Penser la diversité du monde
Penser la diversité du monde, le nouveau livre de Philippe d’Iribarne, traite avec profondeur et clarté d’un sujet très difficile : qu’est-ce que la culture ?
En s’appuyant sur les résultats de ses recherches multiculturelles, il ouvre une nouvelle voie de compréhension de « la manière dont, de la façon à la fois générale dans son principe et pourtant singulière, les hommes s’y prennent pour vivre ensemble ».
Lorsque les hommes évoquent leurs relations à leurs congénères, une forme de péril est sans cesse présente en filigrane. Et ce péril change du tout au tout suivant les lieux. « Ainsi, aux États-Unis, il s’agit de perdre le contrôle de son destin, en France de plier, par peur ou par intérêt, devant qui peut vous nuire ou vous octroyer ses faveurs, en Inde de se rendre impur. » Partout aussi, la manière dont les individus se mettent en scène et agissent est marquée par le souci extrême de conjurer ce péril. Et il en est de même de la façon dont la vie en société est organisée.
Ainsi, « en France, le rôle joué par les devoirs inhérents à la place qu’on occupe dans la société, la protection du statut, une haute conception du métier aident chacun à avoir le sentiment que ni l’intérêt ni la peur ne l’amènent à plier devant la volonté d’un plus fort. » Même là où les droits de l’homme prévalent depuis longtemps, la manière dont est compris l’idéal de liberté est marquée dans chaque société par le souci de conjurer la peur fondamentale qui y prévaut.
La phrase pour moi peut-être la plus porteuse de l’intuition centrale du livre est celle-ci : « En mettant l’accent sur la dimension cognitive de la culture, on tend à gommer ce qui est peut-être l’essentiel : une manière de construire un univers enchanté où une sorte de salut imaginaire permet d’échapper à un péril qui ne l’est guère moins, et de gérer ainsi l’angoisse fondamentale des humains jetés dans un monde qui les dépasse. »
Penser la diversité du monde est un très beau livre !