Paul-Henri Bourrelier © Collections École polytechnique (Palaiseau) / Paul Darby (photographe). Devant le Lac Cornu (Chamonix)

Paul-Henri Bourrelier (X52) spécialiste des mines et des risques naturels

Dossier : TrajectoiresMagazine N°801 Janvier 2025
Par Robert DIETHRICH (X61)

Décé­dé le 15 sep­tembre 2024, Paul-Hen­ri Bour­re­lier a diri­gé pen­dant dix ans le BRGM, dont il a fait un outil majeur de la poli­tique minière fran­çaise, avant de deve­nir un expert des risques natu­rels et de la pro­tec­tion de la planète.

Paul-Hen­ri Bour­re­lier est né le 11 jan­vier 1932 à Paris. Son père édite des livres pour la jeu­nesse et sa mère est une des pre­mières femmes ingé­nieures. Après des études à Paris, il entre à l’X puis au corps des Mines.

Il entame son par­cours pro­fes­sion­nel en occu­pant diverses res­ponsabilités dans les ser­vices des Mines de Béthune (Nord) et de Stras­bourg, puis au minis­tère de l’Industrie. C’est là que j’ai connu Paul-Hen­ri Bour­re­lier et tra­vaillé auprès de lui. Il était le patron du pres­ti­gieux ser­vice Géo­lo­gie, mines, métaux et maté­riaux (G3M) et connais­sait très bien les entre­prises du sec­teur, dont de grandes socié­tés fran­çaises. Nous les avons aidées dans leurs stra­té­gies et défen­dues contre leurs concur­rents des pays déve­lop­pés. Il m’a envoyé aux États-Unis pour étu­dier les stocks stra­té­giques consti­tués pen­dant la guerre froide. Nous en avons fait déci­der le prin­cipe par le gou­ver­ne­ment fran­çais et nous avons com­men­cé à consti­tuer des stocks de métaux indis­pen­sables à cer­taines fabri­ca­tions (argent, pla­tine, cuivre, etc.).

Paul-Hen­ri Bour­re­lier s’est aus­si impli­qué à fond dans la stra­té­gie de l’exploitation du nickel de Nou­velle-Calé­do­nie, face aux concur­rents cana­diens, amé­ri­cains et japo­nais prêts à s’approprier ces gise­ments très riches. Il y a mon­tré sa hau­teur de vue et son sens poli­tique, au point de faire de l’ombre à quelques ministres parisiens.

À la tête du BRGM

Paul-Hen­ri Bour­re­lier a été nom­mé en 1974 direc­teur géné­ral du Bureau de recherches géo­lo­giques et minières (BRGM). Je l’ai rejoint en 1977 pour appli­quer la stra­té­gie d’investissements miniers que le gou­ver­ne­ment Barre venait d’autoriser. Il y a mon­tré ses qua­li­tés humaines dans la conduite d’un orga­nisme public, ven­deur de ser­vices et déve­lop­peur-inves­tis­seur, en forte crois­sance jusqu’à atteindre plus de 3 000 agents publics et plus de 7 000 employés locaux en incluant ses filiales pri­vées. Négo­cia­teur ferme dans les rela­tions avec les par­te­naires ou clients à tra­vers tous les conti­nents, il a tou­jours sou­te­nu ses collaborateurs.

Après huit ans comme pré­sident des Houillères du Centre et du Midi (1984−1992), il achève son par­cours profes­sionnel avec des mis­sions d’expertise dans des domaines aus­si variés que les matières pre­mières, le trai­te­ment et recy­clage des déchets, les éco­no­mies d’énergie, les risques natu­rels, sujets sur les­quels il publie plu­sieurs ouvrages, seul ou en col­la­bo­ra­tion. Ain­si nous avons écrit ensemble un livre inti­tu­lé Le mobile et la pla­nète ou l’enjeu des res­sources natu­relles, qui a été dis­tri­bué par le pré­sident Mit­ter­rand aux par­ti­ci­pants du col­loque Pla­nète Terre en juin 1989. La plu­part des conclu­sions de ce livre sont encore valables, même si elles sont en contra­dic­tion avec le catas­tro­phisme ambiant que nos médias adorent.

Le goût de la culture

Homme de culture, lec­teur infa­ti­gable et curieux de tout, Paul-Hen­ri Bour­re­lier se pas­sionne pour l’histoire de la famille de son épouse, Bri­gitte Bloch, petite-fille d’Alexandre Natan­son, le fon­da­teur de La Revue blanche. Il devient un spé­cia­liste recon­nu des mondes artis­tique, lit­té­raire et poli­tique fran­çais de la fin du XIXe siècle, dont il met en lumière les connexions et les cor­res­pon­dances, fidèle en cela à sa volon­té constante de créer du lien et de faire tom­ber les bar­rières. Il publie La Revue blanche, une géné­ra­tion dans l’engagement 1890–1905 (2007), puis La belle époque et son héri­tage (2020), et se consacre aus­si à la trans­mis­sion en orga­ni­sant des expo­si­tions et des confé­rences, notam­ment auprès des jeunes publics. Avec Bri­gitte Bloch qu’il épouse en 1957, il a trois enfants et huit petits-enfants. Ils ont en par­tage l’amour de la nature, des mon­tagnes et des voyages, notam­ment dans la val­lée de Chamonix.

Poster un commentaire