Peau vive
Notre camarade Gérald Tenenbaum (72) est mathématicien, professeur à l’Institut Élie Cartan Nancy, reconnu pour ses travaux dans les domaines de la théorie des nombres et de l’analyse.
Mais, et c’est remarquable, Gérald Tenenbaum mène en parallèle une carrière littéraire. Publié depuis 2002 (Rendez-vous au bord d’une ombre), il publie cette année son 7e roman : Peau vive.
Extrait du blog Lily et ses livres d’Anne Cloitre :
« Biologiste à l’INSERM, Ève a trente-sept ans. Elle vit seule sans pouvoir toucher ni être touchée. Il y a bien André, l’ami d’enfance, qui l’attend, amoureux, mais pour combien de temps ?
Peau vive est une histoire de chair et d’incarnation. Comment entrer dans sa propre vie quand tout un pan du passé vous l’interdit ? Les non-dits familiaux se passent de mots pour devenir des maux qui se transmettent.
Yankel son père qu’on appelle Jean, résistant dès le plus jeune âge et dont les parents ne sont pas revenus, est quitté par sa femme sur ces paroles qui pèseront lourd :
– Ces blessures-là ne se referment pas… Du sang qui part en fumée, je ne sais pas faire. Vous, vous êtes sa chair, c’est différent. Vous saurez peut-être… Oui, vous saurez, forcément.
Et c’est paradoxalement par la force et dans le feu qu’Ève va trouver une deuxième chance. En retard à la séance du film La Dernière Tentation du Christ, elle s’installe dans une salle voisine mais n’échappe pas à l’attentat et à l’incendie qui la laissent inanimée.
Sauvée par ce passant, ombre récurrente du livre, elle sombre dans le coma. À son réveil, elle décide d’aller de l’autre côté du mur de Berlin…
Ève, quasi brûlée vive, garde l’espoir de retrouver le sens, le goût, une alliance avec la vie, symbolisée par ces trois petits grains de beauté tissés sur sa peau, un minuscule triangle qu’elle porte sur le bras. Ces trois grains de mémoire qu’elle emporte partout sont comme les cailloux du conte ou ceux qu’on pose sur les tombes…
Et l’ange gardien à l’écharpe rouge de traverser son existence une nouvelle fois comme par hasard au milieu du chaos.
Quant à la filiation de l’engagement, l’héritage impossible à assumer, le sujet n’avait à son goût été qu’effleuré…
En franchissant le mur, Ève affronte sans armure ce qui la maintenait hors du monde. Il y aura bien derrière le mur un rendez-vous.
Chaque roman de Gérald Tenenbaum est empreint de son amour des mots et de la poésie, tout résonne et prend sens, les fils tissés serrés entre mémoire, filiation et ouverture aux autres et à la vie. »