Paul Avenas (38) 1918–2000
Né en Avignon alors que se terminait la Grande Guerre, Paul Avenas a baigné dès l’enfance dans le monde cheminot, élevé aux abords du dépôt des machines à vapeur sur lesquelles son père était mécanicien.
Brillant élève, il rejoindra la taupe du lycée de Marseille qui le conduira à l’X juste avant le déclenchement des hostilités de la Deuxième Guerre mondiale. Après une scolarité en partie transférée sur Lyon, c’est en officier » sapeur télégraphiste » qu’il servira pendant cette période de conflit, avant de rejoindre le corps des Ponts et Chaussées.
Les travaux de reconstruction battent alors leur plein, ses premières fonctions au Service central d’études techniques du ministère des Travaux publics le plongent dès sa sortie de l’école des Ponts dans les études de réparation ou de reconstruction de nombreux ouvrages d’art.
Ces quelques années consacrées à de grands ouvrages auront marqué le début de sa carrière professionnelle et l’on peut y voir les prémices de son activité de bâtisseur qu’il poursuivra jusqu’à sa retraite.
Le chemin de fer avait beaucoup souffert des combats, et c’est tout naturellement sur le réseau PLM de son enfance, devenu entre-temps un secteur du réseau SNCF, que Paul Avenas prendra ses premières fonctions à la SNCF en 1949.
À Clermont-Ferrand d’abord, à Lyon ensuite, il se consacrera à la reconstruction, puis à la modernisation de ce réseau essentiel au redressement du pays.
Cette période des années cinquante lui aura permis de marquer de son empreinte de très nombreux chantiers avec en point d’orgue la modernisation et l’électrification de la ligne Paris-Lyon dont il assumera directement la responsabilité. Nombreux dans son entourage l’auront entendu puiser dans les chantiers de cette époque ses références personnelles, tant ils lui auront permis d’y maîtriser les techniques très diverses qui font la complexité du chemin de fer.
Ses connaissances encyclopédiques de la voie ferrée feront de lui quelques années plus tard un chef du Service voie et bâtiment du réseau Sud-Est aussi compétent dans le domaine des ouvrages d’art, chers à son début de carrière, que dans ceux des courants forts et de la signalisation ferroviaire, sans oublier les télécommunications où il y retrouvera l’usage de la fameuse équation des télégraphistes qu’il avait découverte pendant son service militaire.
S’éloignant quelque peu des métiers de la voie, il élargit son champ d’action à ceux de l’exploitation en prenant en 1970 les fonctions de chef du Service de l’exploitation du réseau Sud-Est. Mais c’est en 1972, au moment où la SNCF modifie son organisation en régionalisant ses structures, qu’il prendra en main le projet qu’il allait devoir mener jusqu’à son terme en 1984 : la construction de la première ligne à grande vitesse entre Paris et Lyon.
Qui, mieux que Paul Avenas, aurait alors pu prendre en charge ce projet novateur ?
Ses connaissances universelles des techniques ferroviaires, son bon sens » paysan » pour faire le tri entre l’utile et le superflu, son goût pour la chose juridique, fondamentale pour la réalisation d’un ouvrage public de 400 kilomètres, enfin son sens du dialogue et du contact, qui faisait merveille aussi bien devant le député-maire d’une grande ville que face aux éleveurs du Charolais, ont trouvé pendant ces dix années maintes occasions de s’exprimer.
Pour avoir vécu toute cette période à ses côtés, je me dois aussi de témoigner des qualités humaines qui accompagnaient son action en toutes circonstances.
Pour sa famille en premier lieu pour laquelle il a toujours été un père attentif ; pour l’équipe de cheminots qui l’entourait ensuite : une seconde famille dont il connaissait bien tous les membres, toujours à l’écoute des soucis de chacun ; pour son action quotidienne enfin, où les problèmes humains n’étaient jamais relégués au second plan.
Fort de ses atouts personnels et de la confiance qu’il a su créer dans son équipe, il conduira ce grand projet avec une maîtrise reconnue de la qualité technique de l’ouvrage, des délais et des coûts. Sans ce succès à la fois technique et commercial de cette première ligne à grande vitesse, nous n’aurions sans doute pas connu un tel développement du réseau TGV en France, et même en Europe. Le Chemin de Fer lui doit beaucoup.
Paul Avenas nous a quittés en octobre 2000.
Il laissera à tous les siens, ainsi qu’à tous ceux qui ont été proches de lui dans sa vie professionnelle, le souvenir d’un grand ingénieur, d’un humaniste, d’un ami.