« Participer au rayonnement actuel de l’École en faisant connaître l’histoire des polytechniciens »
La Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique regroupe 160 membres de tous âges, imprégnés de l’histoire de l’École. Son président, Alexandre Moatti, anime avec passion cette société savante afin de mettre en valeur les archives de la Bibliothèque et l’histoire de Polytechnique et des polytechniciens à travers les âges.
Le patrimoine n’a jamais été autant d’actualité, constate Alexandre Moatti, qui s’efforce, avec quelques autres camarades qui comme lui ont l’histoire de l’X chevillée au corps, de mieux faire connaître ce que notre École a apporté à l’histoire. Il cite volontiers quelques grands savants du XIXe siècle, l’âge d’or de la science française (page 69), tels qu’Arago, Biot, Coriolis, Fresnel, Gay-Lussac, Lamé, Liouville, Poncelet, Sadi Carnot (entre autres !), mais aussi des saint-simoniens comme « le Père Enfantin », Michel Chevalier ou Paulin Talabot, l’un des premiers chefs d’entreprise de l’ère industrielle. Tous ont contribué au rayonnement de l’École et les faire vivre, c’est participer de nos jours à ce rayonnement. Créée en 1986 par Emmanuel Grison (37), la Société des amis de la bibliothèque de l’X a récemment ajouté à sa raison sociale : et de l’histoire.
Un bulletin régulier et des visites de bibliothèques
Le Bulletin n° 43 (mai 2009),intitulé « Officiers polytechniciens ». |
Les 160 membres de cette société savante, polytechniciens ou non, versent une cotisation de 35 euros par an – cotisation largement amortie : les membres reçoivent le Bulletin et participent aux visites régulières dans des bibliothèques, lieux cachés et discrets à découvrir, comme celles de l’Arsenal, de l’Institut de France ou de l’Observatoire de Paris (le premier poste d’Arago, X 1803, était bibliothécaire à l’Observatoire…). Ils peuvent aussi emprunter des ouvrages à la bibliothèque de l’École.
Le Bulletin du printemps dernier (mai 2009) était consacré à des « Officiers polytechniciens », dont le général André (X 1857), resté célèbre pour l’organisation des cérémonies du centenaire de l’École en 1894 et « l’affaire des fiches » lorsqu’il était ministre de la Guerre en 1901. Dans ce Bulletin a aussi été réimprimé le discours du général de Gaulle, nouveau président de la République, lors de sa visite rue Descartes, le 9 juin 1959 (ce discours est disponible sur le blog www.sabix.info).
Une conférence annuelle réunit les membres, en 2007 autour de Catherine Lucet (79), PDG de Nathan, sur le thème de l’édition de livres scolaires, en 2008 autour d’Olivier Dard (université de Metz), à propos du groupe X‑Crise dans les années 1930.
Mais la SABIX a aussi une action institutionnelle avec l’École, l’AX, la FX, et a lancé des programmes de numérisation patrimoniale avec elles, et avec le soutien du ministère de la Culture et de l’Agence nationale de la recherche.
Fonds Monge et Gay-Lussac
La Sabix est maître d’ouvrage d’un projet, baptisé Numix (http://numix. sabix.org), qui consiste à mettre à la disposition des chercheurs et du public intéressé les écrits scientifiques de Monge et Gay-Lussac. Les carnets de laboratoire de Gay- Lussac fourmillent de curiosités, de A comme arsenic à Z comme zinc ; ils montrent une démarche scientifique en action. Concernant Monge, le fonds avait été acquis par la Sabix grâce à une dotation de l’AX obtenue par l’action de Christian Marbach : il était normal qu’en retour la Sabix fît connaître aux camarades – et aux internautes – ce fonds, en le numérisant et le mettant en ligne. Le projet Numix est soutenu par le ministère de la Culture dans le cadre du Programme national de numérisation de 2007.
Site Numix, carnets de Gay-Lussac. Ceux qui le souhaitent peuvent participer au programme de transcription des carnets manuscrits de Gay-Lussac en s’inscrivant à contact@sabix.org
La Sabix est par ailleurs partenaire, grâce à la Fondation de l’École polytechnique, du site BibNum , mené par le Centre de ressources et d’information multimédia de l’enseignement supérieur (CERIMES) (voir page 69). Jean-Louis Basdevant, professeur honoraire de physique à l’École polytechnique, préside le Conseil scientifique de ce projet.
Trouver et acquérir les archives
300 000 documents
La Bibliothèque centrale de l’École polytechnique a été instituée par le décret du 6 frimaire an III (26 novembre 1794). Elle possède aujourd’hui un fonds documentaire pluridisciplinaire de 300000 documents dont 2100 titres de périodiques. Sont disponibles en libre accès 50 000 monographies et quinze années de périodiques. La Bibliothèque propose également des ressources historiques : ouvrages anciens, collection muséographique, archives historiques, scientifiques et administratives de l’École.
Enfin, la Sabix s’efforce de mieux faire connaître ses archives et d’en acquérir d’autres. En 2008, malgré des fonds importants rassemblés auprès de l’AX, de la FX et du ministère de la Défense, nous n’avons pu acheter des documents d’Henri Poincaré sur le problème des trois corps, regrette Alexandre Moatti. Ils ont été acquis par une entité privée – une sorte de cercle d’investisseurs –, et sont peu accessibles aux chercheurs, ce qui est dommage. Mais nous restons vigilants sur de nombreuses autres ventes aux enchères ou catalogues de livres anciens. Nous venons d’acheter un carnet de Gaston de Rocquemaurel (X 1823) – qui sera navigateur sur l’Astrolabe de Dumont d’Urville : ce sont des notes et croquis pris pendant le cours d’Ampère à l’École, particulièrement précieux puisque le texte original de ce cours n’existe plus.