Défilé le 14 juillet 2002.

Parcours d’un polytechnicien Viêtnamien

Dossier : Le Viêtnam en 2005Magazine N°609 Novembre 2005
Par Ngoc Anh VU (01)
Par Mai-Phuong DÔ (99)

À l’X, en 2005, un nou­veau binet a été créé : le binet X‑Viet.
Ce binet a le sou­tien total de tous les poly­tech­ni­ciens venus du Viêt­nam par la voie EV2 (élèves voie deux, qui ont sui­vi la filière uni­ver­si­taire) et les amis fran­çais et inter­na­tio­naux qui sont inté­res­sés par la culture vietnamienne.
Les pre­miers élèves viet­na­miens sont venus à l’X en 1996 pour rejoindre la pro­mo­tion 1995 en tant qu’EV2.
À par­tir de cette année, le nombre d’é­lèves viet­na­miens par pro­mo­tion ne cesse d’aug­men­ter : 2 pour la pro­mo 96, 4 pour la pro­mo 97 et 98, jus­qu’à 15 pour la pro­mo 2001, d’où une moyenne de 10 per­sonnes par promotion.

Tiêng Viêt : télé­char­ger la ver­sion vietnamienne

Qui sont ces élèves ?

Élèves des pro­grammes hono­rés des plus grandes uni­ver­si­tés du Viêt­nam (Uni­ver­si­té natio­nale des sciences natu­relles de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville, École poly­tech­nique de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville), ils sont tous sélec­tion­nés par dos­sier et puis par des épreuves orales qui ont lieu à l’am­bas­sade de France à Hanoi. La plu­part de ces élèves détiennent une ou plu­sieurs médailles des concours inter­na­tio­naux de mathé­ma­tiques ou de phy­sique. Ils consti­tuent la majo­ri­té des élèves d’é­lite du pays. Après leur sco­la­ri­té au Viêt­nam, ils réus­sissent sou­vent à trou­ver des bourses à l’é­tran­ger comme en France, au Japon, aux États-Unis, en Aus­tra­lie, etc., pour conti­nuer leurs études supé­rieures dans les domaines tech­niques, scien­ti­fiques, ain­si que pour enri­chir leurs connais­sances culturelles.

Pourquoi la France et l’École polytechnique ?

Au moment du concours d’en­trée à l’X, la majo­ri­té de ces élèves ont pas­sé les épreuves orales en anglais.

Mal­gré le chal­lenge lin­guis­tique, il n’y a pas de doute, ils vont à l’X pour pour­suivre leurs études car c’est un des meilleurs éta­blis­se­ments pour les études supé­rieures dans des domaines très variés. C’est vrai, l’É­cole a tout fait pour ses élèves et en par­ti­cu­lier pour les élèves étran­gers : une sco­la­ri­té variée, des pro­fes­seurs sym­pa­thiques et dis­po­nibles, des faci­li­tés pour toutes les acti­vi­tés spor­tives et cultu­relles. Le plus impor­tant est un envi­ron­ne­ment très sérieux de for­ma­tion et d’é­change pour les élèves.

À l’É­cole poly­tech­nique, les binets sont par­mi les acti­vi­tés hors sco­laires les plus extra­or­di­naires. Les élèves viet­na­miens par­ti­cipent aux divers binets, du binet X‑Entreprises au binet Pho­to, du binet Robot au binet Inter­na­tio­nal, etc. De la par­ti­ci­pa­tion indi­vi­duelle dans des acti­vi­tés de l’É­cole, l’en­vie de par­ta­ger, de faire connaître sa culture natale a pous­sé les X viet­na­miens à créer des acti­vi­tés eux-mêmes. Les élèves de la pro­mo 99 se sou­viennent sans doute de la jour­née viet­na­mienne à l’X, qui leur a per­mis d’as­sis­ter à des spec­tacles d’arts mar­tiaux et de danses tra­di­tion­nelles. À par­tir de la pro­mo 2000, le nou­vel an asia­tique, ou le Têt en viet­na­mien, est fêté à l’X chaque année avec comme orga­ni­sa­teurs les élèves asia­tiques de la pro­mo. L’i­dée de la créa­tion d’un binet X‑Viet avait son ori­gine depuis les pre­mières pro­mos de X‑Viet (97).

Et la vie après l’X ?

