Où bat le cœur du monde
Philippe Hayat (85)
Rédacteur : Charles-Henri Pin (56)Editeur : Calmann Lévy, août 2019En lisant ce nouveau livre de P. Hayat j’ai pensé à P. Bergounioux qui a dit à propos de l’Odyssée : « Nous sommes tous les enfants d’Homère. Quand nous avons quelque chose à raconter, nous le versons dans cette prodigieuse matrice dont il a été l’inventeur. »
Ici nous suivons les aventures d’un jeune Tunisien, Darius Zaken, né en 1925, qui réalise sa vocation de musicien de jazz, surmontant les obstacles dont le moindre n’est pas l’amour fusionnel de sa mère. Son mari ayant été victime d’une manifestation anti-juive, elle rêve pour son fils d’un avenir bourgeois : ingénieur, avocat…
Rendu muet par suite du traumatisme lié à l’assassinat de son père auquel il a assisté, Darius découvre le jazz et sa vocation de clarinettiste.
Blanc, juif et muet, il est sauvé par sa fidélité à sa vocation musicale.
Le chemin est long et inattendu : participation au débarquement américain de 1943 en Sicile, un salon de prostitution à New York, une tournée en Alabama qui se heurte au ségrégationnisme, son orchestre comptant des musiciens noirs…
Le roman se déroule entre Tunis, New York, la Sicile, Mobile (Alabama) et Paris.
Au fil des ans on croise Louis Armstrong, Duke Ellington, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Count Basie, Billie Holiday…
Les descriptions des lieux sont étonnantes de réalisme et de précision. Les rues de Tunis avant la guerre, le débarquement allié en Sicile (j’ai vérifié sur Wikipédia), les bas-fonds de New York, the Deep South.
Dernier clin d’œil à l’Odyssée : les aventures ne sont pas présentées dans l’ordre chronologique.
Vous l’avez deviné : j’ai beaucoup aimé.