Parcours d’un polytechnicien Viêtnamien
À l’X, en 2005, un nouveau binet a été créé : le binet X‑Viet.
Ce binet a le soutien total de tous les polytechniciens venus du Viêtnam par la voie EV2 (élèves voie deux, qui ont suivi la filière universitaire) et les amis français et internationaux qui sont intéressés par la culture vietnamienne.
Les premiers élèves vietnamiens sont venus à l’X en 1996 pour rejoindre la promotion 1995 en tant qu’EV2.
À partir de cette année, le nombre d’élèves vietnamiens par promotion ne cesse d’augmenter : 2 pour la promo 96, 4 pour la promo 97 et 98, jusqu’à 15 pour la promo 2001, d’où une moyenne de 10 personnes par promotion.
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Qui sont ces élèves ?
Élèves des programmes honorés des plus grandes universités du Viêtnam (Université nationale des sciences naturelles de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville, École polytechnique de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville), ils sont tous sélectionnés par dossier et puis par des épreuves orales qui ont lieu à l’ambassade de France à Hanoi. La plupart de ces élèves détiennent une ou plusieurs médailles des concours internationaux de mathématiques ou de physique. Ils constituent la majorité des élèves d’élite du pays. Après leur scolarité au Viêtnam, ils réussissent souvent à trouver des bourses à l’étranger comme en France, au Japon, aux États-Unis, en Australie, etc., pour continuer leurs études supérieures dans les domaines techniques, scientifiques, ainsi que pour enrichir leurs connaissances culturelles.
Pourquoi la France et l’École polytechnique ?
Au moment du concours d’entrée à l’X, la majorité de ces élèves ont passé les épreuves orales en anglais.
Malgré le challenge linguistique, il n’y a pas de doute, ils vont à l’X pour poursuivre leurs études car c’est un des meilleurs établissements pour les études supérieures dans des domaines très variés. C’est vrai, l’École a tout fait pour ses élèves et en particulier pour les élèves étrangers : une scolarité variée, des professeurs sympathiques et disponibles, des facilités pour toutes les activités sportives et culturelles. Le plus important est un environnement très sérieux de formation et d’échange pour les élèves.
À l’École polytechnique, les binets sont parmi les activités hors scolaires les plus extraordinaires. Les élèves vietnamiens participent aux divers binets, du binet X‑Entreprises au binet Photo, du binet Robot au binet International, etc. De la participation individuelle dans des activités de l’École, l’envie de partager, de faire connaître sa culture natale a poussé les X vietnamiens à créer des activités eux-mêmes. Les élèves de la promo 99 se souviennent sans doute de la journée vietnamienne à l’X, qui leur a permis d’assister à des spectacles d’arts martiaux et de danses traditionnelles. À partir de la promo 2000, le nouvel an asiatique, ou le Têt en vietnamien, est fêté à l’X chaque année avec comme organisateurs les élèves asiatiques de la promo. L’idée de la création d’un binet X‑Viet avait son origine depuis les premières promos de X‑Viet (97).
Et la vie après l’X ?
En sortant de l’École, les élèves vietnamiens ont autant de choix pour leur quatrième année que leurs amis français, sauf pour les corps d’État. Bien que la plupart des élèves vietnamiens des promos précédentes (de 95 à 99) aient choisi la recherche comme formation après l’X, la tendance a beaucoup changé au cours des trois dernières années. La promotion 2000 a vu six élèves parmi seize choisir une école d’application après l’X. Cette tendance est même plus forte pour les deux dernières promotions. De la promotion 2002, qui vient de sortir de l’X, pour la première fois, le nombre des élèves vietnamiens qui suivent une formation d’ingénieur est supérieur à ceux qui font de la recherche (9 par rapport à 4). Le choix des écoles varie largement, de Télécom Paris, ENSAE, École des mines de Paris, École des ponts et chaussées, Supaéro à Toulouse, ENSTA et également l’École du pétrole et des moteurs. Comme les élèves français, certains X vietnamiens partent à l’étranger pour effectuer leur quatrième année : Harvard, Princeton aux États-Unis, Cambridge en Angleterre…
Les polytechniciennes (dont quelques-unes sont vietnamiennes) dans le costume “ Ao Dai ” à l’occasion de Têt, le nouvel an asiatique, en 2004. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE
On ne peut dire que peu de choses sur la vie professionnelle des anciens élèves vietnamiens car il n’y en a guère parmi eux qui sont totalement entrés sur le marché du travail. La plupart sont en train de terminer soit leur thèse, soit leur dernière année de l’école d’ingénieurs. Pourtant, la procédure d’évolution de ces élèves relève de plusieurs points importants. Étant sur le campus de Palaiseau pendant deux ans, ils ont obtenu des bases solides pour les connaissances scientifiques et la culture française. Le fait d’avoir une double culture franco-vietnamienne est un atout pour bien s’intègrer dans la vie après l’X. Ils trouvent sans difficulté des stages de fin d’études ou des postes dans les grands groupes français. Poussés par l’ambition, certains d’entre eux vont même faire des stages ou travailler dans des entreprises à l’étranger comme aux États-Unis, au Japon et en Angleterre. Certains autres continuent des thèses aux États-Unis et en Angleterre après avoir fait une école d’ingénieurs française. Tout cela a pour but de leur donner des complémentarités à ce qu’ils ont appris en France.
S’il y a environ une dizaine d’élèves vietnamiens pour chaque promotion, dans trois ans il y aura près de 150 polytechniciens vietnamiens. Ils travailleront dans tous les domaines, de la télécommunication à l’aérospatiale, de l’industrie automobile à celle du pétrole, de la finance d’entreprises à la science économique et bien sûr dans des domaines des recherches scientifiques, surtout en mathématique et physique. Bien comprendre leur culture asiatique, avoir une bonne connaissance de la culture occidentale sont deux caractères » de facto « , sans préjudice des solides connaissances techniques qu’ils possèdent. Ouverts à des nouveaux mondes, prêts à prendre en main des discussions avec leurs partenaires, ces anciens élèves de l’École joueront un rôle important dans le développement du Viêtnam.
Ainsi la devise de l’École : » Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire « , initialement française, guidera désormais les polytechniciens vietnamiens dans leur chemin de vie.