles géographies et en adaptant nos stratégies aux spécificités locales. En parallèle, notre ambition est aussi d’être un acteur reconnu de toutes les mobilités : mobilité individuelle, lourde, ferroviaire, commerciale… Cette stratégie nous a permis de dépasser le cap des 10 milliards de chiffre d’affaires pour la première fois en 2023 !
Pour mener de front l’ensemble de vos projets, le capital humain est clé. Quelles sont les compétences que vous recherchez pour renforcer vos équipes ?
Parce que la transition énergétique ne pourra pas se faire sans la technologie, nous avons besoin de nous entourer d’ingénieurs de talent qui souhaitent apporter leur contribution à leur niveau. Chez OPmobility, nous connaissons des cycles de développement de plus en plus courts, ce qui permet à nos ingénieurs d’apprécier les résultats de leurs efforts et de leur travail dans des délais moyens de 1 à 2 ans. Au-delà, nous leur proposons des carrières en France et à l’international, au sein d’un Groupe familial et entrepreneurial, qui valorise l’esprit d’initiative, la curiosité, la diversité, l’innovation et l’humain.