Paul-Henri Bourrelier (X52) spécialiste des mines et des risques naturels
Décédé le 15 septembre 2024, Paul-Henri Bourrelier a dirigé pendant dix ans le BRGM, dont il a fait un outil majeur de la politique minière française, avant de devenir un expert des risques naturels et de la protection de la planète.
Paul-Henri Bourrelier est né le 11 janvier 1932 à Paris. Son père édite des livres pour la jeunesse et sa mère est une des premières femmes ingénieures. Après des études à Paris, il entre à l’X puis au corps des Mines.
Il entame son parcours professionnel en occupant diverses responsabilités dans les services des Mines de Béthune (Nord) et de Strasbourg, puis au ministère de l’Industrie. C’est là que j’ai connu Paul-Henri Bourrelier et travaillé auprès de lui. Il était le patron du prestigieux service Géologie, mines, métaux et matériaux (G3M) et connaissait très bien les entreprises du secteur, dont de grandes sociétés françaises. Nous les avons aidées dans leurs stratégies et défendues contre leurs concurrents des pays développés. Il m’a envoyé aux États-Unis pour étudier les stocks stratégiques constitués pendant la guerre froide. Nous en avons fait décider le principe par le gouvernement français et nous avons commencé à constituer des stocks de métaux indispensables à certaines fabrications (argent, platine, cuivre, etc.).
Paul-Henri Bourrelier s’est aussi impliqué à fond dans la stratégie de l’exploitation du nickel de Nouvelle-Calédonie, face aux concurrents canadiens, américains et japonais prêts à s’approprier ces gisements très riches. Il y a montré sa hauteur de vue et son sens politique, au point de faire de l’ombre à quelques ministres parisiens.
À la tête du BRGM
Paul-Henri Bourrelier a été nommé en 1974 directeur général du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Je l’ai rejoint en 1977 pour appliquer la stratégie d’investissements miniers que le gouvernement Barre venait d’autoriser. Il y a montré ses qualités humaines dans la conduite d’un organisme public, vendeur de services et développeur-investisseur, en forte croissance jusqu’à atteindre plus de 3 000 agents publics et plus de 7 000 employés locaux en incluant ses filiales privées. Négociateur ferme dans les relations avec les partenaires ou clients à travers tous les continents, il a toujours soutenu ses collaborateurs.
Après huit ans comme président des Houillères du Centre et du Midi (1984−1992), il achève son parcours professionnel avec des missions d’expertise dans des domaines aussi variés que les matières premières, le traitement et recyclage des déchets, les économies d’énergie, les risques naturels, sujets sur lesquels il publie plusieurs ouvrages, seul ou en collaboration. Ainsi nous avons écrit ensemble un livre intitulé Le mobile et la planète ou l’enjeu des ressources naturelles, qui a été distribué par le président Mitterrand aux participants du colloque Planète Terre en juin 1989. La plupart des conclusions de ce livre sont encore valables, même si elles sont en contradiction avec le catastrophisme ambiant que nos médias adorent.
Le goût de la culture
Homme de culture, lecteur infatigable et curieux de tout, Paul-Henri Bourrelier se passionne pour l’histoire de la famille de son épouse, Brigitte Bloch, petite-fille d’Alexandre Natanson, le fondateur de La Revue blanche. Il devient un spécialiste reconnu des mondes artistique, littéraire et politique français de la fin du XIXe siècle, dont il met en lumière les connexions et les correspondances, fidèle en cela à sa volonté constante de créer du lien et de faire tomber les barrières. Il publie La Revue blanche, une génération dans l’engagement 1890–1905 (2007), puis La belle époque et son héritage (2020), et se consacre aussi à la transmission en organisant des expositions et des conférences, notamment auprès des jeunes publics. Avec Brigitte Bloch qu’il épouse en 1957, il a trois enfants et huit petits-enfants. Ils ont en partage l’amour de la nature, des montagnes et des voyages, notamment dans la vallée de Chamonix.