Osons le débat sur les cryptomonnaies
Cryptomonnaies, cryptoactifs, monnaies numériques, quel que soit le vocable, il y a là matière à un beau dossier et force était de s’étonner que La Jaune et la Rouge n’y eût déjà consacré un numéro. C’est chose faite, avec des contributeurs de premier plan, informés, aux profils variés, et qui, en n’étant pas complètement d’accord entre eux, nous aideront à nous faire notre opinion.
Car pour ceux qui ne sont pas parties prenantes au Bitcoin, de l’Ethereum ou d’une autre de ces devises mystérieuses, qui n’en sont ni « mineurs » à leurs heures perdues ni détenteurs, la question des cryptos ne se laisse pas aborder aisément.
Techniquement déjà, car les cryptos recèlent une complexité principielle, qui participe justement à en faire le prix. La conception de la plus répandue d’entre elles, le Bitcoin, repose sur un challenge de craquage cryptographique, progressivement rendu plus ardu, dont chaque succès individuel est couronné par l’attribution de nouvelles unités de « monnaie » aux vainqueurs du challenge. De quoi attirer les arithméticiens, programmeurs et autres esprits scientifiques de tout poil.
“La confiance est la question centrale dans la valeur de toute monnaie.”
Cela ne va pas de soi de parler de monnaie, s’agissant de biens immatériels dont la contrepartie est constituée de la preuve jugée crédible qu’un certain processus, « coûteux », a bien eu lieu. La confiance est la question centrale dans la valeur de toute monnaie. L’étalon-or, les banques centrales, la certification bancaire sont quelques-unes des manières d’en assurer la liquidité. Avec les cryptomonnaies, la confiance repose sur d’autres processus, que l’absence de profondeur historique ne permet pas d’évaluer vraiment. Des processus qui peuvent en tout cas nécessiter beaucoup d’énergie, à une époque où l’on chercherait plutôt à en éviter les dépenses non indispensables.
Politiquement, il est difficile de savoir où les cryptomonnaies conduisent, si elles sont un phénomène important ou un avatar, à long terme anecdotique, de l’explosion numérique au XXIe siècle. Le fait qu’elles soient d’émanation décentralisée les disculpe par avance de certains péchés des devises que l’on connaît. Pas de pays émetteur, pas de planche à billets, pas de tentation de contrôle politique biaisé. Mais quand même des fluctuations de marché, des krachs, des rebonds et parfois des scandales, en tout cas des valeurs d’échange qui permettent une confrontation aux monnaies nationales et donc accessoirement de taxer les flux ou les stocks.
Si l’on en croit Wikipédia, c’est en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud que l’on a le plus tendance à posséder des cryptomonnaies [https://fr.wikipedia.org/wiki/Cryptomonnaie]. Comment faudrait-il interpréter cette information si elle est exacte ?
À ceux qui comme moi ont plus d’interrogations que de connaissances sur le thème du mois, un seul conseil : s’y plonger !