En sor­tant de l’É­cole, les élèves viet­na­miens ont autant de choix pour leur qua­trième année que leurs amis fran­çais, sauf pour les corps d’É­tat. Bien que la plu­part des élèves viet­na­miens des pro­mos pré­cé­dentes (de 95 à 99) aient choi­si la recherche comme for­ma­tion après l’X, la ten­dance a beau­coup chan­gé au cours des trois der­nières années. La pro­mo­tion 2000 a vu six élèves par­mi seize choi­sir une école d’ap­pli­ca­tion après l’X. Cette ten­dance est même plus forte pour les deux der­nières pro­mo­tions. De la pro­mo­tion 2002, qui vient de sor­tir de l’X, pour la pre­mière fois, le nombre des élèves viet­na­miens qui suivent une for­ma­tion d’in­gé­nieur est supé­rieur à ceux qui font de la recherche (9 par rap­port à 4). Le choix des écoles varie lar­ge­ment, de Télé­com Paris, ENSAE, École des mines de Paris, École des ponts et chaus­sées, Supaé­ro à Tou­louse, ENSTA et éga­le­ment l’É­cole du pétrole et des moteurs. Comme les élèves fran­çais, cer­tains X viet­na­miens partent à l’é­tran­ger pour effec­tuer leur qua­trième année : Har­vard, Prin­ce­ton aux États-Unis, Cam­bridge en Angleterre…

Des polytechniciennes dans le costume vietnamien “ Ao Dai ”
Les poly­tech­ni­ciennes (dont quelques-unes sont viet­na­miennes) dans le cos­tume “ Ao Dai ” à l’occasion de Têt, le nou­vel an asia­tique, en 2004. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE

On ne peut dire que peu de choses sur la vie pro­fes­sion­nelle des anciens élèves viet­na­miens car il n’y en a guère par­mi eux qui sont tota­le­ment entrés sur le mar­ché du tra­vail. La plu­part sont en train de ter­mi­ner soit leur thèse, soit leur der­nière année de l’é­cole d’in­gé­nieurs. Pour­tant, la pro­cé­dure d’é­vo­lu­tion de ces élèves relève de plu­sieurs points impor­tants. Étant sur le cam­pus de Palai­seau pen­dant deux ans, ils ont obte­nu des bases solides pour les connais­sances scien­ti­fiques et la culture fran­çaise. Le fait d’a­voir une double culture fran­co-viet­na­mienne est un atout pour bien s’in­tè­grer dans la vie après l’X. Ils trouvent sans dif­fi­cul­té des stages de fin d’é­tudes ou des postes dans les grands groupes fran­çais. Pous­sés par l’am­bi­tion, cer­tains d’entre eux vont même faire des stages ou tra­vailler dans des entre­prises à l’é­tran­ger comme aux États-Unis, au Japon et en Angle­terre. Cer­tains autres conti­nuent des thèses aux États-Unis et en Angle­terre après avoir fait une école d’in­gé­nieurs fran­çaise. Tout cela a pour but de leur don­ner des com­plé­men­ta­ri­tés à ce qu’ils ont appris en France.

S’il y a envi­ron une dizaine d’é­lèves viet­na­miens pour chaque pro­mo­tion, dans trois ans il y aura près de 150 poly­tech­ni­ciens viet­na­miens. Ils tra­vaille­ront dans tous les domaines, de la télé­com­mu­ni­ca­tion à l’aé­ro­spa­tiale, de l’in­dus­trie auto­mo­bile à celle du pétrole, de la finance d’en­tre­prises à la science éco­no­mique et bien sûr dans des domaines des recherches scien­ti­fiques, sur­tout en mathé­ma­tique et phy­sique. Bien com­prendre leur culture asia­tique, avoir une bonne connais­sance de la culture occi­den­tale sont deux carac­tères » de fac­to « , sans pré­ju­dice des solides connais­sances tech­niques qu’ils pos­sèdent. Ouverts à des nou­veaux mondes, prêts à prendre en main des dis­cus­sions avec leurs par­te­naires, ces anciens élèves de l’É­cole joue­ront un rôle impor­tant dans le déve­lop­pe­ment du Viêtnam.

Ain­si la devise de l’É­cole : » Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire « , ini­tia­le­ment fran­çaise, gui­de­ra désor­mais les poly­tech­ni­ciens viet­na­miens dans leur che­min de vie.

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